notre passé A un bel avenir devant lui

Nous sommes encore quelques-uns à être nés dans un pays où la révolution industrielle n’avait pas encore achevé de dépeupler les campagnes au profit des grandes villes, comme c’est le cas aujourd’hui.
Beaucoup de ceux qui y vivaient n’avaient jamais franchi les limites de leur commune, si ce n’est les hommes pour accomplir leur service militaire.
Le désir commun de découvrir de nouveaux horizons ne pouvait être satisfait que par les classes favorisées par la fortune et la culture ou par des caractères particulièrement aventuriers : des Salomon de Brosse ou des Bougainville !

Depuis la fin du siècle dernier, nous sommes entrés dans un nouveau monde qui a aboli toutes les notions du temps et de l’espace qui étaient celles de l’humanité depuis toujours. Désormais il n’y a plus aucun point de notre planète qui ne nous soit pas accessible en quelques heures et plus aucune personne, où qu’elle soit, à qui nous ne puissions parler et que nous ne puissions voir comme et quand nous voulons.
Une remarquable augmentation du niveau de vie a donné au plus grand nombre une possibilité d’en profiter, et avec elle l’envie de partir découvrir les sept merveilles du monde. Au point même que l’on parle aujourd’hui de surtourisme, qui menace les sites les plus prestigieux du monde – de la vallée des Rois au Taj Mahal, et de celui-ci à Notre-Dame de Paris ou à la grotte de Lascaux – au point d’avoir dû en limiter les accès.

Avec la révolution informatique qui ne fait que commencer vont changer toutes nos manières de vivre. Elle va permettre en particulier de réinvestir le monde rural. Celui-ci séduit d’abord par la qualité de vie qu’il offre, permettant de combiner travail et loisirs. Mais ce sont la beauté de ses paysages, de ses monuments et la profondeur de son histoire qui nous y attacheront toujours davantage.
Cela explique sans doute qu’un nouveau rapport au patrimoine s’amorce en découvrant la richesse et la diversité incomparable du patrimoine de notre pays. Patrimoine dont on a souvent appris à connaître et admirer uniquement les ouvrages d’exception.

La France offre une diversité de paysages de mer, de montagne et de plaine, comme nul autre pays ; et en même temps chacune de ses régions au peuplement et aux cultures différentes nous présente sans cesse des modes de construire et des styles multiples. Ce sont autant de sites, de châteaux, de maisons, de moulins ou de lavoirs, de chapelles et d’oratoires, de croix de carrefour et, bien sûr, d’églises au centre du village, souvent riches de trésors méconnus que nous devons protéger, faire connaître et faire aimer. Tout cela pour qu’il fasse toujours davantage bon pour les Français de vivre en France, mais aussi pour contribuer au rayonnement de notre pays grâce au tourisme de proximité auquel il faut maintenant inviter nos visiteurs étrangers.

Ce rapport a pour objet de rendre compte de ce que La Sauvegarde de l’Art Français a fait pour cela en 2024. Puisse-t-il convaincre de l’utilité et de l’efficacité de son action, et
qu’ainsi toujours plus d’amis y participent avec elle.

Olivier de Rohan Chabot

« Dis-moi, n’as-tu pas observé en te

promenant dans cette ville que d’entre

les édifices dont elle est peuplée, les uns

sont muets, les autres parlent, et d’autres

enfin, qui sont plus rares, chantent. »
Eupalinos ou l’architecte, Paul Valéry