Patrimoine hospitalier : Un nouveau prix pour lui redonner vie
Issu du partenariat entre la Fondation Française de l’Ordre de Malte et La Sauvegarde de l’Art Français, ce prix accompagne des projets ambitieux de restauration du patrimoine hospitalier religieux.
Le 17 septembre, au sein de la bibliothèque de La Sauvegarde, le jury du Prix de la Fondation Française de l’Ordre de Malte s’est retrouvé pour examiner les candidatures de cette première édition. Animés par la volonté de préserver et faire rayonner le patrimoine hospitalier religieux, Alice Capron Valat, Jean-Pierre Mazery, Jean-Marie Decazes, Jean-François de Canchy, Olivier de Rohan Chabot et Franck Ferrand ont délibéré avec passion.
Échanges du jury lors de la première édition du Prix de la Fondation Française de l’Ordre de MalteBibliothèque de La Sauvegarde de l’Art Français
Une mission commune : protéger un héritage unique
Doté de 20 000 €, ce Prix accompagne des initiatives remarquables de restauration du patrimoine hospitalier religieux accessible au public, ainsi que du patrimoine religieux de l’Ordre de Malte, incluant églises, chapelles et oratoires. Il vise à valoriser des sites chargés d’histoire, tout en leur assurant un avenir au service de la société et des malades.
Réunissant des experts des mondes médical, culturel et architectural, de même que des représentants des deux fondations, le jury a tiré parti de ses regards croisés et complémentaires. Les échanges ont été intenses et enrichissants, les participants se déclarant profondément touchés par la singularité des projets présentés.
Patrimoine et histoire : la voix de Franck Ferrand
Franck Ferrand, écrivain, historien et animateur, présent lors des délibérations, a souligné la valeur exceptionnelle de ces lieux hospitaliers, trop souvent méconnus, ainsi que la nécessité de les restaurer.

La Sauvegarde : Quels sont vos liens avec La Sauvegarde de l’Art Français ?
Franck Ferrand : Mes liens avec La Sauvegarde passent d’abord par des liens d’affection et de proximité avec son président puisqu’Olivier de Rohan Chabot est un ami de très longue date. Je me rappelle très bien la toute première fois que je suis venu dans ces locaux. C’était il y a un quart de siècle maintenant. Il m’a dit : « Venez nous voir à La Sauvegarde ! » Je n’ai eu qu’à traverser la rue puisque j’habitais rue de Douai, juste de l’autre côté. Ça n’a pas été un trop long voyage. J’ai été impressionné par tout le travail qui avait été fait ici. Ce qui m’a le plus frappé, c’est la jeunesse de cette équipe extrêmement active qui ne manque quasiment aucune des souffrances, aucune des misères, aucune des difficultés que peut traverser le patrimoine religieux en France.
La Sauvegarde : Qu’est-ce qui vous touche dans le patrimoine hospitalier ?
F. F. : […] Dans le cadre général du patrimoine religieux, il y a un domaine qui n’est presque jamais traité : celui des chapelles d’hôpitaux. Je trouve que ce sont des endroits extrêmement importants et poignants, en raison de la mémoire qu’ils mobilisent et dont ils sont imprégnés. Vous imaginez toutes les prières qui se sont élevées de ces chapelles d’hôpitaux. Vous imaginez toutes les souffrances – et aussi tous les grands réconforts – qui ont eu ces lieux-là pour cadre. Je trouve cela absolument magnifique et puis ça n’est pas seulement de la mémoire et du patrimoine. C’est aussi de manière très active un lieu de réconfort, un lieu de recueillement, un lieu de sérénité, dont ont besoin les établissements hospitaliers et qu’ils ont tendance, pour beaucoup d’entre eux, à oublier.
La Sauvegarde : En tant que passionné d’histoire, quel regard portez-vous sur l’importance de ce Prix dans la mise en valeur du patrimoine hospitalier ?
F. F. : Je pense que le patrimoine et l’histoire – de même que le patrimoine, l’histoire et la mémoire – sont des notions liées, connexes. Il faut d’abord, et avant tout, faire de l’histoire pour entretenir une mémoire. Et cette mémoire s’appuie sur un patrimoine. J’essaie dans la mesure du possible – même si, par rapport à mon ami Stéphane Bern, je suis, par ailleurs, moins impliqué – d’apporter ma petite pierre à l’édifice, malheureusement en grande difficulté. Les fissures, les lézardes, les éboulements sont de plus en plus fréquents et de plus en plus nombreux dans un patrimoine que nous avons du mal à entretenir. C’est un manteau qui devient un peu grand pour la petite chose qui nous sommes devenus. Je pense qu’il faut savoir, et ça c’est aussi mon rôle, motiver les gens eux-mêmes.
Les institutions se désinvestissent, les crédits ne sont plus ce qu’ils étaient, la quantité des demandes devient presque étouffante. Ce qu’il faut peut-être, c’est que les gens se retroussent les manches, que le public lui-même comprenne tout ce qu’il peut faire. De ce point de vue-là, si je peux mettre mes tribunes et mes porte-voix au service d’un certain nombre de bonnes causes, eh bien j’estime que je ne perds pas mon temps.
Un jury de marque pour cette première éditionQui sera récompensé ?
Après plusieurs heures de discussions, le lauréat a été désigné par le jury. Il incarne un projet alliant beauté, mémoire et engagement au service du bien commun, et sera officiellement dévoilé à la fin de l’année 2025. Nous sommes impatients de pouvoir partager cette révélation avec vous très prochainement.

Fondation Française de l’Ordre de Malte
Créée en 1992 et reconnue d’utilité publique en 1994, la Fondation Française de l’Ordre de Malte a pour but, conformément à la tradition de l’Ordre de Malte et dans le respect de sa vocation chrétienne, de diffuser les valeurs de charité et de fraternité. Elle accompagne, sans distinction de religion ou d’origine, des actions en faveur des plus faibles et des plus démunis, en France et dans le monde. Les biens et les dons recueillis contribuent principalement à financer des projets médico-hospitaliers conduits par l’association Ordre de Malte France. La Fondation Française de l’Ordre de Malte a également une mission de protection du patrimoine culturel et historique lié à la chrétienté ou à l’Ordre de Malte.
Prix de la Fondation Française de l’Ordre de Malte
Soutenir le patrimoine hospitalier religieux en France