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Chapelle de Bavalan. Le lieudit Bavalan est situé au sud-est de la commune d’Ambon et au sud de Muzillac, au débouché de la rivière de Saint-Éloi[1].

Caractéristiques architecturales

La sablière nord porte une inscription nous livrant l’identité du constructeur (ou restaurateur) de la chapelle, Amaury de Bazvalan, et une date, 1466.

Petit édifice de plan rectangulaire (10,30 m de long pour environ 6,70 de large et 4 de haut jusqu’à l’arase des élévations nord et sud), la chapelle de Bavalan est construite en moellons de granit non assisés.

L’élévation nord présente deux ouvertures en anse de panier accolées : une porte étroite et haute, et une baie large conservant un cadre intérieur en bois. À l’extérieur, de part et d’autre de ces baies, apparaissent les traces de murs disparus : s’agit-il de l’ancienne communication avec le logis seigneurial ou d’un oratoire avec hagioscope ?[2]

La charpente en châtaignier, en carène renversée aux entraits surélevés, non lambrissée, date de l’origine de la construction. Elle s’appuie sur des sablières moulurées et sculptées. Des blochets, il ne reste que celui de l’extrémité orientale de la sablière nord, qui présente une tête d’homme coiffée d’un bonnet plat. La sablière sud porte l’écu d’une famille alliée, celle des Malestroit.

Un sous-sol, peut-être utilisé pour le culte, est desservi par un petit escalier s’ouvrant sur la façade occidentale. Une niche (crédence ou simple placard), présentant des traces peintes et des graffiti de navires, est ménagée à gauche de l’entrée.

Enfin, les élévations intérieures enduites à la chaux ainsi que les encadrements des baies en tuffeau sont couvertes de graffiti : ceux-ci représentent, en très grande majorité, des navires de toutes tailles et de tous types, mais également d’autres motifs tels que croix, oiseaux, étoiles et signes géométriques, probablement symboliques, parfois regroupés en longs cartouches rectangulaires. S’agissant des graffiti maritimes, un premier relevé non exhaustif en a comptabilisé près de cent cinquante. La forme des grands vaisseaux et leur grande diversité typologique (vaisseaux de guerre ou de commerce armés, aux rangées de canons très nettement marquées ; petites embarcations servant au cabotage ou à la pêche…) est caractéristique des représentations de la seconde moitié du XVIIe s. et du XVIIIe s. réalisées sur les côtes du Ponant. La paroisse d’Ambon a connu, en effet, une période très prospère au XVIIe s., grâce à un commerce de cabotage dans le golfe de Gascogne et à une grande activité de pêche. La chapelle elle-même est située en bordure de mer.

La présence de ces graffiti dans un édifice de culte permet de proposer une signification votive, même si, en l’état actuel des recherches, aucune preuve historique ne vient conforter cette hypothèse. La raison votive suppose l’ouverture de la chapelle à la population et, en règle générale, l’attribution d’un vocable, or aucune dédicace n’est connue à ce jour. Cette explication semble néanmoins plus réaliste que celle de graffiti exécutés par des prisonniers de guerre anglais, selon une hypothèse fondée sur le souvenir du blocus de la Vilaine faisant suite à la bataille des Cardinaux (20 novembre 1759). Luc Bucherie, auteur de nombreuses études sur les graffiti de prisonniers, affirme que ceux-ci ont toujours fait apparaître le nom de leur vaisseau d’appartenance ainsi que des dates, ce qui n’est pas le cas ici. Peut-être existe t-il un lien avec les fonctions occupées dans la Marine par les Quifistre de Bavalan.

La Sauvegarde de l’Art Français a attribué un don d’un montant de 35 000 € pour cette opération qui a consisté, dans un premier temps, dans la démolition d’édifices attenants à la chapelle, l’assainissement et le redressement des murs, puis, dans un deuxième temps, dans la dépose et restauration de la charpente, ainsi dans le traitement et l’enduit des maçonneries.

Vincent Barré

Extrait de la synthèse de Martine Nicolas et Hervé Raulet, chargés d’études à la DRAC Bretagne, 13 novembre 2009.

[1] Les archives de l’abbaye des Prières à Billiers, citent Bonabé, chevalier habitant Bazvallen (ou Bazvalan) en 1263. Portant « d’argent à trois fasces de sable », cette famille s’attribue rapidement une place importante auprès des ducs de Bretagne. Jehan II de Bazvalan est ambassadeur de Jean V durant la guerre de succession de Bretagne. En 1387, il est gouverneur du château de l’Hermine à Vannes (…). À l’amorce du XVe s., un nouvel élan est donné à la seigneurie par l’alliance avec la maison de Quifistre (…). En 1503, le domaine est très étendu. Il se compose de cent soixante tenues (…). Jusqu’à la tourmente révolutionnaire, les Quifistre de Bavalan ne cesseront d’agréger d’autres terres à leur domaine (…). À la Restauration, François Joseph Guy de Quifistre de Bavalan, à son retour d’exil, est nommé lientenant-colonel et conseiller général du Morbihan en 1816, puis maire de Vannes en 1828.Cette ascension sociale a eu pour conséquence l’abandon, dès le XVe s., du manoir d’Ambon : gouverneurs et résidents du château de l’Hermine à Vannes, ils demeurent ensuite au château de Trémouhart au nord-ouest de Muzillac, siège de la seigneurie de Quifistre.

[2] Le maître d’œuvre de la restauration de l’édifice a adopté un parti permettant de suggérer l’une ou l’autre de ces possibilités.

 

Chapelle de Bavalan. Le lieudit Bavalan est situé au sud-est de la commune d’Ambon et au sud de Muzillac, au débouché de la rivière de Saint-Éloi[1].

Caractéristiques architecturales

La sablière nord porte une inscription nous livrant l’identité du constructeur (ou restaurateur) de la chapelle, Amaury de Bazvalan, et une date, 1466.

Petit édifice de plan rectangulaire (10,30 m de long pour environ 6,70 de large et 4 de haut jusqu’à l’arase des élévations nord et sud), la chapelle de Bavalan est construite en moellons de granit non assisés.

L’élévation nord présente deux ouvertures en anse de panier accolées : une porte étroite et haute, et une baie large conservant un cadre intérieur en bois. À l’extérieur, de part et d’autre de ces baies, apparaissent les traces de murs disparus : s’agit-il de l’ancienne communication avec le logis seigneurial ou d’un oratoire avec hagioscope ?[2]

La charpente en châtaignier, en carène renversée aux entraits surélevés, non lambrissée, date de l’origine de la construction. Elle s’appuie sur des sablières moulurées et sculptées. Des blochets, il ne reste que celui de l’extrémité orientale de la sablière nord, qui présente une tête d’homme coiffée d’un bonnet plat. La sablière sud porte l’écu d’une famille alliée, celle des Malestroit.

Un sous-sol, peut-être utilisé pour le culte, est desservi par un petit escalier s’ouvrant sur la façade occidentale. Une niche (crédence ou simple placard), présentant des traces peintes et des graffiti de navires, est ménagée à gauche de l’entrée.

Enfin, les élévations intérieures enduites à la chaux ainsi que les encadrements des baies en tuffeau sont couvertes de graffiti : ceux-ci représentent, en très grande majorité, des navires de toutes tailles et de tous types, mais également d’autres motifs tels que croix, oiseaux, étoiles et signes géométriques, probablement symboliques, parfois regroupés en longs cartouches rectangulaires. S’agissant des graffiti maritimes, un premier relevé non exhaustif en a comptabilisé près de cent cinquante. La forme des grands vaisseaux et leur grande diversité typologique (vaisseaux de guerre ou de commerce armés, aux rangées de canons très nettement marquées ; petites embarcations servant au cabotage ou à la pêche…) est caractéristique des représentations de la seconde moitié du XVIIe s. et du XVIIIe s. réalisées sur les côtes du Ponant. La paroisse d’Ambon a connu, en effet, une période très prospère au XVIIe s., grâce à un commerce de cabotage dans le golfe de Gascogne et à une grande activité de pêche. La chapelle elle-même est située en bordure de mer.

La présence de ces graffiti dans un édifice de culte permet de proposer une signification votive, même si, en l’état actuel des recherches, aucune preuve historique ne vient conforter cette hypothèse. La raison votive suppose l’ouverture de la chapelle à la population et, en règle générale, l’attribution d’un vocable, or aucune dédicace n’est connue à ce jour. Cette explication semble néanmoins plus réaliste que celle de graffiti exécutés par des prisonniers de guerre anglais, selon une hypothèse fondée sur le souvenir du blocus de la Vilaine faisant suite à la bataille des Cardinaux (20 novembre 1759). Luc Bucherie, auteur de nombreuses études sur les graffiti de prisonniers, affirme que ceux-ci ont toujours fait apparaître le nom de leur vaisseau d’appartenance ainsi que des dates, ce qui n’est pas le cas ici. Peut-être existe t-il un lien avec les fonctions occupées dans la Marine par les Quifistre de Bavalan.

La Sauvegarde de l’Art Français a attribué un don d’un montant de 35 000 € pour cette opération qui a consisté, dans un premier temps, dans la démolition d’édifices attenants à la chapelle, l’assainissement et le redressement des murs, puis, dans un deuxième temps, dans la dépose et restauration de la charpente, ainsi dans le traitement et l’enduit des maçonneries.

Vincent Barré

Extrait de la synthèse de Martine Nicolas et Hervé Raulet, chargés d’études à la DRAC Bretagne, 13 novembre 2009.

[1] Les archives de l’abbaye des Prières à Billiers, citent Bonabé, chevalier habitant Bazvallen (ou Bazvalan) en 1263. Portant « d’argent à trois fasces de sable », cette famille s’attribue rapidement une place importante auprès des ducs de Bretagne. Jehan II de Bazvalan est ambassadeur de Jean V durant la guerre de succession de Bretagne. En 1387, il est gouverneur du château de l’Hermine à Vannes (…). À l’amorce du XVe s., un nouvel élan est donné à la seigneurie par l’alliance avec la maison de Quifistre (…). En 1503, le domaine est très étendu. Il se compose de cent soixante tenues (…). Jusqu’à la tourmente révolutionnaire, les Quifistre de Bavalan ne cesseront d’agréger d’autres terres à leur domaine (…). À la Restauration, François Joseph Guy de Quifistre de Bavalan, à son retour d’exil, est nommé lientenant-colonel et conseiller général du Morbihan en 1816, puis maire de Vannes en 1828.Cette ascension sociale a eu pour conséquence l’abandon, dès le XVe s., du manoir d’Ambon : gouverneurs et résidents du château de l’Hermine à Vannes, ils demeurent ensuite au château de Trémouhart au nord-ouest de Muzillac, siège de la seigneurie de Quifistre.

[2] Le maître d’œuvre de la restauration de l’édifice a adopté un parti permettant de suggérer l’une ou l’autre de ces possibilités.

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