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Le modeste village de la région des Baronnies offre d’originales particularités géographiques et historiques. Au centre d’une vaste courbe cernée par des montagnes de moyenne altitude, il est perché sur un chicot rocheux.

L’ensemble est drainé par un torrent, l’Ennuyé. Il est souvent appelé Val Bodon, marquant ainsi la forte empreinte de l’abbaye de Bodon, fondée au VP s. dans la proche vallée de l’Eygues par l’ermite saint May. Revendiqué par les diocèses voisins de Die, Gap et Vaison, il échappe à leur emprise en se faisant rattacher à la juridiction épiscopale de Sisteron, cela jusqu’en 1790, ce qui justifie son autre désignation : le Petit Diocèse.

L’église Saint-Étienne, construite au nord-est du village, est mentionnée comme prieuré de l’abbaye de Bodon dès le XIe s., mais de ce premier édifice elle semble n’avoir conservé qu’une belle inscription métrique remployée dans le mur ouest : celle du prêtre Ponce Latil mort le 11 avril 1148.

Au XIIIe s., l’église fait partie intégrante d’un castrum mentionné dès 1216 comme possession de la puissante famille de Mévouillon, cédée le 16 avril 1291 par l’archevêque d’Embrun, Raymond de Mévouillon, à son neveu portant le même nom.

Comme ses voisines du « Petit Diocèse », l’église Saint-Étienne, qui assurait le service paroissial, est simple dans son plan et sa construction. Elle paraît suivre le tracé du rempart dans le prolongement de maisons qui lui sont jointives à l’ouest. Sa nef, unique à l’origine, n’avait aucune ouverture au nord pour se préserver du vent froid descendu du Vercors. Le seul accès à l’intérieur est une large porte percée dans le mur méridional à proximité du chaînage de l’angle sud-ouest. Elle est surmontée d’un arc formé par huit claveaux en pierre calcaire, soigneusement appareillés.

Un clocher-arcade en pierre de taille, construction typique du XVIIe s., s’élève au­ dessus du portail (mais il semble avoir changé récemment d’orientation). Il abrite deux cloches en bronze dont l’une porte une inscription en lettres gothique.

La nef de trois travées est voûtée d’un berceau en plein cintre dont les reins sont soulignés par un cordon de pierre biseauté. Les travées sont délimitées par des arcs doubleaux qui retombent sur des consoles aux profils différents, mais comparables à ceux d’un édifice assez proche, le réfectoire de Saint-André de Rosans dans les Hautes-Alpes.

À Arpavon les murs gouttereaux étaient allégés par des arcs de décharge au tracé légèrement brisé, comme dans l’église voisine de Lemps, datée aussi du XIIIe siècle.

Postérieurement, quatre chapelles latérales voûtées en berceaux brisés transversaux ont été construites et ouvertes sur la nef. L’éclairage indirect de la nef provient maintenant des petites fenêtres quadrangulaires percées au sud dans les murs de ces chapelles. Les traces visibles de ces reprises sont manifestées par les coups de sabre et les jonctions maladroites des massifs de maçonnerie.

À l’est de la nef, l’ensemble du chevet  a  été  reconstruit  au XIXe siècle. La travée de chœur et l’abside semi-circulaire voûtée en cul-de-four datent de 1853, la sacristie, accolée à la chapelle sud-est, de 1855. En 1860, une nouvelle chapelle a été ajoutée au nord-est.

L’intérieur de l’église a reçu alors un intéressant décor peint, pilastres en faux marbre et arcs en trompe-l’œil dans des tonalités vert-amande et or argenté. Cette réalisation est due à un artiste  local qui a aussi décoré dans les Baronnies les églises voisines de Rochebrune et de Bonnevay-Ollon. Les fonts baptismaux, la chaire et un meuble de sacristie sont classés Monuments historiques.

La demande de subvention de cette petite commune concernait des travaux de maçonnerie, charpente et couverture : la Sauvegarde de l’Art français a donné 4 573 € en 2000.

É. C.

Le projet en images