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À en croire un texte du xiie siècle, l’Histoire des évêques du Mans, l’église d’Artins serait la plus ancienne église du diocèse du Mans. Elle aurait été fondée par le premier évêque, saint Julien, dont on fait un successeur direct des Apôtres. Présentée sous cette forme, cette légende est sans fondement ; mais elle cache probablement un fait très réel, la fondation au ive ou au ve siècle d’une église paroissiale dans un lieu desservi par une importante voie romaine et dont plusieurs trouvailles ont montré l’importance à l’époque gallo-romaine. Artins était sur la frontière du diocèse et son éloignement même de la métropole épiscopale justifiait la création d’une succursale baptismale ; cela s’est fait ailleurs, notamment en Berry, comme l’a montré le chanoine de Boismarmin. Un ou plusieurs sondages devraient être faits pour retrouver les restes de la première église et en dessiner le plan. Il suffirait sans doute de pratiquer une tranchée d’est en ouest, vers le milieu de l’édifice. L’abside retrouvée au siècle dernier ne remonte vraisemblablement qu’au viiie ou au ixe siècle. Il conviendrait de la dégager entièrement pour voir si les maçonneries arasées sont des fondations ou des substructions. Le plus important serait de déterminer le niveau primitif de l’abside par rapport aux maçonneries de l’édifice actuel. Les murs goutterots de celui-ci sont d’un petit appareil irrégulier qui se retrouve dans les églises du tout début de l’époque romane de cette région de la France, mais qui peut aussi être un peu plus ancien. Deux croix de pierre ont été placées dans la partie supérieure du mur de façade. L’une est à branches égales et peut ne dater que du Moyen Âge. L’autre présente un disque cantonné de quatre motifs. Sa forme générale rappelle deux sculptures funéraires datant de l’époque mérovingienne : la stèle du musée d’Issoudun et le petit monument funéraire de Brives qui ont été tous deux dessinés par Eugène Hubert dans Le Bas-Berry. Châteauroux et Déols.

Vaste et harmonieux, l’édifice actuel présente deux sujets d’intérêt aux amateurs d’art. Le portail ouest est une œuvre sobre mais d’une qualité exceptionnelle, correspondant à ce que l’art roman a produit de meilleur dans la région. On pénètre donc dans l’église par une entrée plutôt modeste. On n’en est que plus émerveillé par le décor somptueux, presque insolite, et d’une exécution remarquablement précise et élégante qui transforme le mur ouest, à l’intérieur, en une sorte d’immense retable. Cette grande composition en fort relief semble dater du début de la Renaissance. Les emprunts à l’architecture antique sont nombreux, mais les chapiteaux portent encore la marque des habitudes de l’époque médiévale. Des niches très délicatement sculptées abritaient jadis des statues qui ont malheureusement disparu. Ce décor de sanctuaire n’en est pas moins d’une saisissante originalité. Pour contribuer à sa conservation, la Sauvegarde de l’Art français a versé successivement 10 000 F en 1978 et 110 000 F en 1982.

J.H.

Le projet en images