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Au sommet d’une colline argileuse de l’Armagnac, le clocher de l’ÉGLISE D’AVÉRON surprend par ses proportions imposantes. Il ne reste rien du château qui en justifiait la présence et les dimensions. Des fossés faisaient partie du système de défense de cette position dominante. Quant à l’habitat, il est actuellement rare et plutôt dispersé.

L’église est placée sous le vocable de Saint-Laurent, choix que l’on peut mettre en rapport avec l’existence de Laurent dominus d’Avéron en 1085. L’église était à la collation de l’archevêque d’Auch dès le XIVe s. au moins. De l’édifice primitif, on ne sait rien. On ignore s’il eut à souffrir de la guerre de Cent ans. En revanche, une enquête menée en 1546 et 1547 sur les églises d’Armagnac décrit celle d’Avéron comme bien bâtie, voûtée de pierre de taille, avec ses chapelles, son clocher garni de ses cloches. Cette description toujours valable montre que ce monument remonte sans doute au gothique tardif.

L’édifice se compose d’un chœur formé d’une abside à trois pans et d’une travée droite couverte d’une voûte sexpartite, précédée d’une nef de deux travées droites sous voûte quadripartite et d’un clocher ouvert sur la nef. Le chœur est flanqué de deux chapelles symétriques sous voûte quadripartite. Au nord, le collatéral se prolonge jusqu’au clocher ; il est voûté en berceau. Celui du sud est plus large et voûté d’ogives reposant sur de fortes colonnes. Toutes les travées sont séparées par des arcs brisés. L’éclairage vient des deux fenêtres latérales du chœur, la fenêtre axiale étant bouchée, de deux fenêtres dans chaque collatéral et d’une grande baie ouverte dans le clocher. Au XIXe s., la face orientale du clocher a été éventrée pour créer, au premier niveau, une vaste tribune bien éclairée. Ces travaux, sur un sol argileux, ont entraîné un renforcement considérable des piliers, de la dernière travée de la nef et des retombées des croisées d’ogives du collatéral sud. On pénètre dans l’église par deux portes latérales en vis-à-vis protégées par un emban ; l’une, au sud, date du XVIIe s., l’autre, au nord, est de style gothique.

À l’extérieur, des contreforts renforcent chevet et collatéraux ; ces derniers, moins hauts que la nef, ont été construits en matériaux hétérogènes : au sud, pierres bien appareillées au niveau du chœur et de la première travée, briques ensuite ; au nord, les briques se mêlent aux pierres moins bien ajustées. Le clocher se présente comme une haute tour carrée de 4,60 m de côté à l’intérieur. Il est percé d’ouvertures sur les quatre côtés à son dernier niveau et d’une grande baie au premier niveau. Un toit d’ardoises à trois niveaux le prolonge : le premier, de plan carré de même dimension que la tour, abrite deux cloches du XIXe siècle ; les deux autres sont en forme de bulbe tronqué terminé par une flèche. L’ensemble, souligné par des ressauts, offre une belle silhouette de conception originale.

L’intérieur de l’église est voûté d’ogives avec clés de voûte historiées.

Le mobilier est tout à fait remarquable. Le chœur est entièrement habillé de boiseries resplendissantes d’or. De bas en haut : autel tombeau[1], tabernacle et chandeliers, ciborium, statues de saint Laurent et de saint Roch, statues des quatre évangélistes, enfin un grand tableau représentant le Christ en croix entre sa mère et saint Jean, lui-même surmonté d’une figure de Dieu le Père. Ce décor doré réunit des œuvres d’époques différentes. Le chœur est clos par une table de communion qui repose sur des balustres en bois Louis XIV, habilement repeints récemment comme l’intérieur de l’église, à l’exception de la chapelle méridionale qui a conservé son autel et sa statue de la Vierge du XIXe siècle. Une litre funéraire est peinte sur le mur sud qui comporte la trace de deux grands cadres peints dans le style du XVIIe siècle dont le sujet est peu lisible. Les vitraux datent de la fin du XIXe siècle. Un bénitier mural en marbre de Sarancolin se trouve à droite de l’entrée sud ; un bénitier sur pied portant sur son socle SARRANCOLIN 1732 est appuyé contre le pilier le plus proche de la porte nord. Sous la tribune est placée la cuve baptismale en forme de calice, creusée dans un bloc de calcaire, prolongée d’un pied creusé. Signalons enfin que la grande toile de J. Smets représentant le Mariage de la Vierge occupe le fond de la chapelle septentrionale[2]. L’église possède également trois peintures : L’Agonie du Christ, la Flagellation, la Remise du rosaire à saint Dominique.

Pour restaurer la couverture en ardoises du clocher, la Sauvegarde de l’Art français a accordé 10 000 € en 2013.

Françoise Dumas

Abbé S. Daugé, « La paroisse d’Avéron-Bergelle », Bulletin de la Société d’histoire et d’archéologie du Gers, 30e année, 1929, p. 15-49.

Legrand, « Le mobilier religieux dans le Bas-Armagnac », ibid., p. 125-136.
Les communes du Gers : monographies, sous la dir. de G. Courtès, t. III, Arrondissement de Mirande, Auch, 2005, p. 79-80 : R. Baylin, P. et J.-J. Lartigolle, « Avéron-Bergelle ».

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