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L’église Saint-Jean-Baptiste est déjà citée dans une bulle de 1089 qui en confirme la possession à la célèbre abbaye Saint-Pierre voisine fondée dans cette reculée jurassienne typique et mentionnée comme cellula dès 869 ; dirigé par Bernon, ce monastère sera à l’origine de la fondation de Cluny. Le vocable de l’église paroissiale est un indice de grande ancienneté puisqu’il était attribué aux églises baptismales des paroisses primitives. Par la suite, la cure fut attribuée à l’aumônier de l’abbaye qui la faisait desservir par un vicaire perpétuel. Sous la Révolution, les fonctions d’église paroissiale furent transférées à l’ancienne église abbatiale Saint-Pierre en 1791, puis, après une période d’incertitude où les deux édifices furent en concurrence, Saint-Pierre, plus grande, plus centrale, devint définitivement la paroissiale, par arrêté du préfet du 26 prairial an XI.

Il ne reste plus rien de l’église romane sinon l’implantation générale. Il en va de même pour l’époque gothique si ce n’est que la base du clocher offre un portail en tiers-point de cette époque. La partie inférieure du clocher est en effet la seule partie de l’église qui échappa à la reconstruction quasi générale de l’édifice au XVIIIe siècle.

Les travaux les plus importants paraissent, d’après les documents, avoir eu lieu vers 1738. Une partie des murs gothiques fut conservée, mais les voûtes et les ouvertures datent en totalité du XVIIIe siècle. Le clocher fut exhaussé de douze pieds en 1770 par l’architecte Pierre Guy et l’entrepreneur Jean-François Grandvaux  (adjudication du 29 janvier).

Cette église, qui est couverte presque entièrement de « lauzes » ou « laves », se présente maintenant avec un clocher-porche saillant en avant de la façade ; il est flanqué au nord d’un réduit pour l’escalier d’accès. La nef comprend trois travées couvertes de voûtes d’arêtes. Les pilastres composites (pilastres adossés et pilastres dosserets) couronnés de chapiteaux toscans portent à la fois des arcs doubleaux et des arcs formerets en plein cintre. Chaque travée est éclairée au nord et au sud par des fenêtres en plein cintre. La travée de chœur, de plan carré,  forme la croisée d’un faux transept dont les bras sont formés de deux chapelles latérales qui s’ouvrent sur elle par deux grands arcs en anse de panier. Cet ensemble est couvert de voûtes d’arêtes. Les chapelles sont éclairées par des fenêtres en plein cintre semblables à celles de la nef (XVIIIe siècle). L’église se termine à l’est par une courte abside à trois pans qui évoque une implantation gothique, mais les voûtes d’arêtes indiquent une transformation complète ou même une reconstruction à l’époque classique (XVIIIe siècle). Chacun des trois pans était percé à l’origine d’une fenêtre en plein cintre, mais celle du mur oriental a été murée sans doute lors de la pose du grand retable baroque qui orne le fond de l’abside. Une sacristie flanque le pan sud ; on y entre par une porte ménagée dans les boiseries latérales.

Le sol dallé de pierre est constitué de nombreuses tombes de prêtres, d’officiers de l’abbaye (XVIIIe s.), de bourgeois ou de bienfaiteurs. On remarque surtout celle de Jeanne de La Fontaine, avec effigie, de 1482 et celle des curés de Baume qui furent ensevelis en cet endroit au moins de 1545 à 1767, comme l’indiquent les épitaphes successives.

À l’extérieur, au-dessus de la fenêtre murée du mur est, on voit un petit socle placé sous une niche rectangulaire de dimensions modestes :  « Dans la face extérieure du sanctuaire et presque sous la corniche, est une grossière niche renfermant une admirable statuette en pierre sculptée qui représente la Vierge et l’Enfant Jésus » (Rousset, 1853).

Cette église renferme plusieurs autres objets d’art : un tableau de la remise du Rosaire à saint Dominique et sainte Catherine de Sienne, une statue de saint Vernier tenant sa serpette de vigneron. Mais on remarque surtout le monumental retable Louis XV de l’abside qui sert de cadre à un tableau représentant la Prédication de saint Jean-Baptiste ; il est surmonté du nom hébraïque de Dieu dans une nuée rayonnante. Ce retable se prolonge sur les pans coupés par des boiseries à panneaux et impostes ornés de quatre autres tableaux, dont la Résurrection et la Pentecôte. Des retables ornaient aussi les chapelles latérales, mais, sous la Révolution, ils « tombaient de vétusté » et ont disparu depuis.

La Sauvegarde de l’Art français a accordé 18 294 € en 2001 pour la restauration en laves de la toiture de l’église, hormis celle du clocher réalisée lors d’une précédente campagne de travaux.

P. C.

 

Bibliographie :  

Arch. dép. Jura, C 738 (1738, 1770 ;  39 G 1 ; série O.

A.Rousset, Dictionnaire géographique, historique et statistique des communes de Franche-Comté. Département du Jura, Besançon, 1853, t . I, p. 179.

L’abbaye de Baume-les-Messieurs, Lons-le-Saunier, 1978, p. 174-175 (J. Courtieu).

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