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Desservie par des abords ne contribuant nullement à sa mise en valeur, l’église Saint-Eutrope de Bazoches-sur-le-Betz a subi, aux XIXe et XXe s., un certain nombre de modifications qui en ont profondément affecté l’aspect, tant à l’extérieur qu’à l’intérieur. Ses maçonneries, constituées de moellons traditionnels, ont malheureusement été soit rejointoyées, soit enduites au ciment gris. Un porche disgracieux et hors de proportion a été accolé à sa façade principale. Ses corniches ont été refaites, sans respect des dispositions antérieures. Irrégulièrement flanqué de contreforts, le mur gouttereau nord est désormais aveugle, ce qu’il n’était vraisemblablement pas à l’origine. Enfin, les fenêtres en arc brisé, au sud, ont été réduites et pourvues d’un nouvel encadrement. Tous ces remaniements ont effacé une bonne partie des caractéristiques du monument, dont l’analyse architecturale n’est, pour cette raison, guère aisée.

De plan rectangulaire, l’édifice se compose d’un grand vaisseau plafonné qui s’ouvre, par quatre grandes arcades en arc brisé, sur un unique collatéral, au nord ; celui-ci était autrefois couvert d’un demi-berceau lambrissé, dont les planches ont été remplacées par des frisettes de fabrication industrielle. La nef et le chœur, de même longueur, sont séparés par de grandes arcades au profil soigné, notamment dans le chœur, où l’arc porte à la clef un blason. Les profils adoptés, tant pour les arcs que pour les piliers (bases, en particulier), militent en faveur d’une datation d’ensemble de la fin du XVe ou du début, voire de la première moitié du XVIe siècle. Le chœur se termine par un chevet plat, initialement percé d’un triplet dont la trace est encore visible ; beaucoup plus ancienne, cette partie pourrait remonter à la fin du XIIe ou au XIIIe siècle.

Ainsi, les observations archéologiques ne contredisent pas la tradition historique qui enseigne que l’ancienne église Saint-Eutrope aurait été abandonnée, du fait des guerres, au XIIIe s., pour être reconstruite à l’emplacement de la chapelle Sainte-Madeleine du château (disparu) de Bazoches, le foyer de peuplement s’étant déplacé pour bénéficier de la protection du seigneur local. La reconstruction en question, dont on ignore le détail, se serait poursuivie jusqu’au milieu du XVIe s., époque de la dédicace de l’édifice, comme l’atteste une plaque commémorative donnant la date du 18 septembre 1550 et citant le nom de « noble dameoeselle Phelippe de Becheret, dame dud. lieu ».

Si la part du XIXe s. dans le mobilier est, comme souvent, prépondérante (bancs, statues saint-sulpiciennes, autel latéral dédié à la Vierge), celui-ci conserve des éléments plus anciens. C’est notamment le cas du maître-autel en bois polychromé du XVIIIe s., dont le retable abrite, au centre, une toile représentant une Crucifixion, figurant, de part et d’autre, la Vierge et saint Jean, et, au pied de la Croix, sainte Madeleine. L’église possède aussi plusieurs statues en bois du XVIe siècle : un saint Marc, un saint évêque et un Christ gisant, vestige probable d’une Mise au Tombeau. Toutes sont privées, aujourd’hui, de leur polychromie, à l’exception des deux plus remarquables d’entre elles, qui occupent les niches latérales du retable. Classées au titre des Monuments historiques, elles représentent, à gauche, le saint patron de la paroisse et, à droite, sainte Madeleine, à laquelle aurait été dédiée, rappelons-le, l’ancienne chapelle du château. Sur le mur nord de la nef, un beau Christ en croix, également polychromé et datable du XVIIe s., faisait certainement face, à l’origine, à la chaire (disparue). Signalons enfin, pour être complet, un banc clos portant la mention « Charles Mergery, 1751 », les cloches, du XIXe siècle, et les vitraux figurés du XXe s., signés de P. Martineau (Artisans du Sanctuaire).

La Sauvegarde de l’Art français a apporté son soutien à la restauration du clocher en charpente, qui menaçait ruine, par un don de 5 000 € en 2011.

 

Gilles Blieck

 

Bibliographie :

Arch. dép. Loiret, 1J 327 (liste des anciens seigneurs de Bazoches).

 

Photographies

  1. Façades ouest et sud
  2. Façades est et nord
  3. Vue vers le collatéral nord et le chœur
  4. Dalle commémorative (1550)
  5. Statue de saint Eutrope
  6. Statue de sainte Madeleine

 

 

Le projet en images