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Situé sur la basse vallée de la Grosne, à quelques kilomètres seulement du confluent de cette rivière avec la Saône, le village de Beaumont est à 14 km à vol d’oiseau au sud de la ville de Chalon-sur-Saône. Il était le siège d’un doyenné de l’abbaye de Cluny, attesté vers 1100 et qui disparaît des listes des dépendances de la célèbre abbaye bourguignonne avant 1321. Cette possession clunisienne, à défaut d’étude approfondie sur le terrain, n’est repérable que par l’église actuelle, cependant  l’urbanisme en garde le souvenir, puisque l’édifice est encore sur trois côtés inséré dans des propriétés. La proximité de ce doyenné avec les terres de la très importante abbaye cistercienne de la Ferté-sµr-Grosne, fondée en 1113  par saint Bernard, est vraisemblablement à l’origine de l’abandon des intérêts clunisiens à Beaumont; il est probable que Cluny ait rétrocédé le domaine pour éviter toute querelle, à l’instar de celle qui s’était produite en 1150 entre une abbaye de son obédience, Gigny, et celle du Miroir, dépendance de Cîteaux. L’église, placée sous le vocable de Notre-Dame, remonte, pour ses parties les plus anciennes, à la fin du XIe siècle. Elle est composée d’un important volume unique couvert d’un comble à deux pans. Un puissant clocher émerge de la toiture en tuile plate. Les volumes intérieurs sont forts différents de l’extérieur : si la nef est une grande salle unique sans collatéraux, utilisant toute la largeur du volume, le chevet, quant à lui, est subdivisé en un chœur à chevet plat et en deux chapelles très étroites. Le clocher est implanté sur un massif puissant précédant le chœur qui s’ouvre sur la nef par un arc en plein cintre sans envergure. La façade de la nef a conservé son ordonnance romane. Renforcée latéralement par deux pilastres plats, ou lésènes, son centre est occupé par une légère saillie rectangulaire percée d’ un portail et par une baie haute en plein cintre très étroite. Le portail, dans le plus pur style clunisien, est orné d’une archivolte à palmettes délicatement ouvragée retombant latéralement sur deux colonnettes à chapiteaux historiés. Dépourvu de tympan, il s’ouvre sous un arc légèrement sur baissé. Deux médaillons sculptés de figures, partiellement dégagés, ornent les écoinçons sous une corniche à modillons malheureusement totalement bûchée. La composition très simple de la façade n’en est pas moins raffinée; seule l’ouverture d’un oculus au XVIe s. en est venue perturber l’équilibre. La nef, dont les murs gouttereaux romans ont été légèrement abaissés, n’a sans doute jamais été voûtée ; elle est couverte par un plafond lambrissé aux retombées en voûte d’arc de cloître; ses fenêtres classiques, placées très bas, sont sans doute contemporaines du plafond. Le clocher actuel, datable du XVIe s. d’après son architecture et celle des arcs de la croisée qui le soutiennent, est de plan carré. Sur chaque face s’ouvrent deux baies élancées en plein cintre dont les arcs retombent sur des tailloirs saillants. La composition est sévère : seule la flèche pyramidale en brique, maintenant réenduite, contribue à son élancement ; la naissance des plans inclinés est soulignée par une puissante corniche en doucine et quatre petites lucarnes, placées très haut sur ses pans, répondent sagement aux baies du corps du clocher. Le chœur a été réaménagé au tout début du XVe s., comme l’atteste le remplage de la grande baie axiale. De plan barlong, il est voûté en quatre compartiments portés par des nervures au profil soigné. Les culs-de­ lampe recevant les retombées sont sculptés des symboles des quatre évangélistes. Sur une clé de voûte imposante figure le Christ entouré de quatre anges sonnant de la trompette; sous le globe terrestre servant de repose-pieds au Christ, quatre petits personnages, dont un est mitré, semblent être les témoins de la scène. Le réaménagement du chœur n’a cependant pas détruit la disposition tripartite du chevet. Les deux petites chapelles latérales, maintenant désaffectées, bien que profondément remaniées au XVe s. ont conservé des dispositions romanes. Celle du sud montre sur son arc triomphal des peintures murales romanes apparemment d’excellente facture : l’écaillage du badigeon qui les recouvre en laisse entrevoir plusieurs parties, mais leur état nécessiterait une intervention rapide de consolidation. La Sauvegarde de l’Art français a accordé en 1998 une aide de 86 000 F pour la réfection du clocher et de la façade est de l’église.

 

J.-D. S.

 

 

 

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