• Supprimer
  • Supprimer
  • Supprimer

En empruntant la majestueuse allée bordée de hêtres qui conduit à l’ancienne église paroissiale Saint-Michel de Clermont, le visiteur peut être surpris d’aboutir devant un édifice bien modeste par sa taille et par son architecture. À ce titre, le bâtiment est représentatif de ces petites églises augeronnes toutes simples, la plupart du temps isolées dans la campagne vallonnée d’une Normandie archétypale jusqu’au cliché. Construite à la lisière occidentale du Pays d’Auge, sur un promontoire jurassique qui domine les marais de la Dives, Saint-Michel offre un panorama élargi sur la plaine de Caen. Cette situation privilégiée fait de la chapelle de Clermont un but de promenade recherché ; elle est par ailleurs, et depuis des siècles, le lieu d’un pèlerinage annuel à saint Thibaut, lié à la présence, non loin de là, d’une source réputée miraculeuse. Comme la majorité des églises rurales de ce territoire, l’édifice se caractérise par un plan d’une simplicité élémentaire : nef rectangulaire à vaisseau unique dont la première travée est surmontée d’un clocher à flèche octogonale sur plan carré ; pas de transept ; chœur à chevet plat, plus bas et légèrement plus étroit que l’espace réservé aux fidèles, la transition entre les deux espaces étant assurée à l’intérieur par un arc cintré. La façade plane et quasiment nue est typique de ces sanctuaires paroissiaux où décor et ornementation se concentrent à l’intérieur, principalement dans le mobilier. Malgré cette sobriété et cette unité apparente aussi bien dans le plan que dans la silhouette, l’église n’en est pas moins le fruit de campagnes successives de travaux et de restau­ rations. Construite dès l’époque romane, elle a été modelée au fil des siècles, comme en témoignent une piscine double tréflée du XVe s. dans le chœur, les baies, élargies ou ouvertes au XVIIe s., le clocher qui fut reconstruit entre 1772 et 1774, ainsi que la sacristie, venue se greffer au nord du chœur. Dans cette région d’architecture en pan de bois, l’église était souvent le principal édifice en pierre de la paroisse. Saint-Michel de Clermont est construit en moellon de calcaire, mais, comme la plupart des églises rurales du Pays d’Auge, fait également la part belle à l’utilisation du bois : le clocher est en charpente, la sacristie est en pan de bois. En outre, dès qu’on entre à l’intérieur de l’édifice, on remarque le lambris de couvrement et les rustiques entraits et poinçons de la charpente. L’édifice conserve par ailleurs un mobilier digne d’intérêt, pour l’essentiel protégé au titre des Monuments historiques. Outre un ensemble de statues anciennes réuni dans le chœur, signalons, de part et d’autre de l’arc ouvrant sur le sanctuaire, deux tableaux du XVIIIe s. : à gauche, saint Thibaut accompagne dans sa prière un enfant prosterné au pied d’une statue de la Vierge à l’Enfant ; à droite, une mère éplorée présente son enfant dolent à l’évêque Marcouf, le saint normand guérisseur des écrouelles. Ces peintures ont pu former les éléments latéraux du retable du maître-autel réalisé à l’âge classique, malheureusement disparu: dans les années 1960, l’autel en bois peint du XVIIIe s. a en effet été démembré pour remettre au jour la table d’autel médiévale en pierre. Le grand tableau de Tobie et l’ange qui la surmonte, copie maladroite d’une œuvre d’Andrea Verrocchio, est intéressant pour l’histoire de la commune. Cette toile aurait été exécutée pour l’église Saint-Martin de Beuvron, où fut fondée en 1686 une « association pour bien mourir sous l’invocation des saints anges gardiens », fondation témoignant de l’esprit de ferveur  retrouvée qui marqua le Pays d’Auge à partir de la seconde moitié du XVIIe siècle. Pour  des  travaux  de  restauration  de  maçonnerie, couverture et charpente, la Sauvegarde de l’Art français a accordé une subvention de 10 000 F en 1999.

  1. B.-D.

Le projet en images