• Supprimer
  • Supprimer
  • Supprimer

La commune de Beuzec-Cap-Sizun est bordée au nord par la baie de Douarnenez. Elle possède trois édifices religieux : l’église paroissiale (classée) et deux chapelles, celle de Saint-Conogan et celle de Sanspé, cette dernière étant située au village du même nom ou, plus exactement, selon la prononciation bretonne, de Sant-Spé. Cette dénomination suppose l’existence d’un saint Spé qui a été assimilé à tort au latin spes, d’où la traduction cléricale de Sainte-Espérance, alors que le breton n’emploie pas ici la forme féminine santez pour désigner la patronne.

L’emplacement de la chapelle de Sanspé s’explique par la présence vraisemblable d’un lieu d’habitat ou de culte antique : une fontaine (restaurée récemment) se trouve à une vingtaine de mètres au sud, et, dans les années 1930, on signalait à proximité un « petit menhir taillé », c’est-à-dire une stèle de l’âge du fer. Un mur d’enclos subsiste partiellement au sud, à l’ouest et au nord.

L’édifice actuel, de taille modeste (12,50 m x 5,60 m), est de plan rectangulaire. Il peut remonter au xviie s., si l’on en juge par les deux portes qui ont conservé leur arcade à redents. La porte sud était surmontée d’un blason (aujourd’hui martelé), ce qui implique un patronage seigneurial. Le pignon occidental porte l’inscription IHS, sans date. L’édifice d’origine a été agrandi d’un quart de sa longueur : le chœur comporte des pierres de grande taille, alors que l’on n’a utilisé que des moellons pour la nef (en dehors des encadrements et des jambages en pierre de taille). Les deux baies méridionales ont aussi été agrandies. Ces modifications sont peut-être intervenues en 1820, date de restauration qui figure à la base du clocher (ainsi que les inscriptions LE BRAS MAIRE et REC [?] PERROT). Le clocher, qui surmonte le pignon occidental, est peu élevé et abrite une seule cloche.

 

À la fin du xxe s., des désordres importants compromettaient la survie de la chapelle : des fissures dans la maçonnerie étaient visibles au pignon oriental dans les deux angles, et une autre s’était fait jour à la liaison entre le mur nord et le pignon ouest. Il était donc urgent d’entreprendre une restauration générale, qui a été effectuée en 2003-2004. L’ensemble de la maçonnerie a été renforcé et le mur du chevet a été repris dans sa quasi-totalité, une charpente neuve, mise en place de façon à éviter les poussées en haut des murs, a été cachée par un lambris peint, une couverture neuve en ardoise d’Angers a été posée ; deux nouvelles portes et deux vitreries blanches à bordure rose orangé ferment l’édifice. Les travaux étaient terminés pour le Pardon du premier dimanche d’août 2004.

L’intérieur est d’une grande simplicité. Le sol est en terre battue ; les murs ont été chaulés. Le chœur, délimité par une clôture en bois à balustres, renferme un retable (fin xviie-début xviiie siècle ?) qui surmonte un autel en tombeau galbé. Le retable repose sur trois degrés ornés de rinceaux en fort mauvais état. La niche centrale abrite actuellement une statuette de Notre-Dame de Lourdes ; la statue qu’elle abrite en temps ordinaire est une statue ancienne de sainte Espérance (en restauration). De part et d’autre du retable devraient figurer les statues anciennes de sainte Jeanne (?) avec la palme du martyre, et de saint Pierre avec tiare papale et croix triple : elles sont aussi en restauration. Sur le mur nord, face à la porte d’entrée, la statue ancienne de sainte Espérance, en bois polychrome, est une œuvre de facture médiocre. Lors de la réfection récente de la chapelle, un bas-relief en granit, vestige de calvaire, représentant un ange tenant un calice, a été fixé dans le mur ouest : il provient de l’ancien presbytère du bourg de Beuzec.

La Sauvegarde de l’Art français a participé aux travaux de restauration de l’ensemble de la chapelle en accordant une somme de 5 000 € versés en 2004.

 

Tanguy Daniel

Le projet en images