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Située dans la Drôme provençale, dans la plaine de la Valdaine, enchâssée entre les collines, la BASILIQUE SAINTE-ANNE dessert aujourd’hui trente-huit communes, à l’est de Montélimar.

C’est en 1171, que, par sa chartre de fondation, la comtesse de Marsanne établit sur ses terres, au bord du Roubion, une abbaye cistercienne féminine.

À la fin du XIVe s., Raymond de Turenne dévasta le monastère, épargnant cependant dans l’église romane les murs des absides, de la nef et de la salle du chapitre attenante. Les voûtes de l’édifice furent abattues ainsi que la quasi-totalité des bâtiments conventuels. Au début du XVe s., l’abbaye ruinée devint un simple prieuré rattaché à l’abbaye cistercienne de Valcroissant près de Die.

L’état de ruine est dûment constaté par le Chapitre général de l’ordre des Cistercien. L’abbé de Valcroissant recueille alors l’ensemble, ainsi que les privilèges attachés aux biens et aux revenus du monastère de Bonlieu.

L’œuvre architecturale était admirable par ses proportions, la pureté de ses lignes et sa simplicité monastique. La Sainte-Trinité est rappelée par les trois absides dont la principale comporte trois vitraux et une voûte en trois arceaux qui s’ouvrent graduellement jusqu’à celle de la nef. L’abside située côté évangile, étant la plus haute, rappelle la position de la tête du Christ expirant, penchée vers la gauche. L’abside centrale est à sept pans séparés par de légères colonnes symbolisant les sept dons du Saint-Esprit. Dans les deux pans les plus proches du transept ont été placées deux sépultures de la famille des Poitiers.

Les murs de l’église sont d’une épaisseur dépassant le mètre ; ils reçurent à l’intérieur un revêtement de pierres taillées que l’on pouvait trouver dans les contreforts du voisinage. Ces blocs taillés et ajustés gardent la marque de l’ouvrier du début de la construction.

C’est en 1610 que la construction du clocher est décidée sur les restes du mur nord de la nef et en appui sur le bas-côté qui servait d’église paroissiale sous la dénomination de chapelle Saint-Alban.

À la fin du XVIe s., les guerres de Religion poursuivront l’effet de destruction sur le reste des implantations religieuse. L’Édit de Nantes signé en 1598 permit de retrouver un calme relatif. Au début du XVIIe s., la vie religieuse va refleurir à Bonlieu, sans toutefois égaler celle qui s’était épanouie au début du XIIe siècle. Le régime révolutionnaire fit vendre les biens de la communauté religieuse et de nombreux propriétaires se succédèrent jusqu’en 1871. De la maison des religieuses, sur le bas-côté méridional de l’église, il ne reste qu’un corps de bâtiment avec l’ancienne salle du chapitre. Les bâtiments les plus anciens ont tous été détruits à l’exception de la margelle du puits qui marquait le centre du cloître du monastère.

Sept siècles après la création du monastère par la comtesse de Marsanne, Marie Odiot de La Paillonne, issue d’une famille du Comtat Venaissin, acquiert, en 1871, le domaine comprenant l’ancienne église et les bâtiments en ruine pour y installer une communauté religieuse norbertine qu’elle vient de fonder.

Dès 1889, des études préliminaires sont commencées pour reconstruire à l’identique l’église abbatiale ; celle-ci sera achevée en 1898 dans le style roman.

L’église est érigée par le pape Léon XIII en basilique mineure dédiée à sainte Anne; elle est consacrée le 11 octobre 1899 par Mgr Heylen, évêque de Namur. Marie Odiot de La Paillonne restaure et agrandit aussi les bâtiments conventuels. La commune de Bonlieu avait cédé l’ensemble, à condition que les fidèles soient admis aux offices.

Au début du XXe s., une nouvelle persécution religieuse se confirme avec l’interdiction de communautés contemplatives. Dans les années 1901-1903, les religieuses quittent l’abbaye et se retirent en Belgique où elles sont accueillies par les frères Prémontrés de l’abbaye de Grimbergen. Elles ne reviendront à Beaulieu qu’à la fin de l’année 1932. Dans la seconde moitié du XXe s., le manque de vocations se fait cruellement sentir et la communauté norbertine s’amenuise.  En 1994, l’arrivée d’une communauté de frères Prémontrés permet alors au prieuré de Bonlieu de retrouver un certain rayonnement sur les trente-huit communes desservies jusqu’en 2014. La paroisse Sainte-Anne est alors rattachée au diocèse.

La Sauvegarde de l’Art français a fait un don de 8 000 € pour la restauration des toitures des parties anciennes de l’église (absides) en 2012.

Gabrielle de Talhouët

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