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Le village de Bougneau, situé sur la rive droite de la Seigne fait désormais partie des faubourgs de Pons : en quittant cette petite ville, on aperçoit en effet la silhouette monumentale de son clocher carré, à deux niveaux, qui figure dans tous les ouvrages sur la Saintonge romane, ce qui explique son classement précoce. Cette protection a été étendue à l’ensemble de l’édifice au titre de l’inscription, en décembre 2000.

Ancienne possession de l’abbaye de Baignes, l’église fut rattachée à celle de Saint-Florent de Saumur à la fin du XIe siècle. Son plan, en forme de croix latine, comporte une nef allongée et étroite, flanquée au nord d’un bas-côté, une croisée de plan carré, précédant une travée de chœur et une abside hémicirculaire plus étroites. De part et d’autre de la croisée s’ouvrent une chapelle au nord, qui témoigne seule d’un transept disparu ou projeté, et une au sud, plus tardive, qui est flanquée d’une autre chapelle carrée. Si le chœur et l’abside sont datés du XIe s., l’église aurait été fortement remaniée au XIVe ou au XVe siècle. C’est ainsi que l’adjonction du collatéral nord pourrait remonter au XIVe s., tandis que sur l’emprise de la première travée de la nef était élevée une façade flamboyante, au portail trilobé. De la nef ancienne, il ne reste plus que l’amorce du mur nord primitif. Du XVe s. semblent dater également la voûte sur croisée d’ogives qui couvre la travée de chœur et celle de la croisée du transept. Les deux chapelles élevées au sud, que François Eygun désigne comme chapelles seigneuriales, pourraient avoir été construites à cette période. René Crozet notait comme significative la superposition de deux ordres d’architectures dans l’abside et dans le chœur, et soulignait la parenté des chapiteaux avec ceux de Saint-Thomas-de-Conac dont les tailloirs et les corbeilles sont décorés des mêmes motifs d’entrelacs ou de palmettes.

Des sondages en recherche de peintures murales ont été effectués par l’Atelier d’Ornements : des éléments de badigeons colorés, des faux appareils, des frises, et un décor d’étoiles ont été mis au jour. Pendant ces repérages a été découvert à la croisée du transept, côté nord-ouest, un chapiteau muré, beaucoup plus ancien que ceux de l’entrée de la nef.

Cette église a fait l’objet de remaniements nombreux au cours des siècles pour pallier des désordres dus à l’instabilité du terrain sur lequel elle a été construite. C’est ainsi que sur l’ensemble de la nef, sur la croisée et les chapelles formant transept, des fissures verticales et des décollements des parements intérieurs et extérieurs ont été observés ; l’édifice était fermé depuis 2005.

À titre de participation à ces travaux urgents et indispensables, la Sauvegarde de l’Art français a accordé une aide de 15 000 € en 2011.

 

Françoise Bercé

 

Bibliographie :

 

Conservation régionale des Monuments historiques (DRAC Poitou-Charente) : Dossier pour l’extension de la protection.

  1. Texier, « Bougneau », Bulletin monumental, t. 90, 1940, p. 205-221.

Fr. Eygun, Saintonge romane, La Pierre-qui-Vire, Zodiaque, 1970, p. 107-111.

  1. Crozet, L’art roman en Saintonge, Paris, 1971, p. 41 et passim.

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