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La chapelle Saint-Julien de Flainville est intimement liée à l’histoire du manoir de Flainville. Pour certains, elle fut fondée en 1323 par les religieux de l’abbaye de Fécamp sur la paroisse de SaintDenis-en-Val, pour d’autres elle le fut l’année suivante, en 1324, par le chevalier Estaut de Gruchet. Quoi qu’il en soit, elle est mentionnée en 1323 comme la « chapele en le honneur de Dieu et de saint Julien au manoir de Fléville en la paroisse de Saint-Denys-en-Val ». Son lien avec le manoir féodal, aujourd’hui disparu, est d’ailleurs corroboré par un certain nombre de vestiges architecturaux encore visibles, comme en particulier la tourelle hors œuvre formant clocher qui accole l’édifice sur son flanc sud : elle était vraisemblablement partie intégrante de l’ancien manoir. Si le service de la chapelle était assuré par les religieux de l’abbaye de Fécamp, le droit de patronage revenait au seigneur de Flainville. À partir de 1646, la chapelle dépendit encore plus étroitement de la paroisse de Saint-Denis-du-Val. La présence de litres seigneuriales sur ses murs témoigne du lien des fiefs de Saint-Denis-du-Val et de Flainville, à partir de la seconde moitié du XVIIe s., et de l’attachement pour cette chapelle des familles qui se sont succédé par filiation à la tête de ces seigneuries : les armes les plus anciennes relevées sont celles de Louis Voisin de Saint-Paul, reçu conseiller au Parlement  de  Normandie  en  1663, de son  gendre François Phélypeaux, marquis d’Outreville et du gendre de ce dernier, Louis-Charles-Antoine Gouffier, marquis d’Heilly. Cependant en dépit de son caractère privé et de la présence dans le bourg d’une église paroissiale qui fut même rebâtie à l’ extrême fin du XVIIIe s. par le comte de Choiseul-Gouffier, elle était utilisée par les parois­ siens. Enfin le rattachement de la commune à Bourg-Dun eut lieu par ordonnance royale du 4 décembre 1822. Le plan irrégulier de la chapelle s’explique par son histoire et par la déclivité du terrain. Il comprend trois parties qui, en dépit d’un appareil identique – silex retaillés, soigneusement disposés au-dessus d’un socle de grès et seulement interrompus par de la pierre pour les encadrements des portes et des baies – révèlent des aménagements successifs : un vaisseau unique orienté, de plan rectangulaire, flanqué d’une chapelle au sud, à l’angle sud-ouest de laquelle s’élève le clocher. Ces deux parties trahissent par leur volume et leur élévation une architecture originelle civile. D’ailleurs la disposition de l’appareil du mur sud corrobore pour l’œil attentif cette hypothèse : à la structure ancienne a été ajouté probablement au XIVe s. le vaisseau rectangulaire, destiné aux paroissiens, dont la grande baie à remplage rayonnant, percée dans le mur du chevet et malheureusement partiellement aveugle, constitue un élément notable du décor de l’édifice ; elle attire le regard par sa taille élevée et la qualité de ses moulurations, un haut triplet surmonté de trois roses qui témoignent d’une campagne ambitieuse. Cependant la déclivité du terrain, favorisant avec une humidité naturelle les infiltrations, a imposé la construction de deux contreforts au XIXe s. afin d’étayer l’angle sud-est du bâtiment particulièrement fragilisé. Du mobilier ancien il ne resterait malheureusement rien, bien que le Dictionnaire des Églises de France en 1968 signale la présence dans l’édifice d’une statuaire intéressante des XVe, XVIe et XVIIe s., notamment une chaire curiale du XVe s. et des fonts baptismaux en grès avec couvercle de bois du XVIIe siècle. En revanche, c’est à une campagne de travaux sommaires de mise hors d’eau effectuée en 1913 que l’on doit la sauvegarde partielle du décor peint qui couvre les murs et la voûte sur croisée d’ogives de la chapelle sud. La datation de l’ensemble paraît postérieure à la fondation de l’édifice, vers la fin du XIVe s. ou au début du XVe siècle. Les scènes de la vie de la Vierge sont représentées sur les murs : l’Adoration des mages au nord, l’Annonciation au sud, la Visitation à l’ouest et un sujet mal identifié à l’est. Des anges musiciens d’une grande grâce animent le décor des voûtains. Pour des travaux de maçonnerie, de charpente et de couverture, la Sauvegarde de l’Art français a accordé une subvention  de 140 000 F en 1999.

É. G.-C.          

 

 

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