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La chapelle Notre-Dame du Bouzonnet se présente comme un petit édifice roman constitué d’un chœur en hémicycle et d’une nef rectangulaire, un peu plus large que le chœur, fermée à l’ouest par un mur-clocher. Rien dans son aspect actuel n’évoque les vicissitudes qu’elle a connues au cours des siècles.

Le cartulaire de l’abbaye voisine de Saint-Mont, daté par Charles Samaran de 1050-1125 environ, mentionne  sanctam Mariam Boson, vocable qu’elle a conservé jusqu’à nos jours. Celui de saint Roch lui fut adjoint au XVIIe s., comme l’atteste un livre terrier de Gellenave en 1667.

La chapelle était un lieu de pèlerinage. On y célébrait particulièrement la fête de la Naissance de la Vierge (8 septembre). Elle ne fut pas pour autant préservée des destructions. Au XVIe s., son état laissait grandement à désirer, comme en témoigne une enquête menée en 1546 à la demande du cardinal de Tournon, archevêque d’Auch, sur des églises plus ou moins ruinées « au temps de guerre des Angloys ». À Notre-Dame de Bouzonnet « estre besoing de grandes réparations, car combien soit bien bastie de murailles, toutefois pour l’entretenement d’icelle est besoing y faire certains arcs voultants, car sont fenduz en divers lieux et y est nécessaire faire un petit clocher pour tenir les cloches… et estre passes trente (ans) que les fruits et esmoluments de ladite esglise ont estés entièrement employés à la réparation d’icelle et encore le revenu de cinq années ne suffirait pour parachever l’édifice ». Les rares documents postérieurs des pouillés de 1672 et de 1730 indiquent seulement que la chapelle était une annexe de Husterouau (Fusterouau), dans l’archiprêtré de Saint-Griède.

Le XIXe s., plus encore que la guerre de Cent Ans, faillit lui être funeste. Elle avait été saccagée, ruinée, transformée en bergerie lorsque le curé de Bouzon entreprit de la sauver et de la rendre au culte en 1840.

Le XXe s. ne lui a pas été plus clément. En 1970, elle présentait un aspect lamentable : toiture effondrée, nef envahie par les ronces, mobilier dispersé. Elle attira l’attention d’un amateur passionné qui fit annuler la vente de l’autel, à défaut de celle de la tribune et de la table de communion. Après débroussaillage, il fit remplacer la charpente, la toiture, Il supprima la cage de bois du carillon en arrière du clocher-mur, lui-même restauré ; la fenêtre absidiale qui avait été bouchée fut dégagée. En 1973, une messe marqua la résurrection de la chapelle, par deux fois sauvée de l’anéantissement.

L’édifice, orienté, est formé d’un chœur arrondi et d’une nef saillante de plan rectangulaire. L’abside est percée d’une fenêtre d’axe et de deux fenêtres latérales situées un peu plus bas. Au nord-est, une porte a été bouchée, qui faisait communiquer le chœur avec une sacristie, détruite en 1970. Le mur sud de la nef, percé d’une porte en arc brisé, porte les traces d’une construction, sans doute un emban. Le mur ouest est plein ; il est coiffé du clocher à arcade portant une cloche. La partie haute a été reprise en 1970. Sur la partie basse, on relève des traces d’arrachement peu explicables (vestige d’une cheminée ?). L’élément le plus remarquable est la décoration de la fenêtre axiale ornée de belles rosettes d’apparence pré-romane et cernée d’une archivolte formée de billettes en damier reposant sur deux têtes d’animaux, dont celle d’un bovin.

La cloche de la fin du XIXe s., trop volumineuse pour le clocher actuel, a été transférée à l’église de Bouzon et remplacée par une cloche du XVIIe s. provenant de l’ancienne église de Saint-Gô (sur la même paroisse).

À l’intérieur, le chœur est voûté en cul-de-four. La décoration extérieure de la fenêtre axiale se retrouve à l’intérieur ; les extrémités de l’archivolte sont toutefois dégradées. Les trois ouvertures sont garnies de vitraux au plomb. Les vitraux des ouvertures latérales sont ornés l’un de ceps de vigne, l’autre d’épis de blé rappelant la dévotion à Notre-Dame des Champs instaurée au début du XXe siècle. Ces vitraux, installés en 2013, sont l’œuvre de Madame Lépiney, de Gondrin. Le mur de l’abside présente une légère saillie, comme une amorce de banquette, à environ 60 centimètres du sol ; un bandeau souligne le passage du mur à la voûte. L’autel Louis XV a été remis en place et un tabernacle du XIXe s. a été ajouté. De part et d’autre de l’arc triomphal, ont été placés deux éléments mutilés de l’ancien retable en bois (XVIIIe s. rustique ou XIXe s.). La fenêtre axiale est restée murée jusqu’en 1970. L’église conserve un bénitier de pierre formé de deux cylindres superposés, surmontés d’une cuve à pans, deux statues de la Vierge, dont l’une de Notre-Dame des Champs, et une statue de saint Roch.

Quarante ans après son dernier sauvetage, la chapelle avait besoin de consolidation : reprise du mur ouest, fissure au-dessus de la porte d’entrée, travaux pour l’exécution desquels la commune a reçu de la Sauvegarde de l’Art français une aide de 7 000 € en 2012.

Françoise Dumas

 

Bibliographie :

A. Breuils, « Églises et paroisses d’Armagnac d’après une enquête de 1546 », Bulletin de la Société archéologique du Gers, 1888, p. 547-548.

Ch. Bourgeat, « Trois pouillés inédits de l’ancien diocèse d’Auch », Bulletin de la Société d’histoire et d’archéologie du Gers, 1934, p. 273 ; Bull. de la Société archéologique, historique, littéraire et scientifique du Gers, 1963, p. 547.

Ch. Samaran, « Le plus ancien cartulaire de l’abbaye de Saint-Mont (Gers) (XIe-XIIIe siècles), Bibliothèque de l’École des chartes, t. 110, 1952, p. 5-56 ; repris dans Une longue vie d’érudit, recueil d’études de Charles Samaran, Genève, 1978, p. 644.

P. Mesplée, « Le sauvetage de l’église de Bouzonnet », Bull. de la Société archéologique, historique, littéraire et scientifique du Gers, 1974, p. 188-189.

J. Cabanot, Gascogne romane, La Pierre-qui-Vire, 1978, p. 64-65 (Zodiaque).

Les communes du Gers : monographies, sous la dir. de G. Courtès, t. III, Arrondissement de Mirande, Auch, 2005, p. 82-83 : notices de Nicole et Guy Duclos.

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