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L’église Saint-Philippe-et-Saint-Jacques, anciennement dédiée à saint Alban, était au Moyen Âge, une cure relevant de l’évêché de Saintes, à laquelle était joint un prieuré de peu d’importance (Sancti Albani de Brâ prope Berbezilium). L’église romane, placée en limite du bourg sur une petite éminence, était pourvue d’une nef sans doute plus longue que l’actuelle, avec un chœur moins développé, et probablement sans transept. Elle dut beaucoup souffrir durant la guerre de Cent Ans, ce qui nécessita la reconstruction presque complète du monument.

On conserva les piliers et colonnes de la travée romane sous clocher, avec leurs bases à deux tores inégaux que sépare une large scotie, mais on en bûcha les chapiteaux pour permettre l’établissement de voûtes d’ogives à pénétrations, procédé fréquent que l’on retrouve, entre autres, aux nefs charentaises de Ruffec et de Saint-Saturnin. Le plan actuel comprend donc une courte nef d’une travée suivie de la travée sous clocher, puis un chœur à chevet plat de deux travées carrées, le tout couvert de quatre voûtes d’ogives du XVesiècle. Les clefs des voûtes ont reçu une sculpture variée : Agneau nimbé, cercle dans un triangle curviligne bordé d’une crête trilobée dans le chœur, et les doubleaux portent masques, fleurs de lys tenues par des dauphins sous un lion, une femme, un ange tenant un écu. D’autres reliefs de même facture – singes, petit moine, chouette, crapaud – peuplent la large gorge qui marque l’arc brisé de la baie d’axe, qui a perdu son remplage. De même conserve-t-on dans le chœur une jolie piscine à l’ornementation flamboyante assez grasse.

L’extérieur a reçu d’épais contreforts sous glacis, obliques aux angles du chevet. Á l’ouest, une porte en arc brisé avec contre-courbe semée de crochets, encadrée de pinacles et sommée d’un fleuron végétal, est surmontée d’une petite rose à l’élégant remplage quadrilobé sous pignon. Ces roses se répètent, identiques, dans les gouttereaux nord et sud, donnant à l’édifice une saveur originale. La tour carrée, portant corniche à modillons sous toit bas, est percée de baies jumelles à l’étage des cloches, et le massif carré de sa vis fait saillie dans son angle sud-est. Telle quelle, cette église de campagne adapte de façon gracieuse la grammaire du gothique flamboyant à ses modestes besoins.

Pour des travaux de confortation du clocher, la Sauvegarde de l’Art français a accordé 10 000 € en 2007.

 

Pierre Dubourg-Noves

Bibliographie :

Abbé J. Nanglard, Pouillé, t. III, p.395, 507, t. IV, p. 345

J. George, Les églises de France, Charente, Paris, 1933, p. 47

Y.-J. Riou et G. Regaud, Regard sur Barbezieux et sa région, Bressuire, 1983, p. 47, 61.

Y. Blomme, L’architecture gothique en Saintonge, Saint-Jean-d’Angély, 1987, p. 164, 190, 195-196.

P. Dubourg-Noves, Traces du pèlerinage de Compostelle en pays charentais, Mém. Coc. Archéol. Charente, 1992, p. 113-130

P. Dubourg-Noves, Les églises de la Charente, « Brie-de-Barbezieux » (à paraître).

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