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Chapelle Saint-André de Llar. Le 23 février 847, le comte Bera, comte de Razès et de Conflent, donnait au monastère de Saint-André d’Eixalada (qui, détruit en 878, devait donner ensuite naissance au célèbre monastère de Saint-Michel de Cuxa) une église dédiée à saint André, avec tout son territoire, en Conflent, confrontant Canaveilles : il ne fait pas de doute qu’il s’agissait de l’église de Llar, que l’on retrouve ensuite immuablement dans les possessions de Cuxa au long du Moyen Âge. Llar est situé dans les hautes terres du Conflent, à plus de 1 300 m d’altitude, à l’endroit où la vallée de la Tet, resserrée, est dominée par de hauts escarpements comme celui où le château et l‘église dont il est question sont installés. Le nom de Llar n’apparaît cependant dans les sources qu’en 864 et 872 : villare Lare, et si la langue catalane appelle effectivement llar le foyer domestique, il est peu probable qu’il s’agisse dans ce cas d’un héritage de la dévotion romaine aux dieux Lares d’une maison ou d’une famille. Comme en tant d’autres endroits des Pyrénées, il s’agit sans doute d’un toponyme pré-latin, ou même pré-celte, monosyllabique, dont le sens est mal connu.
La donation de 847 concernait tout un territoire paroissial, et non seulement l’église. Nous ne connaissons pas l’organisation de ce territoire, qui ne comportait sans doute pas de village aggloméré au IXe siècle. Un château, ou plutôt une simple tour, dont il reste encore quelques ruines, fut bâtie sur un rocher élevé, non loin de l’église (XIIe siècle ?), et le village a dû se constituer plus tard, à environ 500 m de là. Tout cet ensemble est resté aux mains de l’abbaye jusqu’à la fin du XVe s., quand celle-ci l’échangea, le 8 juillet 1482, avec une famille locale contre le château et la viguerie de Bolvir, en Cerdagne, tenus par cette famille pour l’abbaye. L’échangiste était Joan Sirac i de Serabou (voir dans ce Cahier la notice concernant Serdinyà), bourgeois de Villefranche de Conflent, dont les descendants adoptèrent ensuite le nom de Llar. C’est ainsi que Carlos et Inès de Llar, sa fille, figurent parmi les protagonistes de la « conjuration de Villefranche » de 1674, contre la domination française, impitoyablement réprimée, et dont la légende est passée dans la littérature romanesque …
L’église de Llar est une petite, une toute petite église, assise sur le rocher, encore entourée du cimetière abandonné qui signale sa fonction paroissiale. Elle est bâtie en schistes à peine travaillés. Il est difficile d’assigner à cet édifice une date antérieure à la fin du XIe s., voire au XIIe, car même dans sa modestie on y voit des formes déjà abouties de l’art roman : l’abside est semi-ciculaire, voûtée en cul-de-four, séparée de la nef de manière franche ; la nef est voûtée en berceau brisé, et l’unique porte d’accès, au sud, dessine un arc en plein cintre. Un autel en maçonnerie occupe presque tout le volume de l’abside.
Au-dessus du mur occidental s’élève un clocher-mur à trois arcades, superposées deux et une. Toute la construction est bâtie avec la pierre de schiste locale, recueillie à proximité, et qui compose les murs, les baies, et la toiture. À l’origine, cette construction a été faite sans mortier, maçonnerie hourdée à l’argile, peut-être jointoyée au mortier en parement. Ayant dit cela, on a décrit tout l’édifice, qui a été abandonné au XIXe s., après la construction d’une nouvelle église dans le village. Il a été l’objet, alors, d’une dégradation progressive, à deux doigts d’en causer la ruine définitive, heureusement enrayée à l’initiative d’une association locale et de la commune. Après la consolidation de l’extérieur, un programme a concerné l’intérieur.
Primé au concours du Pèlerin Magazine (Patrimoine pour demain), l’édifice a bénéficié, en 2007, de l’aide de La Sauvegarde de l’Art français pour une somme de 9 000 €.

Olivier Poisson

 

     

     

     

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