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Chapelle Saint-Jean-Baptiste du Temple. Implanté à proximité d’axes médiévaux de communication, l’établissement templier de Carentoir est attesté en 1182, dans une charte confirmative du duc de Bretagne, sous le nom de karantoe. D’un premier édifice roman, aucune trace ne subsiste. Il se trouvait vraisemblablement à l’emplacement du chœur actuel de la chapelle. Au XIVe s., les chevaliers de l’Hôpital de Saint-Jean de Jérusalem « héritent » des biens des Templiers et font de cet établissement le siège d’une commanderie, dépendant du Grand Prieuré d’Aquitaine. Au XVIe s., elle possède des dépendances dans soixante-six paroisses réparties sur six diocèses. Si l’histoire des ordres militaires en Bretagne reste à faire, des procès-verbaux de visite et « d’améliorissement » permettent de connaître, à partir de cette époque, l’aspect du village et de l’église du Temple. Ces données ont permis d’imaginer un projet de restauration qui redonnerait sa lisibilité historique au bâtiment.

Avant sa restauration, l’ancienne église paroissiale se compose d’un grand vaisseau unique à chevet aveugle, communiquant avec la sacristie et surmonté d’une voûte en plein cintre. Le sol est recouvert d’un dallage de schiste bleu. La toiture en ardoise reposant sur une corniche moulurée est ornée d’un clocher à huit pans sur base carrée. La façade occidentale, avec sa petite fenêtre et sa porte d’entrée appareillée, s’ouvre directement sur la voirie communale. Quatre fenêtres en plein cintre et jambages droits, ainsi qu’une porte de service, éclairent les murs gouttereaux nord et sud. Les maçonneries sont en moellons de schiste de La Gacilly, malheureusement rejointoyées au ciment. Un soubassement, également en ciment, ceinture l’édifice. Le bâtiment, en dépit de dimensions hors normes (plus de 30 mètres) pour un si petit village, est extrêmement simple. En fait, une série d’interventions lourdes, au début du XXe s., ont modifié profondément l’église des Hospitaliers, lui faisant perdre tout son sens et ses qualités esthétiques. Vers 1920, on supprime le porche d’entrée en bois, la sacristie est incendiée, puis reconstruite avec des proportions différentes. En 1935, le clocher et le mur de refend intérieur sont démolis, les proportions des baies sont modifiées et la charpente remaniée.

L’objectif des travaux, outre l’assainissement des murs et le changement de la couverture, était de retrouver la charpente d’origine, notamment pour le chœur, et de restituer le mur de refend ouvert d’un arc diaphragme qui séparait l’espace des paroissiens de celui des membres de l’ordre. En 1921, des photos nous montrent l’église des paroissiens, la nef, et l’église dite « du commandeur », le chanceau ou sanctuaire, l’espace noble. Lors des travaux, la dépose de la voûte a été l’occasion d’une découverte renforçant la double identité de l’édifice. Les fermes étaient chaulées et sculptées sur toute leur hauteur. Les arbalétriers ne présentaient aucune trace de clous. Le pignon du chœur était enduit jusque dans sa partie sommitale. Ainsi, le chanceau n’avait pas connu de voûte avant l’uniformisation des charpentes de la nef et du chœur. En conséquence, en conservant au maximum les bois anciens, la charpente du XVIIe s. a été restaurée dans ses dispositions originelles. Les surélévations des murs ont été démolies et les pannes reposées dans les engravures d’origine. Enfin, fermes, chevrons et voliges ont été chaulés de façon couvrante dans leur intégralité.

Localement, l’épisode templier a marqué les esprits. Si les sources historiques sont presque muettes, la tradition orale rapporte nombre de récits sur les « moines rouges » de Carentoir. Cette influence, mi-réelle, mi-légendaire, est aussi très présente dans le décor du mobilier. Le retable monumental en bois, daté des XVIIIe et XIXe s., reprend encore l’ensemble des symboles templiers, sceau médiéval, devise sur le fronton : non nobis domine non nobis sed nomini tuo dei gloriam. Église paroissiale jusqu’à la Révolution, l’édifice conserve aussi un ensemble de statuaire des XVIe et XVIIe siècles. La plus belle pièce est un gisant en bois sculpté et anciennement polychrome dont la qualité et le style permettent une datation de la fin du règne de saint Louis.

Pour les travaux de couverture et charpente du chœur et du clocher, la Sauvegarde de l’Art français a accordé un don de 10 000 € en 2008.

 

 

Vincent Barré

Le projet en images