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La chapelle de Vignemont à Loches est située sur un promontoire au-dessus de la vallée de l’Indre, au sud-est de l’éperon où se trouve le château, dont il est séparé par un vallon. Ce site d’occupation ancienne, peu documenté, est celui d’un cimetière hors les murs qui dépendait de la paroisse Saint-Ours de Loches, elle-même dépendante depuis le XIe s. de l’abbaye de Beaulieu, toute proche. Le vocable de Sainte-Marie est attesté depuis 1173 ; la chapelle a aussi été nommée plus tardivement Saint-Nicolas (un autel Saint-Nicolas est encore attesté en 1692 dans l’édifice), puis Notre-Dame. Une chapelle Saint-Jean l’a sans doute précédée sur le site ou à proximité.

La chapelle actuelle en pierre de tuffeau est d’origine romane, mais plusieurs étapes de constructions ont été identifiées par une analyse du bâti. Il s’agit d’un bâtiment rectangulaire comportant une nef unique de deux travées et une abside en hémicycle voûtée en cul-de-four, de dimensions modestes (19 m sur 7,60 m hors œuvre). L’abside et la première travée de la nef sont les parties les plus anciennes. L’abside était éclairée à l’origine par deux baies en plein cintre, l’une axiale partiellement obturée lors de travaux de consolidation de la voûte, et l’autre côté sud. Il n’en existait pas côté nord. Seule la première travée de la nef, carrée, est par ailleurs éclairée de grandes fenêtres, réduites très précocement, puis obturées au XVIIIe siècle. La nef était voûtée à l’origine dans le style gothique angevin, comme en témoignent les contreforts plats de la première travée, mais l’effondrement probable de cette voûte a conduit à la réalisation d’une charpente au XVIe s., conservée jusqu’à aujourd’hui. Ne subsiste qu’un seul arc doubleau, en arc brisé, qui sépare la nef du chœur. La deuxième travée, barlongue, a été remaniée entre le XVIe et le XVIIIe s., tout comme la façade, modifiée pour installer une cloche sur le pignon ouest, et dont le portail est surmonté d’un arc en plein cintre portant un écu aux armoiries effacées. En 1766, le cimetière de Vignemont, fragilisé par l’effondrement d’une partie du coteau, en 1756, est désaffecté, le site est loué et la chapelle, très endommagée par l’éboulement est utilisée comme grange après quelques opérations de consolidation (obturation des baies de l’abside notamment) ; elle est ensuite vendue comme bien national et passe en mains privées. Au début du XXe s., le couvrement de l’abside est aménagé en terrasse à gradins, des escaliers métalliques sont installés pour y accéder, provoquant des dommages importants sur la voûte.

La simplicité de l’architecture est compensée par la richesse du décor intérieur, comportant un remarquable ensemble de chapiteaux sculptés et de scènes peintes. Les vingt-deux chapiteaux qui surmontent les quatre demi-colonnes et les dix-huit colonnettes des piliers de la nef, sont ornés de sculptures d’un style roman bien identifiable, correspondant à la première période de construction de l’édifice et encore très bien conservées. Il s’agit d’un décor végétal, déclinant différentes formes de feuillage, recourbé en palmier, particulièrement riche et soigné au niveau des demi-colonnes. L’une d’entre elles, accolée au premier pilier sud est particulièrement remarquable ; elle est sculptée de reptiles ailés à double corps et tête humaine, dont les queues s’entrelacent. Les chapiteaux portent des traces de polychromie.

Quant au décor peint, il est constitué de deux ensembles successifs : un décor de finition, en faux appareil de joint rouge sur fin enduit blanc, couvrait l’intégralité des murs à l’origine. Un second décor lui a été superposé, courant sur tous les murs de 1,50 mètre du sol jusqu’en haut, délimité par des frises décoratives. Le programme de ce décor est difficile à interpréter compte tenu de l’état très dégradé de l’ensemble, et malgré les relevés effectués au XIXe s. lorsque les scènes étaient plus visibles, mais il apparaît très ambitieux. On peut notamment encore identifier une scène de la Nativité, une Adoration des Mages et une Résurrection parmi les fragments d’anges, de cavaliers ou de décors qui subsistent. Gérard Fleury rapproche stylistiquement ce décor de celui de l’ancienne église Saint-Pierre de Beaulieu, datable du XIVe siècle. La même équipe pourrait d’ailleurs avoir travaillé sur les deux sites.

Un incendie, qui a détruit un tiers de la toiture et noirci les peintures en 1998, a nécessité de premières réparations en 1999. La chapelle de Vignemont fait l’objet d’un projet de réhabilitation depuis 2002, à l’initiative de ses nouveaux propriétaires. En 2011, la Sauvegarde de l’Art français a attribué une aide de 10 000 € pour des travaux d’urgence sur l’abside.

Lydiane Gueit-Montchal

 

Arch. dép. Indre-et-Loire, archives de Loches, E-dépôt 132 /GG55 : procès-verbal de visite de la chapelle de Vignemont, 1770.

A. de Saint-Jouan, Étude préalable en vue de la restauration de l’abside de la chapelle de Vignemont, 2009.

A. Montoux, « La chapelle de Vignemont à Loches », Vieux logis de Touraine, vol. 7, 1987, p. 173-187.

G. Fleury, « La chapelle de Vignemont à Loches », Bulletin de la Société des amis du Pays lochois, vol. 20, 2005, p. 139-160.

Le projet en images

Loches (37) - chapelle de Vignemont - La Sauvegarde de l'Art Français

Loches (37) - chapelle de Vignemont - La Sauvegarde de l'Art Français

Loches (37) - chapelle de Vignemont - La Sauvegarde de l'Art Français

Loches (37) - chapelle de Vignemont - La Sauvegarde de l'Art Français