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L’origine, Saint-Pierre de Charrière, aujourd’hui simple hameau de la commune de Châteauneuf-de- Galaure, était une dépendance du prieuré clunisien de Saint-Pierre de Manthes. Ce dernier le céda en 1456 aux Cordeliers, déjà fortement implantés dans la région, à Grenoble, Crest, Embrun en 1220, Valence en 1248, Briançon en 1391. L’église, accolée aux bâtiments conventuels, consacrée en 1465, fut incendiée en 1580 et reconstruite vers la fin du XVIe siècle. L’ensemble subsista jusqu’à la Révolution, où il fut vendu comme bien national et les bâtiments transformés en exploitation agricole. Hormis la chapelle, ce qui subsiste aujourd’hui, très mutilé, ne présente pas d’intérêt. Il n’en est pas de même de la chapelle. Bien que très dégradée après deux siècles d’abandon, elle se présente comme un précieux témoin de l’art religieux rural aux XVIe et XVIIe s. dans une région qui n’en a conservé que peu d’exemples. Le plan très simple comprend une nef unique de 16,30 m de longueur sur 9,60 m de largeur. Actuellement découverte cette nef avait un plafond plat en staff dont des restes sont encore en place. Le centre comportait une rosace dont quelques éléments, petites fleurs remarquables, ont été retrouvés sur le sol. L’éclairage est assuré par deux fenêtres en arc brisé percées dans le mur sud. Un arc triomphal sépare cette nef du sanctuaire, composé d’une travée carrée terminée par une abside à trois pans, le tout couvert d’une voûte d’arêtes. Dans la travée droite du chœur, une fenêtre au sud est analogue à celles de la nef, elle a conservé un beau remplage encore très gothique. La fenêtre dans le mur sud-est du chevet paraît appartenir à la même époque, mais le dessin des remplages est différent. Une troisième fenêtre, percée dans le mur oriental, a été obturée lors de l’installation du maître-autel au XVIIe s., mais on la devine sur la paroi extérieure. Ces fenêtres, encore très gothiques d’inspiration, confirment l’importance de Charrière comme rare témoin de cette époque dans la région. Cette importance est confortée par l’étonnant décor peint à l’intérieur du sanctuaire. À lui seul il justifierait la nécessité de sauver le monument. Sur le mur méridional on distingue encore un ou plusieurs épisodes de la vie de saint François d’Assise. Beaucoup plus dégradées, les scènes du mur nord ne sont plus identifiables. Dans ce mur, la porte donnant accès à la sacristie, possède un bel encadrement en pierre avec arc en accolade et écusson orné d’armoiries. Sur les voûtes du chœur se déploient des motifs floraux, de beaux rinceaux décoratifs. Le revers de l’arc triomphal est revêtu de draperies. À l’extérieur, la façade ouest, très dépouillée, est percée d’une porte surmontée d’un arc brisé. Consciente de l’intérêt de l’édifice, la Sauvegarde de l’Art français a accordé 33 000 F en 1999 pour aider la commune à réaliser une première tranche de travaux urgents.

É. C.

Le projet en images