• Supprimer
  • Supprimer
  • Supprimer

Chapelle Sainte-Scholastique d’Étival. Chemiré se situe dans la Champagne mancelle, à une trentaine de kilomètres à l’ouest du Mans, entre les forêts de la Petite et de la Grande Charnie. La tradition rapporte qu’un ermite, Alleaume, disciple de Robert d‘Arbrissel, obtint de Raoul II, vicomte de Beaumont, baron de Sainte-Suzanne, la fondation d’un monastère à Étival en 1109. La première abbesse fut la propre sœur de Raoul, Godehilde, venue du Roncerai d’Angers. Trente et une abbesses se succédèrent en six siècles à la tête du monastère. L’une des plus célèbres, et sans doute des plus puissantes, fut Jeanne de Laval, fille de Gui II de Laval-Loué, qui dirigea le monastère de 1477 à sa mort, en 1513. Un de ses frères, Gilles, fut évêque de Sées après avoir été doyen du chapitre de la cathédrale du Mans. Dans la première moitié du XVIIe s., l’abbesse Claire Nau, apparaît dans le « Roman comique » de Scarron[1] : elle était connue pour les nombreux procès qui l’opposaient à Charlotte d’Étampes à propos du temporel de l’abbaye. Étival était en effet l’une des abbayes bénédictines les plus riches du Maine, après l’abbaye mancelle de Notre-Dame-du-Pré. Elle s’étendait sur 1200 ha, comprenant notamment moulin, forges, deux étangs. En 1789, elle comptait encore vingt religieuses : cependant, confisquée alors comme tous les biens du clergé régulier, elle fut vendue 30 000 livres, valeur très inférieure à son prix réel. L’ensemble formé par l’église abbatiale et les bâtiments monastiques servit de carrières de pierres au cours des XIXe et XXe siècles. Au milieu du XIXe s., la messe n’était plus célébrée dans ce qui restait de l’abbatiale, qui servait de chapelle de pèlerinage, notamment pour la Saint-Fiacre. Les statues qui ornaient les tombes des fondateurs furent transportées par Hucher en 1846 au Musée archéologique du Mans.

La chapelle actuelle occupe le seul bras nord du  transept de l’église abbatiale, qui a conservé son absidiole orientée. Les murs sont en petit appareil, la porte d’accès dans le mur nord est surmontée d’une archivolte ornée d’un décor géométrique. L’absidiole hémi-circulaire est confortée par deux colonnettes engagées qui jouent le rôle de contreforts. Ces colonnes appareillées sont surmontées d’une imposte qui coiffe une pierre grossièrement sculptée, en place de corbeille de chapiteau. La fenêtre d’axe éclairant l’absidiole est coiffée d’une archivolte à retour.

Une importante campagne de restauration fut conduite au début du XXe s. et une sacristie construite sur le flanc sud de l’absidiole. C’est au président de la Société archéologique de la Sarthe, Robert Triger, à l’abbé de Solesmes, aux Montalembert, Lorière, Chappée, à Jules Lair, etc. que la chapelle dut d’être non seulement restaurée mais réaffectée au culte. La cérémonie de réouverture de la chapelle en 1901 fut fixée au 11 juillet, date à laquelle le diocèse fête la translation des reliques de sainte Scholastique, à la fin du VIIe s., du Mont Cassin au Mans. Un nouvel autel fut adossé au mur oriental avec un retable restauré de Le Brun de 1780. Des statues, dont celle de saint Alleaume, furent mises en place ainsi qu’une copie de la statue de sainte Scholastique de Loué. Enfin, des vitraux en grisailles aux armes des fondateurs de l’abbaye, les vicomtes de Beaumont, garnirent les fenêtres.

Un siècle après ces travaux, la chapelle est en très mauvais état. On observe à l’angle de la  sacristie, sur le mur est du croisillon, des arrachements qui ont été interprétés par l’architecte comme les traces d’une tourelle disparue, bien qu’un dessin du XVIIe s., représentant l’ensemble des bâtiments de l’abbaye, ne montre aucune  tourelle d’escalier à cet endroit.

Pour restaurer l’ensemble de la chapelle, maçonnerie, charpente et toiture, la Sauvegarde de l’Art français a accordé en 2006 une aide de 5 000 euros.

Françoise Bercé

 

Bibliographie :

 Aux habitants d’Étival-en-Charnie et à leurs amis. Souvenirs de la fête du 11 juillet 1901 à Étival, Mamers, G. Fleury et A. Dangin, 1901, 28 p. (récit des péripéties du sauvetage de la chapelle).

Dom L. Guilloreau, abbé de Solesmes, devait publier une histoire de l’abbaye d’Étival, que nous n’avons pas pu consulter.

[1] Le Roman Comique, dans Romanciers du XVIIe s. textes présentés et annotés par Antoine Adam, Paris, 1958 (Bibliothèque de la Pléiade),  p. 763 et note p. 1437.

 

Le projet en images