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Le village de Combret est bâti sur un éperon de grès que contourne la rivière du Rance. Sa position en longueur constitue une énigme archéologique qui n’est pas encore résolue. Quatre sites ont pu être proposés comme étant le noyau primitif du village : le Pioch (mot qui signifie hauteur) de la Rode, le plus élevé, où se trouvait l’église matrice aujourd’hui disparue de Saint-Sauveur ? Le Pioch, qui est séparé du précédent par une entaille dans le rocher et porte les restes du château et l’église Saint-Jean-Baptiste ? Le village actuel s’allongeant autour de deux rues qui suivent l’arête rocheuse ? Le bout de l’éperon dit le Serre, où se dresse une croix de pierre et où, selon la tradition, se serait trouvée une autre église ?

Au XIIIe s., plusieurs seigneurs se partageaient la seigneurie de Combret : le chapitre de la cathédrale d’Albi, les Trencavel, vicomtes de Béziers, auxquels aurait succédé le comte de Rodez, l’évêque de Rodez, ou encore les chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem, devenus coseigneurs en 1196 ; d’où l’hypothèse de certains historiens selon laquelle ces derniers auraient eu une part dans la construction de la nouvelle église dédiée à saint Jean. Il y eut encore une famille de Combret, qui était vassale des vicomtes de Béziers et des comtes de Toulouse et à laquelle appartint le fameux Bernard de Combret, évêque d’Albi (1254-1271), bâtisseur du palais de la Berbie. À un niveau inférieur, figuraient les chevaliers de Combret, dits en latin barriani, parce qu’ils habitaient le faubourg ou « barri ». Les barriani, qui, à la différence des seigneurs précédents, vivaient en permanence à Combret, créèrent une culture originale, d’où seront issues en 1483 la confrérie de Notre-Dame de la Consolation dirigée par un « roi » entouré de vingt-quatre « chevaliers », et, plus tard, les maisons nobles de Combret. Cette introduction était nécessaire pour bien comprendre l’église.

L’église, d’origine romane, a subi en huit siècles de nombreuses modifications. On en possède la pierre de dédicace, replacée dans le piédroit du portail ; l’année n’est pas indiquée, mais on peut la rapporter sûrement au XIIe siècle : XVI KALENDAS DECEMBRIS DEDICACIO ISTIVS ECCLESIE SANCTI IOHANNIS BABTISTE.

L’auteur de l’inscription est un certain « PETRUS VICARIUS ». Le plan de l’église du XIIe s. était une croix latine : un sanctuaire semi-circulaire, une nef à trois travées avec un transept. La surface était alors de 75 m2.  En 1393, on allongea et on élargit la nef d’une travée et l’on déplaça le portail.

Le chœur est donc semi-circulaire avec voûte en cul-de-four et fenêtre axiale fortement ébrasée à l’intérieur. L’arc triomphal est formé d’un arc à double rouleau porté par deux demi-colonnes engagées et deux chapiteaux épannelés ayant pour tout décor deux petites volutes de feuillage. La pierre de l’autel roman, réemployée à une date inconnue (XIXe s. ?) comme emmarchement à l’entrée du chœur, a retrouvé en 1975 sa place honorable d’origine : c’est une pierre ornée sur le tour de guirlandes de feuillages, d’une réelle beauté (classée Monument historique le 7 octobre 1981).

Le mur oriental du chœur présente de part et d’autre de l’entrée du sanctuaire une étroite fenêtre romane. Chacune est cachée par un retable. Le mur sud du chœur est ouvert d’une baie romane encadrée de colonnes et de chapiteaux. Le mur nord, qui lui faisait face, a disparu lors de la construction du clocher.

La nef était probablement à l’origine couverte de charpente. Les deux baies du mur sud de la nef ont été conservées et remontées dans le mur actuel plus tardif : ouvertures étroites, entre colonnes portant des chapiteaux décorés d’entrelacs et feuillages  et des tailloirs à entrelacs, damiers et décor en cordage. Ce mur renferme, dans sa partie inférieure, des enfeus gothiques, inclus dans sa structure, ce qui permet d’attribuer la construction de ce mur à la réfection de 1393.

Le portail roman, lui aussi déplacé, s’ouvre dans le mur ouest : six colonnes avec chapiteaux soutiennent un arc à triple archivolte. Les chapiteaux sont décorés d’entrelacs, de feuilles de lauriers, d’un oiseau, d’une pomme de pin, etc. L’arc est orné d’une guirlande romane de feuillages en forme d’oiseaux et d’une tête gothique, ajoutée en clef de voûte lors du remontage.

La pierre de dédicace romane a été replacée à l’envers dans le montant droit du portail ; dans le montant gauche une inscription donne la date exacte de la reconstruction gothique, le 27 mars 1393, et son auteur : Maître Arnal Esquirol. Cette réfection a porté, comme on l’a vu, sur le bras nord du transept, contre lequel on a bâti le clocher, probablement relié alors au système défensif du château voisin, et sur la nef, allongée et élargie aux dimensions du transept. De grands arcs diaphragmes, peints d’un décor en damier, séparèrent désormais les travées et portèrent une charpente de pannes et de voliges, selon un modèle général dans l’architecture rurale de la région, utilisé aussi dans l’architecture  religieuse. Au  XVIIIe s., on  a  rabaissé d’un  mètre cette charpente et l’on a formé entre les arcs de fausses voûtes de lambris.

Au XVe s., on ajouta au nord deux chapelles avec croisées d’ogives, jadis séparées par un mur et maintenant réunies. Des chapiteaux ornés d’anges, d’un écu à la croix et d’une inscription, dans un phylactère : MESTRE OLIVIER DU FAIET (le maçon-tailleur de pierre ?) fournissent probablement une indication chrono­logique. En effet un Olivier Faiet fut membre de la confrérie de Notre-Dame de la Consolation en 1483. Les chapelles seraient donc de la fin du XVe ou du début du XVIe siècle. Enfin, à l’ouest, pour abriter le portail, on construisit un porche avec voûte sur croisée d’ogives, qui servit de lieu de sépulture pour le clergé. La surface de l’édifice fut désormais de 200 m2.

Les siècles suivants n’apportèrent pas de grandes modifications au bâtiment, sauf la réfection de la toiture au XVIIIe s., la démolition de la voûte du porche en 1822, la mise en place en 1895, sous le porche, d’une belle niche en accolade du XVe s. provenant de la porte de ville dite de la Clède, que l’on venait de démolir, et enfin la construction au sud d’une sacristie peu esthétique.

L’église s’est enrichie à partir du XVIe s. d’un certain nombre de meubles et de décors : on plaça au XVIe s. au maître-autel et dans une chapelle latérale deux retables en pierre, à pilastres et fronton de style Renaissance (classés Monuments historiques le 7 octobre 1981). À la fin du XVIIe s., s’ajoutèrent une toile figurant une Vierge à l’Enfant entre saint Joseph et sainte Élisabeth, portant le nom de la donatrice, Élisabeth de Cabrol (une des nobles familles de Combret) et la date de 1659 (classée Monument historique le 17 nov. 1997), et trois statues de bois polychrome des XVIe-XVIIe s., le Christ en croix (placé sur l’arc triomphal), saint Pierre et saint Jacques le Majeur (protégés au titre des Monuments historiques).

Au XIXe s., l’abbé Auguste-André Bel transféra le retable en pierre Renaissance du maître-autel à la chapelle de gauche et mit, à la place du premier, dans le chœur, un grand autel dans le goût de la monarchie de Juillet ou du Second Empire, avec anges adorateur et statue de saint Jean-Baptiste. Vers la même époque, on mit un retable en terre cuite (à droite), ainsi que deux plaques en fonte commémorant la restauration des confréries du Saint-Sacrement et de Notre-Dame de Consolation (1846).

En 1975, la belle table d’autel romane fut remontée à la croisée du transept et on plaça dans le soubassement, en décor, une pierre funéraire provenant d’un des enfeus et portant les armes d’une des nobles familles de Combret alliée aux Cabrol.

Depuis 1995, les charpentes et les couvertures de l’église ont fait l’objet d’une importante réfection, et, en 2000, la Sauvegarde de l’Art français a accordé 19 056 € pour le dégagement du chevet, la restauration des parements du chœur, la consolidation des décors peints du chœur et des murs.

J. D.

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