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Église paroissiale Saint-Pierre d’Aunac. Le petit village d’Aunac est un des trois chefs-lieux de paroisse de la commune de Condom. Il est posé sur un des derniers paliers qui, de la vallée du Lot, permettent d’accéder aux monts d’Aubrac. « Le plateau est exposé à des neiges abondantes, à des frimas rigoureux», convenait en 1775 Mgr Champion de Cicé, évêque de Rodez (A. D. Aveyron G 127). Aunac voisinait avec l’abbaye de Bonneval (cisterciens) au sud-ouest et la domerie d’Aubrac (augustins) au nord-est. Le lieu, habité dès l’époque romaine (tegulae), est cité pour la première fois dans les archives en 1264. Les pouillés désignent Aunac comme prieuré séculier à la nomination de l’évêque. La paroisse a perdu, au cours des temps, une partie de son territoire au profit de l’église de La Bastide-d’Aubrac (1748-1777), puis de la nouvelle paroisse de Salgues, ancien chef-lieu seigneurial du secteur (1862). Du fait de ces deux amputations, la paroisse d’Aunac était condamnée : le dernier curé résidant se retira en 1914.

L’église Saint-Pierre d’Aunac est un édifice trapu, composé d’éléments simples ajoutés les uns aux autres au cours des âges : une nef rectangulaire, un sanctuaire à chevet arrondi, une sacristie au nord (XVIIe s.) et deux chapelles latérales (XVe s.), dont les toits sont plus bas que celui de la nef ; un auvent au-dessus de la porte, au sud ; un clocher coiffé d’un toit à quatre versants, à l’ouest. Les matériaux de construction sont tous extraits du voisinage : le schiste brun des murs est celui du sol, les encadrements et les pierres d’angle viennent des terrains calcaires qui sont au sud, tandis que le basalte de l’Aubrac a été utilisé pour asseoir le clocher.

De l’édifice roman d’origine il ne reste au fond de la nef que deux colonnes engagées et tronquées du fait de l’édification tardive d’une tribune. Cette nef dessine un rectangle, légèrement déformé. Le chœur, voûté en cul-de-four,  pourrait remonter aux XIIe et XIIIe siècles. C’est au XVe s. que, pour les besoins de la liturgie, on aurait muré la fenêtre axiale et ouvert latéralement deux fenêtres, dont seule subsiste celle du sud. On a ajouté au XVe s., de part et d’autre de la nef, deux chapelles formant transept. Celle du nord, dédiée à saint Martial, premier évangélisateur du Rouergue selon la légende, a une voûte en arc brisé. Celle du sud, dédiée à Notre-Dame de Pitié et originellement à saint Macaire, est un petit édifice du XVe s., à croisée d’ogives retombant sur des culots ornés de visages assez grossiers. Elle a servi de chapelle funéraire pour les seigneurs de Salgues. C’est ce qui explique diverses transformations (XVIIe s.), le relèvement du sol et par conséquent la position anormalement basse de la piscine.

Le clocher rectangulaire dressé au fond de la nef, bien qu’en harmonie avec le reste de l’édifice, est de construction récente, sans doute postérieure à 1856, date à laquelle on signale comme existant toujours, mais en mauvais état, le clocher primitif qui dominait l’arc triomphal. On accède au clocher actuel par un petit escalier en vis bâti à l’extérieur à l’angle nord-ouest.

Le décor peint et le mobilier méritent une mention. À l’intérieur, du côté de la chapelle des seigneurs de Salgues, au sud, on voit les vestiges d’une litre funéraire, dont une maladroite restauration en 1879 avait révélé les armoiries (au nombre de trois) attribuables à une Moré épouse d’un Laparra de Salgues (de gueules à trois bandes d’or) et datables de la deuxième moitié du XVIIIe s. Les trois retables subsistants (inscrits à l’I.S.M.H. en 1999) sont ornés, celui du maître-autel, des statues des saints Pierre et Paul, Abdon et Sennen (dévotion pour les biens de la terre), celui de la chapelle Saint-Martial d’un bas-relief en bois figurant saint Martial et un ange (XVIIe s.), celui de la chapelle Notre-Dame-de-Pitié d’un bas-relief en bois figurant une Pietà entourée des objets de la Passion, à l’exclusion de la croix.

On a remonté au clocher deux cloches anciennes, l’une de 1608 (Saint-Pierre), l’autre de 1731, toutes deux classées M. H. (1999).

Enfin, on ne peut franchir la porte de l’église sans contempler, au-dessus de la porte du XVe s., une surprenante peinture murale représentant un bateau à voiles (la barque de saint Pierre) accompagnée des dates des trois réfections les plus récentes de l’édifice : 1606, 1879 (clocher, enduits), 1930… Il faudrait ajouter celle de 2002, année de l’achèvement des travaux de restauration, à laquelle a pris part de façon compétente et décisive l’association des Amis d’Aunac créée en 1999.

Pour l’assainissement, la consolidation des murs, la couverture et la zinguerie, la Sauvegarde de l’Art français a accordé 4 500 € en 2003.

J. D.

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