• Supprimer
  • Supprimer
  • Supprimer

La commanderie d’Épailly a été établie dans un vallon en 1209, par Milon, comte de Bar-sur-Seine, pour l’ordre des Templiers, alors en pleine expansion. De nombreuses donations effectuées par d’autres personnages de haut rang et des acquisitions de terres par les frères du Temple complétèrent cette installation. Á la tête de cet établissement figurera, entre autres, Hugues de Pairaud, visiteur général des Maisons de la Chevalerie du Temple, condamné à la prison à vie en 1314, lors du procès intenté à l’ordre. De cette époque subsistent la chapelle et une cave à usage de cellier, située sous l’actuel corps de logis des fermiers, construit au XIXe siècle.

Après la dévolution de leurs biens aux Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem au début du XIVe s., le prieur de Champagne y établit sa résidence. En 1360, le duc de Bourgogne, Philippe de Rouvres, l’autorise à la fortifier, ce dont témoignent encore les vestiges d’un mur d’enceinte et de fossés. Divers bâtiments, grange, colombier, répartis autour d’une basse-cour, complètent cette installation.

La commanderie restera propriété de l’ordre de Malte jusqu’à la Révolution. Vendue comme bien national à un fermier, elle sera acquise par une famille de Rhénanie en 1938, dont la descendante s’attache actuellement à la remise en valeur du site et à la restauration de la chapelle.

Cette chapelle a échappé à la démolition en 1768, puis en 1884. La Commission des Antiquités de la Côte-d’Or la fit inscrire monument historique en 1925, mais elle n’en subit pas moins d’importantes mutilations lors de sa transformation en bâtiment agricole dans les années 1950.

Elle est régulièrement orientée et placée dans l’angle sud-est de l’enclos de la cour supérieure. Elle est construite sur un plan barlong, formé d’une nef de trois travées, couvertes de voûtes sexpartites à l’origine, dont une partie a été démolie et une autre s’est effondrée à une période récente. Le chœur, d’une demi-travée et chevet polygonal à cinq pans, est encore couvert de voûtes sur croisée d’ogives, à clé figurée. Les nervures des voûtes retombent en alternance sur trois colonnettes ou sur une seule colonnette, à chapiteaux feuillagés, dont les crochets sont parfois remplacés par des têtes humaines, dans lesquelles certains auteurs ont voulu voir des têtes de Templiers. Ces colonnettes reposent sur des culots coniques ou figurés. Des traces de polychromie apparaissent encore sur les parties sculptées. Des enfeus, couverts d’arcs brisés, ont été pratiqués dans le mur du chevet.

Une chapelle a été accolée au sud de la nef, avec laquelle elle communique par une baie en arc brisé. Elle s’élève sur un plan massé, de deux travées, couvertes de voûtes sur croisée d’ogives dont les nervures retombent sur des colonnettes engagées descendant jusqu’au sol. Les chapiteaux, sont comme ceux de la nef, sculptés de feuillages stylisés. Sur le mur sud de la première travée a été aménagé un enfeu.

Extérieurement, l’élévation présente une grande unité stylistique, due probablement à la rapidité de la campagne de construction. Cette élévation est formée de baies hautes en tiers-point, sans remplages, partiellement ou en totalité murées. Elles sont séparées par des contreforts à deux ressauts, placés au niveau des retombées des nervures des voûtes de la nef. La chapelle, également épaulée par trois contreforts, était éclairée par une baie à remplages, sans doute plus tardive, côté ouest, et deux baies ébrasées  actuellement murées.

La façade ouest est composée d’un mur à pignon découvert, percé d’un portail surmonté d’un triplet de baies en tiers-point. Le portail présente les caractéristiques de l’architecture gothique du début du XIIIe siècle : une porte à deux vantaux séparés par une colonnette axiale prise sous une archivolte à quatre rouleaux en plein cintre, retombant sur des colonnettes à chapiteaux à crochets. Un porche, couvert d’une voûte, dont subsiste l’arc formeret, abritait le portail.

La chapelle est couverte d’une charpente supportant une toiture à deux versants.

Pour permettre le sauvetage de l’édifice par l’exécution de travaux de maçonnerie, charpente et couverture, la Sauvegarde de l’Art français a versé 40 000 € en 2006, s’engageant à verser la même somme au cours des années 2007 et 2008.

Bernard Sonnet

 

Le projet en images