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Situé dans un site pittoresque de la vallée de l’Indre, un peu en amont de l’abbaye carolingienne de Cormery, le bourg de Courçay et son église appartenaient à la collégiale Saint-Martin-de-Tours, possession confirmée par Charles le Simple et Hugues Capet. En 1119, l’archevêque de Tours, Gilbert, céda à la collégiale le droit de justice et le droit de présentation à la cure. Le chapitre de la collégiale fit alors de Courçay une prévôté dont le siège, situé en contrebas de l’église, près des moulins, fut fortifié au XVesiècle.

L’église, dédiée à saint Urbain, pape martyre du IIIes., est un édifice roman construit en plusieurs étapes au XIIesiècle. La nef a ses murs gouttereaux renforcés de contreforts plats, appareillés et percés de petites fenêtres en plein cintre sans décor. Elle n’est pas voûtée. Elle a été surélevée sans doute lors de la reconstruction de sa charpente et couverture, après les troubles de la guerre de Cent Ans qui dévastèrent la région.

Le chœur est fait de deux travées voûtées en berceau brisé, terminé par une abside semi-circulaire, couverte d’un cul-de-four et percée de trois fenêtres en plein cintre.

Á l’extérieur, la corniche est portée par des modillons sculptés de masques d’animaux et d’enroulements. Le décor de dents de loup, qui orne sa partie supérieure, se retrouve sur les tablettes des modillons : il est à rapprocher de celui de la collégiale de Loches dans sa partie médiane datée des années 1160-1170.

L’élément le plus impressionnant de cette église est son haut clocher, antérieur à la nef primitive et au chœur voûté. Il est constitué d’une tour carrée, pratiquement aveugle et renforcée de contreforts plats au milieu de chacune de ses faces et dans les angles. Au-dessus, deux étages d’ouvertures en plein cintre, larges et sans décor, soulignés par des cordons moulurés, correspondent au beffroi. Le tout est couronné par une flèche octogonale en mitre, cantonnée à sa base par quatre lucarnes pourvues de hauts gâbles. Cette construction, toute en blocage, a un aspect très rustique qui ne justifie pas pour autant une très grande ancienneté. On retrouve ce type de clocher à Esvres et à Veigné, en aval de Cormery, mais également à Saint-Quentin-sur-Indrois, simplifié avec un seul niveau d’ouvertures pour le beffroi et sans les moulures qui soulignent cet étage. Des flèches de blocage en mitre, comparables, bien que plus modestes et plus écrasées, sont mises en oeuvre au prieuré de Saint-Jean-de-Grès (Arcy-sur-Cher), aux églises de Génillé, de Saint-Martin-d’Oizay (commune de Bridoré).

Comme la plupart des églises de la région, celle-ci a été dépouillée de la presque totalité de son mobilier à l’époque des guerres religieuses et de la Révolution, à l’exception, cependant, d’une cuve baptismale du XIIes. et d’une Vierge à l’Enfant du XIVe siècle.

La Sauvegarde de l’Art français a accordé en 2007 une aide de 3 500 € pour contribuer à la création d’un beffroi, la pose d’abat-sons et la protection contre la foudre.

Philippe Chapu

 

Bibliographie :

  1. Deyres, Belles églises de Touraine, Tours 1979, p. 108-110.
  2. Ranjard, La Touraine archéologique, Tours, p. 301-302.

J.-X. Carré de Busserolle, Dictionnaire géographique historique et biographique d’Indre-et-Loire et de l’ancienne province de Touraine, t. II, Tours 1879, p. 388-390.

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