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L’église Sainte-Madeleine de Courrensan apparaît au XVIe s. dans les sources, sous la forme de la fondation, en 1555, d’une chapelle dédiée à la Madeleine dans l’église paroissiale. En effet, l’église primitive, initialement dédiée à saint Martin puis, semble-t-il, à saint Martial, ne se situait pas originellement au bourg, mais à l’extérieur du village, sur la rive droite de l’Auzoue, si l’on en croit les lieux-dits subsistant au cadastre. Cette église originelle a dû voir son usage décliner aux temps modernes, car l’église Sainte-Madeleine, établie au faubourg de Courrensan (s’agit-il de la fondation de 1555, ou de son transfert ?), possède déjà le titre paroissial vers 1673, Saint-Martial étant devenu son annexe. Le village lui-même est un castelnau du XIe s., une urbanisation volontaire et organisée sur un éperon barré, dominé par un château. Le territoire de Courrensan relève de la vicomté de Lomagne, dont les titulaires ont sans doute eu l’initiative de cet incastellamento. Comme beaucoup de fondations de ce type, le castelnau de Courrensan ne comportait pas d’église à l’origine, et c’est aux abords immédiats de l’enceinte, à l’extérieur de celle-ci, que le lieu de culte est venu se fixer postérieurement, peut-être d’ailleurs dans le cadre d’une seconde urbanisation délibérée, car le faubourg, dénommé symptomatiquement « la Bastide », porte aussi la marque d’une trame régulière, à deux rues parallèles.

Bien que fort simple, l’édifice a une histoire un peu mouvementée et a connu une réforme substantielle au XIXe siècle. À l’origine, il s’agit d’un édifice rectangulaire, à chevet plat, couvert en charpente : il est difficile de faire plus modeste en matière d’ambition architecturale. Un petit clocher carré le flanque à l’ouest, l’entrée se fait au sud, sous un porche charpenté. La construction est cependant soignée, en un moyen appareil de calcaire, encore visible sur le mur nord, ce qui a laissé penser qu’en cet endroit l’église s’adossait au mur du faubourg fortifié (elle domine l’escarpement du vallon), ou formait part de sa défense. Au XVIIIe s., le seigneur de Courrensan, Gérard Dupleix de Cadignan, fait construire une chapelle au nord, dédiée à la Vierge, puis pourvoit au décor du chœur, avec un ensemble de lambris, autel et retable. Canoniquement, ce n’est pourtant pas lui le patron de l’église, car depuis le XIe siècle et une donation du vicomte de Lomagne, la paroisse appartient au prieuré de Saint-Mont, qui relève lui-même de l’abbaye de Cluny. Le prieur de Saint-Mont perçoit les dîmes, nomme le curé et pourvoit à l’exercice du culte et aux réparations de l’édifice. Mais le possesseur du château pouvait légitimement, en paroissien concerné au premier chef, avoir un peu plus d’ambitions pour l’église du lieu, et affecter à la chapelle bâtie vers 1760 une typique fonction funéraire pour sa famille. La Révolution (qui voit par ailleurs la disparition de l’ancienne église Saint-Martial) ferme un temps l’église Sainte-Madeleine et livre ses cloches à l’effort de guerre. Après le Concordat, l’édifice resté sans entretien est rouvert, mais son état précaire est souligné dans de nombreux comptes rendus de visite ; en particulier, le plafond, la toiture, l’escalier du clocher, réparés ou refaits, vaille que vaille, se dégradent progressivement. L’argent manque, la commune ne peut ou ne veut entrer dans des frais. Ce sont finalement des legs faits à la fabrique qui entraîneront une dynamique de modernisation : une nouvelle sacristie est construite à l’est, une chapelle est disposée symétriquement à celle des Dupleix de Cadignan, formant faux-transept, le porche est démoli, l’ancienne porte murée et l’entrée reportée à l’ouest, par un vestibule qui englobe la base du clocher. Celui-ci est surélevé et doté d’une toiture en pavillon aigu couverte d’ardoises, la charpente, la toiture et le plafond de la nef sont refaits. Tous ces travaux sont menés de 1884 à 1888, et la commune a finalement dû s’acquitter d’une bonne partie de la dépense. On a complété le décor intérieur : un peintre de Lectoure, Lasseran, a peint murs et plafond en 1894 (ce décor disparaîtra en 1960). En 1911, l’abbé Darblade s’enorgueillit de la théorie de statues qui peuple son église : le Sacré-Cœur, Notre-Dame de Lourdes, sainte Jeanne d’Arc…

Depuis plus d’une vingtaine d’années, de nombreuses lézardes apparues aux murs de la chapelle latérale nord, construite à la rupture de pente, et à la sacristie, ainsi que des faiblesses dans la charpente, ont inquiété les responsables : un arrêté municipal a fermé l’église au public en 1998. Une expertise géotechnique réalisée en 2003 était alarmante quant aux conditions de stabilité. Cependant, l’étude préalable confiée à M. Pierre Cadot, architecte du patrimoine, et remise en 2005, a permis de relativiser la portée des désordres, en les replaçant dans le contexte historique des vicissitudes de l’édifice : des solutions pragmatiques et échelonnées dans le temps ont ainsi pu être proposées, traçant une perspective pour la restauration et la réouverture de cette église. Une première tranche, qui consiste en la reprise des fondations de la chapelle de la Vierge, ainsi que dans la reconstruction du contrefort nord, a reçu, sur un budget de 47 639 € H.T., une aide de 23 7097 € de la Sauvegarde de l’Art français, versée en 2006.

 

Olivier Poisson

Le projet en images