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Le monastère des Bénédictines de Craon édifié au début du XVIIe s. par les Frères Prêcheurs a subi, depuis, bien des vicissitudes, savamment retracées par M. l’abbé Frédéric Lemeunier, secrétaire général de la Société historique de la province du Maine. Acquis comme bien national, en 1791, par le directoire de la Ville de Craon, cet ancien couvent dominicain a simultanément abrité la municipalité, le tribunal révolutionnaire, la gendarmerie, une prison, un théâtre, une salle des ventes, un grenier public, une bibliothèque et même une loge maçonnique, la chapelle restant réservée au culte constitutionnel.

Il était dans un état de délabrement inquiétant quand il fut en 1829 racheté à la commune pour y établir une communauté de religieuses bénédictines dont la fondatrice fut la mère St-Louis-de-Gonzague, née Délie de Cossé Brissac, décédée en 1869, à 80 ans. Cinq prieures seulement lui ont fait suite depuis plus d’un siècle, toutes marquées du même rayonnement dynamique que leur devancière. En dépit d’une vie constamment difficile en raison notamment de l’état déplorable des bâtiments, cette communauté a poursuivi son vigoureux épanouissement – elle rassemble quelque 60 moniales, exerçant de multiples activités intellectuelles, manuelles et rurales. Fidèle à l’esprit de saint Benoît, elle attache une primordiale importance à la célébration de l’office (en latin) très appréciée des nombreux laïcs familiers de leur église. Derrière leur clôture, les Bénédictines sont très attentives à l’activité de leur époque et du monde extérieur dans les domaines de la spiritualité, des œuvres de bienfaisance et de la vie intellectuelle. Leur vertu d’accueil est particulièrement goûtée par de nombreux visiteurs et par le clergé africain. On ne peut s’empêcher, au contact de ce couvent, d’évoquer les grands monastères de l’Ordre, tant masculins que féminins, qui furent, au Moyen Âge les foyers de prière et de culture que l’on sait.

Le monastère avait donc subi, sur le plan architectural, l’épreuve du temps et de restaurations plus ou moins discutables. Il n’en subsistait pas moins un cloître, quelques bâtiments, une cour, des servitudes où survivait le style originel. Un tel ensemble méritait de recouvrer la sobre et solide beauté de l’art classique du début du xviie s. La réussite des travaux importants menés à bien depuis 1975 est due essentiellement à l’impulsion si éclairée d’un maître d’œuvre tel que M. Henri Couasnon, architecte des Bâtiments de France de l’Ille-et-Vilaine et de la Mayenne. La restauration du cloître a remis en valeur la charpente ancienne, masquée par un plafond de plâtre et révélé la haute qualité d’un artisan local, auteur d’un véritable chef-d’œuvre de menuiserie. Cette rénovation a été heureusement étendue au bâtiment d’époque sur lequel il s’appuie et qu’il fallait à tout prix mettre hors d’eau. Un très bel escalier d’origine débouchant sur le cloître est encore en cours de restauration. Les quelque 40 millions consacrés par la Sauvegarde à ce monastère font revivre le beau style classique en même temps qu’ils contribuent à la vitalité d’une communauté, à bien des titres, exemplaire.

Ch. de C. B.

 

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