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L’église Saint-Jean-Baptiste de Crupies dépendait du prieuré de Bourdeaux (1031) qui relevait de l’abbaye bénédictine de Savigny (Rhône). Elle est citée en 1107.

L’édifice est probablement édifié sur un site gallo-romain, en raison du grand nombre des pierres de taille de grand appareil en réemploi provenant du sud du département, et des nombreux fragments de tegulae trouvés in situ. Cette hypothèse est corroborée par la découverte très récente, au sud de l’église, de monnaies de bronze de Vespasien, Crispine (femme de Commode) et Caracalla.

Quelques sources mentionnent l’église. La visite pastorale de 1644 décrit l’état de l’édifice en ces termes : « … La dite église est ruinée. Il y a seulement partie des murailles… Il n’y a ni couvert, ni cloche, ni clocher… Personne… ne fait les fonctions curiales… 60 maisons huguenotes. Il n’y a que le procureur d’office catholique. » Bien qu’aucun texte ne mentionne le saccage de l’église, il est fort possible que l’état de 1644 résulte des guerres de Religion, ou de l’abandon de l’édifice dans un pays exclusivement protestant. La visite pastorale de 1736 ne dresse aucun constat sur l’état de l’église. C’est donc entre 1644 et 1736 qu’il faut situer sa reconstruction.

En aval, et isolée du village, l’église est implantée sur le replat d’un serre dominant la vallée du Roubion. Son plan se compose d’une nef unique à deux travées, précédant une travée de chœur carrée et terminée par une abside hémicirculaire. La nef et la travée de chœur sont voûtées en plein cintre, et l’abside en cul-de-four, l’ensemble composant un édifice en trois volumes distincts.

Les élévations nord et sud sont rythmées de puissants contreforts. La nef est éclairée par des baies modernes, à double embrasure, alors que l’élévation sud de la travée droite du chœur est percée d’une petite baie en plein cintre et d’un portail roman dont un des piédroits est masqué par un contrefort. L’abside est aveugle et seul un petit oculus éclaire à l’est la travée droite du chœur. L’élévation occidentale formant un clocher-mur, dépourvu de cloche, est percée d’un portail en plein cintre et est surmontée d’un grand oculus.

Les maçonneries du chevet et le pied de mur sud de la travée droite du chœur sont constitués de petits moellons équarris assisés ; ailleurs les maçonneries sont en moellons de moyen appareil, à l’exclusion de la façade ouest, sur un tiers de sa hauteur. L’emploi de ces différents appareils révèle, semble-t-il, plusieurs campagnes de travaux. L’ensemble est couvert en tuiles creuses sur une forme à la chaux.

L’abside a été très remaniée. On discerne le tracé de deux baies aujourd’hui aveugles.

L’arc triomphal précédant le choeur prend appui sur des pilastres très saillants. Quant à la nef, elle est rythmée par des arcs de décharge typiques des églises romanes du Dauphiné, disposition que l’on retrouve également dans les départements de la Drôme et de l’Isère.

Malgré la reconstruction partielle de l’église, celle-ci garde de nombreux vestiges romans qui lui confèrent tout son charme.

Les travaux de restauration ont consisté à refaire la couverture, en respectant la disposition originelle du débord de toiture. A l’occasion de cette campagne, deux tuiles ont été trouvées qui portent la mention, pour l’une : « Fait pour l’église de Crupies », pour l’autre, la date de 1703 et une signature : « Noyers maître tuilier ».

Les joints ont été traités au « safre », sable gréseux local, fourni aimablement par un habitant de la commune. La cloche de l’église, qui avait été installée au temple au XIXe s., est revenue à sa place initiale.

En 2008, la Sauvegarde de l’Art Français a participé pour un montant de 14 000 € à cette campagne.

Olivier Naviglio

Le projet en images