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L’église paroissiale d’Épineuil, sous le vocable de saint Étienne, relevait depuis le IXe s. au moins de l’abbaye Saint-Michel de Tonnerre et du diocèse de Langres. Aujourd’hui elle n’est plus complète : le 11 juillet 1947, lorsque sa nef s’effondra, on renonça à la reconstruire et on se contenta de clore l’édifice à l’ouest en y incluant l’ancien  portail de la façade occidentale. Ce dernier est composé d’un arc mouluré en plein cintre encadrant un tympan nu gravé d’une simple croix, reposant de chaque côté sur deux colonnes surmontées de chapiteaux à crochets. Malgré son apparence romane, il est plutôt de la fin du XIIe, voire du début du XIIIe s. et faisait alors partie, semble-t-il, d’un édifice homogène.

En effet, au-delà des extensions du XVIe s., l’église Saint-Étienne paraît avoir été d’une construction  ancienne et cohérente  de l’ouest à l’est. On ne peut rien dire de la nef unique, charpentée, aujourd’hui disparue, mais que les descriptions antérieures datent du XIIIe siècle. Vient ensuite la dernière travée de la nef portant la tour carrée du clocher, elle-même percée de quatre baies en plein cintre : des vestiges de piliers composés de colonnes et colonnettes surmontées de chapiteaux à crochets, et une voûte sexpartite dont le centre est ouvert pour le service des cloches, confirment une datation vers la fin du XIIe siècle. Puis la travée centrale de l’actuel transept est encadrée par les mêmes supports. L’église s’achève par une abside semi-circulaire, surélevée de quatre marches,  de belle qualité et de la même époque : au-dessus d’un soubassement, le mur est percé de sept baies étroites et hautes, séparées par un groupe de trois colonnettes engagées ; la voûte est faite de huit branches d’ogives, au profil en amande,  rayonnant autour d’un clef décorée de feuillages ; on remarque la moulure des tailloirs qui forme un cordon continu, contournant à angle droit les fenêtres et créant ainsi un rythme tout à fait particulier. À l’extérieur, la même corniche à modillons lisses et curvilignes court sur le pourtour de l’abside, comme sous la flèche d’ardoises du clocher.

Ce premier édifice, ancien et relativement homogène, a été remanié vers la fin du XVe et au XVIe s., tout d’abord par l’adjonction de collatéraux au nord et au sud de la travée portant le clocher, comme le prouvent les piliers à nervures prismatiques sans chapiteaux, les fenêtres à lancettes et, côté sud, un joli portail en anse de panier décorée de choux frisés. À l’angle sud-ouest du clocher, a été construite, sur un plan quadrilatéral et en bel appareil, une tourelle d’escalier. Puis l’actuel transept, largement éclairé, a été édifié en utilisant la travée précédant l’abside que l’on a couverte d’une voûte à liernes et tiercerons, et à laquelle on a ajouté un bras au nord comme au sud ; les caractéristiques stylistiques sont analogues et les voûtes à liernes et tiercerons sont scandées d’écussons  lisses ou de médaillons aux sculptures mutilées (au bras sud, la grosse clef de voûte centrale est sculptée de grappes de raisin et de feuilles de vigne polychromes). À l’extérieur, du côté sud, on remarque des détails raffinés, une niche à coquille et un cadran solaire.

Sur les murs gouttereaux nord et sud apparaissent des peintures en trompe-l’œil  représentant des apôtres : on en reconnaît huit (Jean, Philippe, Barthélemy…). Outre le décor architectural (une niche et une piscine), l’église possède un bel ensemble de sculptures en pierre et en bois (saint Étienne, saint Nicolas, saint Vincent…) et une chaire remarquable sculptée par Jean Nicole en 1765.

La première tranche de la restauration générale a permis le drainage, la reprise de la maçonnerie intérieure, ainsi que des travaux à la charpente et à la couverture. La Sauvegarde de l’Art français a donné en 2001 la somme de 15 245 €.

L. S.-P.

 

Bibliographie :

M. Le Maistre, « Épineuil », Annuaire statistique du département de l’Yonne, 1852, p. 333-343.

M. Quantin, Répertoire archéologique du département de l’Yonne, Paris, 1868, col. 270-271.

M. Pignard-Péguet, Histoire de l’Yonne, Paris, 1913, p. 899-900. (Réimpression : Histoire des communes de l’Yonne, 01960 Péronnas, 1998.)

J.-Y. Bacle, « Histoire d’Épineuil », Bulletin de la Société d’archéologie et d’histoire du Tonnerrois, n° 30, 1977, p. 48-52 ; n° 31, 1978, p. 43-48 ; n° 32, 1979, p. 50-58.

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