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Les origines de l’église Saint-Jean-Baptiste sont assez bien connues grâce à plusieurs documents, dont le plus ancien est gravé sur deux pierres d’appareil, à l’intérieur de l’absidiole méridionale devenue sacristie ; on peut y lire :

XVII KALENDAS IANVARII / DEDICACIO / ISTIVS ALT / [A]RE . IN HONORE /

SA[NC]TORV[M] A[POSTOLORVM (?)] PET[RI ET PAVLI (?)] SANCTI […]

« Le 17 des calendes de janvier [16 décembre], dédicace [i.e. consécration] de cet autel en l’honneur des saints apôtres Pierre et Paul (?), et de saint… ».

On peut penser que la construction de l’édifice a pu suivre d’assez près la rédaction d’un autre document, qui signale le don d’une église de Scalens à l’abbaye d’Eauze en 1088, lors de l’adoption de la règle de Cluny. Cette abbaye a fondé à Escalans un prieuré auquel elle a donné son propre vocable – saint Luperc –, qui est devenu dans le parler local Saint-Loubert.

Un siècle et demi plus tard, le 12 juin 1230, Scalans est donné par l’archevêque d’Auch à la puissante abbaye de la Grande-Sauve, dans l’Entre-Deux-Mers ; cette abbaye étant très éloignée, l’église fut placée sous la dépendance immédiate du prieuré tout proche de Gabarret. Elle changea alors de vocable, pour prendre celui de Saint-Jean-Baptiste, qu’elle a gardé jusqu’à nos jours.

Escalans, bien que sous la dépendance de la Sauve-Majeure, versait la dîme à l’archevêque d’Auch. On possède le procès-verbal de la visite du représentant de ce dernier, le 19 janvier 1546 : l’église paraissait bien bâtie, seuls le chœur et les chapelles étaient voûtés, les murs de la nef avaient dû être refaits pour permettre de couvrir également cette partie d’une voûte. La penne (le clocher-mur) était vieille, mais « de bonne matière pour durer longtemps », enfin il existait un porche bien construit.

On sait qu’au cours du XIXe s., l’église a fait l’objet de plusieurs campagnes de travaux, dont deux méritent surtout de retenir l’attention : en 1865, le châtelain d’Escalans, M. Delille, fit orner le chœur des peintures que l’on y voit encore ; en 1906, on dota l’église d’un maître-autel de marbre, d’une grille de fer, de sept vitraux, de cloches, d’une chaire en bois, de fonts baptismaux avec grille en bois, d’un bénitier en pierre et de six statues.

Vint ensuite une longue période où l’attention se détourna de cette église, un peu isolée, vers l’église annexe Sainte-Meille, plus proche du centre administratif de la commune. On se contentera, en 1935, de démolir le porche en ne conservant que la partie basse de son mur jusqu’à un mètre du sol pour servir de clôture, et, en 1983, de réparer sommairement la toiture.

Il semble que l’église ancienne comportait une nef prolongée par une abside, un peu plus étroite, flanquée de deux absidioles qui ouvraient sur deux chapelles de plan carré, formant un faux transept.

L’abside, épaulée par des contreforts à ressauts, est percée de fenêtres qui s’inscrivent dans un arc plus profond. Les absidioles, dont seule demeure celle du sud, étaient percées d’une étroite fenêtre à linteau monolithe ; celle du sud a été refaite, mais on peut voir quelques-uns de ses éléments en remploi au nord. Aucun contrefort ne renforce la nef ni les chapelles formant transept, qui devaient être couvertes d’une charpente. C’est probablement au cours de la guerre de Cent ans que le bras sud du faux transept a été modifié et son mur occidental renforcé pour permettre la construction d’une tourelle accédant à un étage fortifié.

À l’intérieur, l’abside a été couverte d’une voûte hémicirculaire en moellons enduits ; elle est ornée en partie basse d’une arcature, complétée en 1845 au plâtre, lorsque la voûte reçut un nouveau décor ; on peut lire des traces très fragmentaires du décor ancien. Les absidioles ouvrent sur les bras du transept par un arc étroit dont les piédroits, simplement moulurés, sont couronnés d’impostes. Cependant, on retrouve le décor de palmettes des piédroits prolongé par trois rangs de billettes, au sud, sur le bandeau qui marque la naissance de la voûte en berceau et du cul-de-four. Sur l’arc en pierre, un décor de rosaces est à peine lisible, tandis que sur les parties réparées en brique a été porté un faux appareil de claveaux, couleur ocre. Le mobilier, dont l’état est médiocre, ne comporte guère qu’une cuve polygonale en pierre de belles dimensions qui sert de fonts baptismaux.

La Sauvegarde de l’Art français a accordé 10 000 € en 2005, pour des reprises de maçonneries et la réfection de la charpente et de la couverture.

Vincent Mateos

Bibliographie :

Arch. Sauvegarde de l’Art français : Cl. Desqueyroux, arch. DPLG, étude préalable à la  restauration d’ensemble de l’édifice.

Le projet en images