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L’église Notre-Dame d’Estang est située dans la partie occidentale du département, proche des Landes ; elle était d’ailleurs, au XVIe s., à la collation de l’évêque d’Aire. C’est seulement à cette époque qu’elle apparaît dans les écrits. Une date aussi tardive est d’autant plus étonnante qu’il s’agit d’un très bel édifice d’origine romane. La toponymie nous en apprend un peu plus : elle était implantée près d’un château (castel bielh) lui-même mentionné dès le XIIe s. dans le cartulaire de Saint-Mont, mais séparée par une zone marécageuse du castrum ou castellum d’Estang, castelnau attesté, lui, au XIIIe siècle.

Pendant les guerres de Religion, au cours d’une expédition de Montgommery, l’église fut pillée, dépouillée de ses quatre cloches, de ses ornements, de ses livres et de ses trésors, brûlée et ruinée. Son histoire est beaucoup mieux documentée à partir de la fin du XVIIIe siècle. Après avoir reçu la foudre en 1787, le pignon occidental, qui était flanqué d’une tour-clocher surmontée d’une flèche de forme conique, se lézarda. En 1863, l’état des parties remontant au XVIe s. devint inquiétant en raison de la fragilité des fondations (fissures, chutes de pierres). On y remédia non sans hésitations ni litiges. Une troisième travée fut ajoutée à la nef prolongée par un clocher-porche. Les travaux furent exécutés à partir de 1867 sous la responsabilité de M. Duran, architecte de la basilique de Lourdes, et suscitèrent l’admiration des contemporains.

L’église se signale donc par son clocher-porche de style néo-roman accosté de deux tourelles. On distingue quatre niveaux : le porche, surmonté d’un fronton triangulaire, le niveau de la tribune percée de deux fenêtres géminées surmontées d’un oculus, celui de l’horloge flanquée de deux meurtrières, celui enfin des cloches installées derrière deux grandes fenêtres géminées. La tourelle sud abrite l’escalier qui dessert les niveaux. Le clocher a été construit en calcaire blanc ; le reste de l’édifice est en grès jaune.

Les murs de la nef et ceux des bas-côtés sont percés de trois fenêtres en plein cintre ; deux puissants contreforts les épaulent ; au sud, un édicule occupe l’angle formé par le bas-côté et le bras occidental du transept. Les murs du transept ont été surélevés ; ils sont contrebutés par des contreforts et percés au sud d’une étroite et haute fenêtre romane surmontée d’un oculus, au nord et à l’ouest, d’une fenêtre romane.

Au chevet, une haute abside est flanquée de deux petites absidioles qui prolongent le transept. Quatre contreforts épaulent l’abside percée de trois baies ; chaque absidiole est percée de deux baies, l’une dans l’axe, l’autre latérale, entre lesquelles s’élève un contrefort ; toutes ces baies ont été remaniées. Un cordon de billettes courait à l’origine autour du chevet ; il n’en reste que quelques fragments.

Curieusement, les absidioles sont séparées de l’abside, au nord par un départ d’escalier, au sud par un pan de mur percé d’une étroite fenêtre un peu désaxée, certainement d’origine.

Le sommet des murs du chevet et du transept est fait de briques.

L’intérieur, une fois franchi le porche, saisit par sa hauteur (13 m) et son élégance. La nef comporte trois travées sur lesquelles ouvrent des chapelles latérales. La travée ajoutée au XIXe s. se fond parfaitement dans l’ensemble. La nef et le bras nord du transept sont voûtés d’ogives. Le chœur est couvert pour sa travée droite d’un berceau brisé, tandis que l’abside l’est d’un cul-de-four ; les absidioles sont voûtées en cul-de-four et le bras sud du transept en berceau brisé. La différence de voûtement des bras du transept tient sans doute à une destruction, peut-être celle du XVIe siècle.

Dans l’épaisseur des murs qui séparent le chœur des absidioles ont été ménagées : au sud, un escalier à vis dont subsistent quelques marches en pierre ; au nord, un réduit, couvert en berceau et éclairé par une étroite fenêtre à l’est, qui a servi de sacristie.

Faisant le tour du chœur, une arcature romane, composée de neuf niches séparées par des colonnes ornées de chapiteaux sculptés, repose sur une banquette de pierre. Un cordon de billettes court au-dessus des arcades. Plus haut, une autre corniche se poursuit jusqu’au bras sud du transept. Les motifs qui ornent les chapiteaux sont très mutilés. Le décor est végétal, parfois animal : lions souriants et oiseaux affrontés. Dans l’absidiole sud, des femmes accroupies soufflent dans des trompes. J. Cabanot les date du deuxième quart du XIIe s. et décèle sur certains éléments une influence aragonaise, sur d’autres celle des pays de l’ouest.

Une litre funéraire aux armes de Marguerite d’Esparbès de Lussan (morte avant 1689), court sur le bras sud du transept et dans les chapelles latérales, du côté sud. Dans la première chapelle, deux peintures murales se devinent. On distingue, en haut, deux personnages se faisant face, représentés de trois quarts : à gauche, une figure féminine aux longs cheveux, vêtue de bleu, à droite, une silhouette vêtue de rouge. De minces croix sont dessinées derrière elles. Une inscription en lettres gothiques occupe le haut du panneau inférieur. L’emploi des caractères gothiques pourrait inciter à dater ces peintures du début du XVIe et à considérer donc que la construction de ces chapelles serait antérieure aux ravages de 1569-1570. On remarque dans ce mur le linteau d’une porte murée qui ouvrait au midi sur le cimetière qui jadis entourait l’église.

Les vitraux de la nef et du transept datent du XIXe siècle ; ceux du chœur ont été réalisés en 1970 par Gérard Dupré de Nogaro d’après des cartons de Mme Blanc-Sube.

Pour la restauration des contreforts nord de la nef et la réfection de la couverture du bas-côté nord, la Sauvegarde de l’Art français a accordé 7 000 € en 2010.

Françoise Dumas

Le projet en images