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Dans le Dionzois, aux limites du département de l’Yonne avec celui de la Nièvre, le site d’Étais-la-Sauvin est occupé depuis l’époque romaine, le long de l’ancienne voie d’Auxerre à Entrains. Il porte le nom de Testae, provenant d’après la tradition, de Test Milon, l’un des combattants de Fontenoy. Le village, déjà mentionné sous ce nom, est donné par l’évêché d’Auxerre au chapitre de cette même ville en 1247. Il se trouvait alors sur la route de Coulanges à un kilomètre de l’emplacement actuel, aux environs du cimetière. Probablement en raison des destructions dues à la guerre de Cent ans, le bourg est déplacé, ceint de fortifications et entouré de fossés.

L’église, sous le vocable de Saint-Pierre-ès-Liens, a été reconstruite avec ampleur, sur une pente légère. Elle est de plan rectangulaire, formée d’un vaisseau central entouré de deux collatéraux, qui s’achève par un chevet plat. Malgré une certaine homogénéité, l’édifice semble avoir été élevé en deux temps : une première campagne qui correspond à l’ensemble du vaisseau central, la seconde qui permet l’adjonction des bas-côtés. La façade occidentale trahit ces différences, car la partie centrale percée d’un grand portail est dans un bel appareil de pierres, tandis que les parties latérales sans ouverture sont en moellons recouverts de mortier. Un perron de plusieurs marches donne accès à la nef par une double porte dont deux éléments, au linteau droit, sont séparés par un trumeau. Les colonnettes des ébrasements n’ont pas de chapiteaux. Une archivolte encadre un tympan orné d’un réseau flamboyant. De part et d’autre, de hauts pinacles sont ornés de choux frisés où sont sculptés des escargots.

Le vaisseau central de la nef est rythmé en cinq travées par de gros piliers entourés d’un faisceau de colonnettes à bases prismatiques, au-dessus d’une haute plinthe. De grandes arcades, moulurées de manière semblable, ouvrent sur les collatéraux. Au-dessus, le mur est aujourd’hui aveugle, car la couverture des bas-côtés monte jusqu’au haut des murs gouttereaux, à la base de la toiture du vaisseau central. Chaque travée est couverte d’une voûte sur croisée d’ogives, recoupée par une lierne continue selon un axe est-ouest et sans clef de voûte.

Les cinq travées des collatéraux nord et sud sont éclairées directement par des fenêtres à deux lancettes et quadrilobe, elles sont voûtées sur croisée d’ogives. Mais celle-ci retombe d’un côté sur une pile au tracé ondulant qui se juxtapose au pilier des grandes arcades, et de l’autre sur des culs-de-lampe sculptés de motifs variés : écus aujourd’hui lisses, têtes, homme tenant une massue ou une barre au-dessus de lui, animal à grandes oreilles… La cinquième travée sud a été renforcée pour supporter la tour-clocher. De plan carré, en bel appareil de pierre et soutenue par des contreforts obliques, cette dernière s’élève sur trois niveaux, les deux premiers aveugles, le troisième percé de baies à réseau flamboyant et couronné d’une balustrade du même style.

Enfin l’église s’achève par un petit chœur fait d’une travée rectangulaire à chevet plat, éclairé de trois fenêtres à réseau flamboyant et surmonté d’une voûte complexe à liernes et tiercerons. Les deux campagnes de travaux ont donc été menées entre la fin du XVe et le XVIe siècle.

On remarque au retable du maître-autel deux statues, saint Pierre et saint Paul, et à l’extérieur de la deuxième travée, un cadran solaire qui porte la date de 1686.

La couverture en tuile a été refaite pour la première tranche de travaux. La Sauvegarde de l’Art français a versé en 2005 la somme de 5 000 €.

Lydwine Saulnier-Pernuit

 

Bibliographie :

  1. Quantin, Répertoire archéologique du département de l’Yonne, Paris, 1868, col. 35.
  2. Pignard-Péguet, Histoire de l’Yonne, Paris, 1913, p. 501 (réimpr. : Histoire des communes de l’Yonne, 01960, Péronnas, 1998).

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