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Ancienne abbatiale Saint-Sauveur. Sous des dehors modestes aujourd’hui, l’église de Faget est le vestige d’une abbaye parmi les plus anciennes de France, fondée dès le VIIIe siècle. Son existence est, en effet, citée dans les actes d’un concile tenu à Aix-la-Chapelle en 817. Après quatre ou cinq siècles d’existence indépendante, l’abbaye de Faget (altum fagetum, «la haute hêtraie») fut unie vers 1230 au chapitre cathédral d’Auch, qui la posséda jusqu’à la Révolution. Par cette union, l’abbaye disparut en tant que telle (il n’y eut plus d’autres moines qu’un collège de chanoines, qui n’y résidèrent plus après le XVIe s., et un abbé, choisi au sein du chapitre d’Auch), ce qui explique que les bâtiments claustraux aient peu à peu disparu, à l’exception de l’église et du logis abbatial, situé non loin de là, sur le coteau. Ce dernier devint, entre 1699 et 1725, par le goût de deux chanoines-abbés, Arnaud puis Éloi Demont (oncle et neveu), une ravissante maison de plaisance aux accents baroques (classée MH).

L’église comme l’ancienne abbaye se tiennent au creux d’un vallon verdoyant. De l’abbaye, il ne reste pratiquement que l’espace qu’elle devait occuper autrefois, un quadrilatère situé au sud de l’église et délimité par un mur peu élevé aujourd’hui, mais sur lequel on devine de nombreux percements anciens, bouchés et remaniés. Ce mur ne clôt aujourd’hui qu’un jardin, à l’exception d’une courte travée d’édifice, voûtée en berceau brisé (XIIe s. environ), qui prolonge l’actuelle sacristie. La situation en fond de vallon a provoqué, en mille ans et plus, un atterrissement du site, dont les niveaux d’occupation médiévaux, et a fortiori les niveaux d’origine, sont manifestement enfouis.

L’église Saint-Sauveur est d’assez grandes dimensions, 10 m de large pour 30 m de long, vaste vaisseau non voûté muni d’une abside aussi large que la nef. Il n’est pas impossible que cela corresponde au plan et à l’implantation de l’église pré-romane, même si les maçonneries sont plus tardives – et, pour les parties supérieures, datent sans doute du XVIIIe s., au moment des activités bâtisseuses des abbés Demont. Il serait utile de réaliser une étude soignée des murs de l’église, où l’on aperçoit des maçonneries de moellons peut-être fort anciennes, des parties mieux appareillées appartenant à un Moyen Âge «classique» (notamment la tour-porche), des ouvertures remaniées et bouchées, des arrachements ; l’édifice primitif est peut-être plus présent qu’il n’y paraît au premier coup d’œil…

Une tour précède l’église à l’ouest, étroite et élancée, dans la base de laquelle se trouve l’entrée. C’est un porche voûté en berceau brisé, plutôt du XIIIe s., où l’on remarque que la «montée» des niveaux d’occupation a conduit à retailler la voussure pour maintenir le passage. Cette tour est bâtie à cheval sur le mur ouest de l’édifice, particulièrement épais. À l’intérieur, le volume, couvert par un plafond plâtré du XVIIIe s. qui se raccorde aux murs par une courbe, laisse une impression d’ampleur. Le mobilier est assez réduit, mais conserve encore une série de stalles du XVIIIe s., évocatrices des anciens chanoines, et, contre le mur nord, l’ancien maître-autel dédié au Sauveur, toujours du XVIIIe. (ISMH). Le maître-autel actuel est un ouvrage néo-roman de la fin du XIXe siècle.

La commune ayant pu acquérir en 2001 le terrain de l’ancienne abbaye avec le mur de clôture et le petit bâtiment dont il a été question plus haut, un programme important de drainage, rendu nécessaire par la situation de l’église en fond de vallon a été mis en œuvre sous la direction de M. Baudean, architecte à Auch. Les abords de l’église ont été ainsi dégagés, notamment autour du chevet, et d’importants mouvements de terre réalisés. Un drain périphérique a été aménagé. Le petit bâtiment subsistant de l’abbaye a été restauré et couvert. Pour ce programme, la Sauvegarde de l’Art français a versé 6 000 € en 2003.

O.P.

 

Bibliographie :

D.R.A.C .Midi-Pyrénées, centre régional des monuments historiques : dossier documentaire (s.v.).

Dom L.C. de Brugèles, Chroniques ecclésiastiques du diocèse d’Auch, Toulouse, 1746.

A.Lavergne, « Une visite à l’abbaye de Faget », Revue de Gascogne, t. 21, 1880, p. 366-371.

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