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Église de l’Assomption-de-la-Vierge. Installé sur le site d’une villa gallo-romaine, l’édifice était primitivement dédié à saint Martial, comme le prouvent plusieurs sources médiévales. C’est sans doute au moment de la reconstruction totale de l’édifice, dans le cours du XVe s., que saint Martial devint le vocable secondaire. En forme de croix latine (longueur générale 38 m), entièrement voûtée d’ogives (hauteur sous voûtes 8,50 m), dotée d’un chevet plat, cette église est flanquée, au sud, par la chapelle Notre-Dame de Pitié et par une tourelle carrée abritant un escalier à vis qui permet l’accès aux combles. Accolé au pignon occidental, un original clocher hexagonal confère une certaine élégance à l’ensemble.

Au cours et surtout à la fin du XVe s., après les troubles de la guerre de Cent Ans, l’édifice fut entièrement rebâti à partir de la nef. Certains éléments de l’église précédente furent sans doute réemployés, comme les deux colonnes engagées situées à la jonction de la nef et du transept. Ces éléments semblent être les restes de l’ancienne abside qui datait peut-être du XIIIe siècle. Le mur gouttereau nord aux baies romanes appartient aussi à l’église antérieure : à son sommet, le faible espacement des poutres montre que la nef précédente n’était pas voûtée, mais planchéiée.

Vers 1470-1480, deux frères, Jean et Pierre de Loménie, chanoines de la cathédrale de Limoges(1), font construire la chapelle Notre-Dame de Pitié, communiquant avec la nef par une large baie cintrée. Vers la fin du même siècle, l’édifice est  allongé vers l’est avec la greffe d’un transept et d’un chevet après destruction du chœur en abside conservé jusqu’alors. Cet agrandissement nécessite la réalisation d’un remblaiement important : ainsi, le niveau de circulation du chœur se trouve à plus de 3 m au-dessus du sol extérieur actuel pourtant relevé à la fin du XIXe siècle. La surface de l’édifice fut ainsi presque doublée. Le bras sud du transept, couvert d’une toiture en bâtière, est particulièrement soigné : orné d’une rosace, il participe à une certaine « mise en scène » de la façade sud vers la place et la rue principale du bourg. Si l’on se fie à la présence de leurs armoiries sur les clefs de voûte du transept et du chœur, mais également sur la travée centrale de la nef, les Pérusse des Cars, dont le château est à 3 km  et qui avaient droit de sépulture dans le chœur, ont dû largement contribuer à ces travaux.

C’est probablement le même souci d’embellissement et « d’urbanisme » qui guide la construction du joli portail à trois voussures, peut-être contemporain du nouveau chœur et du transept. Ce portail, situé dans l’axe de la rue principale du village, s’ouvre sur la place qui correspond à l’ancien cimetière médiéval déjà abandonné et nivelé au XVe s.,  comme l’ont révélé les fouilles récentes. On ajoute par la suite, du même côté, la tourelle carrée permettant l’accès aux combles. Cette tourelle, placée au ras du portail, peut-être pour ménager le maximum d’espace à l’accès de la chapelle Notre-Dame de Pitié et surtout pour respecter une des fenêtres de la nef, est ornée d’un fronton portant trois écus très usés.

La façade occidentale, avant la construction du clocher actuel, devait se présenter sous la forme d’un mur pignon à clocher-mur. Dans cette façade s’ouvrait une porte armoriée aujourd’hui murée. Le style de cette porte et des deux contreforts d’angle, le même que celui de la tour d’escalier, permet de supposer que la façade occidentale a été, sinon complètement reconstruite, tout au moins sérieusement remaniée vers 1500, en même temps que la tourelle d’escalier. Au XVIe s., on ajouta un clocher hexagonal ajouré de six baies en plein cintre au dernier étage. Cette tour, qui confère une élégance certaine à l’édifice, dut être reprise et renforcée côté sud d’un massif contrefort en 1681, en raison d’une lézarde apparue en partie haute. Vers 1700, le curé Brun fit construire une sacristie logée entre le transept nord et le chevet.

L’église abrite un intéressant mobilier dont deux retables des XVIIe-XVIIIe s. (l’un d’eux provient de l’hôpital général de Limoges), et un trésor comprenant notamment des reliquaires médiévaux (châsse émaillée du martyre de sainte Valérie, monstrance en cuivre doré du XIIIe s., reliquaires en cuivre du XVe siècle).

Jusque dans les années 1780, la nef était couverte d’une lourde toiture en lauzes de schiste. Celles-ci sont alors remplacées, hormis sur les couronnements des murs pignons est et sud, par des tuiles plates afin de soulager la charpente. À cette époque, l’église bénéficie également d’une restauration totale intérieure et extérieure. En 1850, les dernières lauzes sont supprimées. Régulièrement révisée depuis, la couverture était toutefois vétuste lorsque survint la tempête de décembre 1999 qui rendit impérative sa réfection complète.

Ces travaux, pour lesquels la Sauvegarde de l’Art français a versé en 2001 une subvention de 12 958 €, ont consisté en reprises limitées de la charpente ancienne ; la couverture de tuile a été refaite, sauf sur les sommets des murs pignons où ont été restitués les couronnements de lauzes.

La Sauvegarde de l’Art français avait déjà  contribué à la restauration du chevet de l’église Saint-Pierre de Texon, dans la même commune, en 1996.

J.-Fr. B.

 

(1) Ces chanoines étaient issus de la famille de Flavignac, qui commençait au XVe s. une étonnante  ascension sociale.

Bibliographie :

J. Bureau, Monographie de Flavignac, Limoges, 1914.

A.de Laborderie, « L’excursion archéologique de l’année 1930 », Bulletin de la Société archéologique et historique du Limousin, t. 74-1, 1932, p. 113.

M. Aubrun, L’ancien diocèse de Limoges des origines au milieu du XIe siècle, Clermont-Ferrand, 1981.

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