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Le village de Genté est construit, pour l’essentiel, sur une colline aux flancs escarpés qui domine la plaine de Cognac. L’église, bel et vaste édifice visible d’assez loin, est dédiée à saint Médard et fut sans doute toujours paroissiale ; elle n’est pas située au sommet de la colline, occupé, depuis l’époque néolithique, par un camp retranché autour duquel se serait formée, durant la période gallo-romaine, une agglomération à l’origine du village actuel. Elle aurait été, dans le troisième quart du XIe s., en possession de Guillaume Paluel et d’un certain Jean, clerc de son état, dont on ne sait s’ils en étaient les fondateurs mais qui, en 1072, la donnèrent à l’évêque de Saintes ; en 1092, elle fut cédée à l’abbaye d’Ébreuil.

Quelques témoins d’une construction du XIe s. subsistent, en remploi, dans les fondations de la partie nord de l’église, dégagées par des travaux de terrassement destinés, semble-t-il, à aménager une zone de stationnement. Ces pierres moulurées pourraient provenir de la nef, unique à l’origine, mais reconstruite plus haute, plus large et pourvue de bas-côtés. La façade occidentale, d’un type un peu inhabituel en Saintonge et en Angoumois, comporte trois arcs profonds, séparés et soutenus par de fortes colonnes à gros chapiteaux ; les arcs latéraux sont aveugles alors que dans celui du centre, un peu plus large, a été percée la porte, surmontée d’un linteau en bâtière. Une frise, représentant des êtres fantastiques, souligne la séparation entre le niveau inférieur et le deuxième niveau, un peu en retrait, percé d’une simple fenêtre et contrebuté par quatre contreforts plats ; un cordon fait le tour du cintre de la fenêtre, coupe les deux contreforts centraux et se prolonge sur le mur jusqu’aux contreforts latéraux. Le troisième niveau est constitué par un clocher-peigne, avec deux grandes baies légèrement brisées, surmontées par une troisième ouverture beaucoup plus petite. À cette façade correspondent, dans la partie orientale de l’église, une travée sous clocher, couverte d’une coupole sur pendentifs, et un chevet plat, avec une voûte sur croisée d’ogive à huit branches, éclairé par un triplet surmonté d’un grand oculus.

L’agrandissement de la nef a entraîné des modifications assez peu heureuses pour la façade, désormais étroitement encadrée par deux puissants contreforts dont les glacis couvrent en partie les contreforts latéraux du second niveau, tandis que, de part et d’autre, un mur, percé de deux petites baies (et, du côté nord, d’une petite porte) s’élève assez haut pour venir, dans sa partie centrale, offusquer aux deux tiers les grandes baies du clocher-peigne.
Cet agrandissement a été daté du XIVe siècle ; il pourrait être en fait un peu antérieur et avoir remplacé une nef vétuste, plus ancienne que la façade et surtout que le chevet, construit sans doute peu avant 1200.
Les chapiteaux de la façade ont été bûchés avec beaucoup de soin (on distingue cependant encore une silhouette d’un personnage dans une mandorle), de même que le linteau en bâtière où était peut-être représentée la Cène. Cet acte de vandalisme est généralement attribué à la période révolutionnaire qui aurait cependant respecté le retable sculpté en 1781 par Jean Augié. L’église, en fort mauvais état au XIXe s., a été restaurée une première fois en 1837, mais les voûtes de la nef n’ont été remontées qu’en 1891-1892.

Une crypte-ossuaire, sous le bas-côté nord, serait reliée à un ensemble de souterrains dont la fonction et la datation restent hypothétiques.
Pour des travaux de couverture, d’assainissement et consolidation des murs de l’édifice, la Sauvegarde de l’Art français a fait un don de 21 000 € en 2008.

Jean-René Gaborit

Bibliographie :
Abbé J.-H. Michon, Statistique monumentale de la Charente, Paris-Angoulême, 1844, p. 315.
Abbé J. Nanglard, Pouillé historique du diocèse d’Angoulême, Angoulême, 1894, t. III, p. 348 et t. IV, p. 471.
J. George, Les églises de France. Charente, Paris, 1933, p. 145.
C. Connoué, Les églises de Saintonge, t. 4, Cognac et Barbezieux, [Saintes], 1959, p. 79.
R. Crozet, L’art roman en Saintonge. Paris, 1971, p. 73, 93, 107, 108, 132 et 142.

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