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Eglise Saint-Remi. L’église actuelle de Gespunsart, élevée à la fin du XVIIIe s., a remplacé un édifice plus ancien qui pouvait remonter au XIIe s. selon Mgr Péchenard et qui fut largement remanié en 1768-1769 à l’initiative de son curé, Pierre-Louis Michaud. L’église restait toutefois trop petite pour les besoins de la paroisse. Le Conseil du Roi, saisi par la communauté des habitants en décembre 1787, l’autorisa l’année suivante à construire une nouvelle église. Peu de temps après, l’ancienne s’écroula.

Le plan de la nouvelle église fut dressé par Jean-Baptiste Prévost, notaire royal de Gespunsart. Sa réalisation revint par adjudication à Marion­Templus, entrepreneur de Mézières, pour la somme de 60 000 livres, non compris les matériaux de l’ancienne église. À l’inverse de celle-ci, la nouvelle église est accidentée, sans doute pour des raisons de commodité d’accès. Elle est construite en pierre de Dom et en schiste de Grigny et de la Faliseule. Une scierie fut installée sur la Goutelle pour débiter le bois. Une halle provisoire servit pour le culte pendant les quelque deux ans que dura le chantier. La dédicace de la nouvelle église eut lieu le 13 janvier 1790, jour de la fête de son patron, saint Remi.

À peine les travaux étaient-ils terminés, que la municipalité entra dans un long conflit avec l’entrepreneur Marion qu’elle refusait de payer, l’accusant de malfaçons, à propos notamment de la « grand’ porte, de l’armature des fenêtres, des chevrons, de la charpente, clouée au lieu d’être à tenons et mortaises, et des plombs de la toiture qui ne se croisaient pas assez ». L’affaire portée devant les tribunaux traîna pendant des années. Après la mort de l’entrepreneur, ses héritiers renoncèrent à poursuivre la commune.

L’église mesure 45 m de long sur 20 de large. À l’extérieur, les masses restent compactes et les murs inarticulés sont percés de larges baies en plein cintre, sous un toit unique à deux pentes. Le clocher s’élève sur quatre niveaux. Le portail flanqué de pilastres toscans est surmonté de trois registres de baies en plein cintre. De vastes demi-pignons en quart de cercle à l’extrémité des bas-côtés semblent épauler le clocher jusqu’à mi-hauteur. Une toiture en forme de bulbe surmonté d’un lanternon, le tout couvert d’ardoises, coiffe l’ensemble.

L’église se compose de trois vaisseaux séparés par des files de colonnes galbées recevant des arcs surbaissés sous une corniche moulurée ornée d’oves. Le vaisseau central est couvert d’un plafond à voussure, les bas-côtés de fausses voûtes d’arêtes. L’éclairage provient des vastes baies en plein cintre percées sur les flancs de l’édifice. Le riche mobilier de l’ancienne église avait pu être récupéré pour orner le sanctuaire et les extrémités des collatéraux. Seize stalles en chêne sculpté furent apportées, au début de la Révolution, de l’abbaye de Sept-Fontaines. L’orgue provient de l’église Saint-Pierre de Mézières. Rare témoignage d’architecture religieuse contemporaine des premières heures de la Révolution, l’église de Gespunsart témoigne d’un curieux éclectisme formel.

En 2000, la Sauvegarde de l’Art français a accordé une subvention de 18 294 € pour la restauration du clocher.

D.S.

Le projet en images