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Église Saint-Jacques de Rouillac. Rouillac est une ancienne paroisse du diocèse de Lectoure, commune réunie à sa voisine, Gimbrède, en 1823, toutes deux relevant, sous l’Ancien Régime, de la juridiction du Commandeur des Hospitaliers de Gimbrède. Cette juridiction avait sa source dans une donation sans doute faite au XIIes. aux Templiers par les vicomtes de Lomagne, malgré des contestations, documentées à la fin du XIIIes., entre ceux-ci et et l’Ordre : les juridiction sont alors partagées, ce qui laisse la place à un seigneur laïque et, de fait, il semble que Rouillac ait ensuite appartenu à une branche de la famille de Got (illustrée par Bertand de Got, le pape Clément V, 1304-1322), enfin aux ducs d’Épernon jusqu’au début du XVIIIesiècle. Rouillac est un petit hameau surtout dominé par son château, un château gascon, c’est-à-dire né autour d’une tour-salle, peut-être du XIVes., mais qui comprend d’autres parties plus modernes. L’église occupe le centre du village, de plan rectangulaire, dont le château forme l’un des petits côtés. La porte occidentale de l’église fait face, à quelques mètres, à celle du château.

La dédicace de cette église et la figuration de saint Jacques en pèlerin à l’intérieur l’ont immanquablement intégrée à la mythologie moderne des « Chemins de Saint-Jacques ». Est-il besoin de rappeler ici que les points de départ pour Compostelle pouvant se situer n’importe où, les chemins de Saint-Jacques sont en vérité innombrables ? Et que, bien évidemment, les pèlerins ne se concentraient que sur les itinéraires importants (qui étaient aussi ceux des autres voyageurs), de plus en plus nombreux au fur et à mesure que l’on s’approchait des passages menant en Espagne… Il est plus que douteux que l’église de Rouillac ait jamais joué un rôle quelconque dans ces pérégrinations, même si sa dédicace porte peut-être le souvenir, ou le témoignage, d’une des dévotions majeures du Moyen Âge.

 

Telle qu’elle se présente aujourd’hui, et malgré un plan qui peut faire penser à une origine médiévale (nef unique avec abside demi-circulaire) l’église de Rouillac est moderne. Aucun document ne permet de la dater, mais il faut penser à une reconstruction du XVIeou du début du XVIIes., mettant à profit l’ancienne implantation de l’édifice. La maçonnerie est en effet une maçonnerie homogène de pierre de taille, de moyen appareil, qui a peu de chances d’être médiévale. Ni l’abside ni la nef ne sont voûtées, et la nef marque un décrochement en largeur par rapport à l’abside, au nord et au sud. Les fonts baptismaux sont contenus dans une sorte d’absidiole, face à la porte d’entrée méridionale. C’est la seule partie voûtée de l’édifice, d’un cul-de-four du même moyen appareil que tout le reste. Une chapelle, au sud, un porche couvert, et une sacristie qui s’appuie sur l’édifice ont toutes les chances d’être plus tardives encore. La porte occidentale est formée d’un arc en anse de panier, sous un entablement horizontal, du XVIIeou peut-être du XVIIIesiècle. Le clocher-mur, élevé au-dessus du mur gouttereau sud, possède un fronton demi-circulaire assez inhabituel, dans lequel sont percées les trois arcades, qui accentue encore le caractère de cet édifice. Un porche couvert en charpente protège la porte méridionale, propice peut-être à des réunions municipales. Ce porche s’ouvre à l’extérieur par deux larges baies en anse de panier.

L’intérieur est donc en forme de salle plafonnée, l’abside accueillant un décor (inscrit au titre des MH malgré sa modestie) qu’on aurait du mal à dater avant 1700. Il s’agit d’une sorte de retable, occupant toute la paroi de la partie tournante de l’abside, avec deux demi-colonnes en maçonnerie, peintes en faux marbre, encadrant un tableau au-dessus de l’autel au centre (une Crucifixion, par Rigal, 1822) et quatre figures de saints en peinture murale : il s’agit, de gauche à droite, d’Antoine de Padoue, de Pierre, de Jacques, et de Sicaire. Jacques arbore le bourdon du pèlerin, le chapeau caractéristique, et les coquilles sur sont vêtement.

Dans la chapelle sud, un décor de la même veine décore l’autel, au-dessus duquel figure une toile représentant le sommeil de l’Enfant-Jésus : Anne soulève le drap de l’enfant, tandis que Jean-Baptiste, agenouillé, prie ; Marie est en arrière, surveillant la sieste.

Pour des travaux concernant l’ensemble des façades (et en particulier l’absidiole des fonts baptismaux), la Sauvegarde de l’Art français a apporté 10 000€ en 2007.

 

Olivier Poisson

 

Bibliographie :

 Bulletin de l’association « Des hommes, des pierres, Rouillac 32 », 2001.

Ministère de la Culture, base mérimée.

 

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