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L’ancienne église Saint-Martin, située à 100 m environ au nord-ouest de l’actuelle, a été désaffectée en 1828, vendue, puis partiellement démolie. On en voit encore l’abside romane, l’absidiole nord et quelques restes, transformés en logement et en commerce. L’église actuelle est l’ancienne chapelle Notre-Dame, qui était auparavant celle d’un prieuré de chanoines réguliers de Saint-Augustin que l’abbatiale de Lesterps (Charente) possédait à Gouzon. Elle reprit le vocable Saint-Martin lorsqu’elle devint paroissiale en 1828. L. Lacrocq date sa construction de la fin du XIVe siècle. Si tel est le cas, elle fait preuve d’un réel archaïsme, car son voûtement et le décor extérieur de ses portails la rattachent stylistiquement à toute une série d’églises gothiques du Limousin du début du XIIIe siècle.

Si l’on excepte une abside du XIXe s., la sacristie et la grande chapelle accolée à la travée orientale de la nef, l’édifice est une construction homogène médiévale en bel appareil roux comportant trois travées carrées. Les murs goutteraux ont été anciennement surélevés ; plusieurs modillons conservés de la corniche primitive indiquent leur hauteur initiale. Les contreforts sont saillants et coiffés d’un glacis sur larmier mouluré. La façade occidentale est coiffée d’un clocheton carré tardif en charpente. Le portail largement ébrasé qui ouvre à sa base comporte un riche jeu de cinq voussures toriques en arc brisé alternant avec de minces couvre-joints à l’arête amortie d’un cavet, le tout reposant sur une suite de chapiteaux à feuilles terminées en boules sous tailloirs quadrangulaires, qui forment comme un bandeau se prolongeant sur le mur jusqu’aux gros contreforts d’angle. Les bases accompagnent par leurs ressauts ce jeu compliqué de mouluration. L’archivolte de ce portail, arrêtée à sa base par de petits masques, forme encore au-dessus du bandeau deux arcs aveugles latéraux brisés et surhaussés entre ce dernier et les contreforts d’angle. Tout ceci est typique du gothique limousin du début du XIIIe s., de même que la rose de l’étage, avec son intrados polylobé encadré d’un opulent ensemble de tores minces et de cavets. Une baie en plein cintre tardive s’intercale entre rose et toit. Dans le gouttereau sud de la deuxième travée, un portail reproduit celui de la façade avec moins de brio, une mouluration moins grasse et un bandeau de chapiteaux qui s’arrête à l’ébrasement central et ne souligne pas les petits arcs latéraux aveugles.

La petite porte gothique bouchée qui ouvrait dans le mur nord de la deuxième travée est soignée, un tore séparant ses deux voussures brisées accompagnées de filets sous une archivolte en cavet. Au-dessus ont été remployés : deux vigoureux lions affrontés, de style roman provenant d’un chapiteau de pilastre, sur lesquels ont été empilés un dé et un chapiteau de colonne, enfin un grand tailloir à forte mouluration. Une porte s’ouvrant dans l’angle sud-ouest de la dernière travée donne accès à une vis, et par là aux combles.

À l’intérieur, les trois travées sont voûtées d’ogives, les liernes et les doubleaux sont formés d’un tore faisant queue dans les voûtains, les clés sont circulaires. Ogives et formerets sont reçus par des colonnettes à chapiteaux polygonaux, qui s’arrêtent sur des culots à environ 2 m du sol. Des fenêtres en plein cintre, haut placées, longues et étroites, éclairent faiblement la nef. Ébrasées seulement vers l’intérieur, elles ont reçu un entourage de faux appareil peint. Le chœur moderne fait alterner fenêtres et niches. Il est couvert d’un cul-de-four.

Mobilier : bénitier du XIIIe s. en granit ; Vierge à l’Enfant debout, XIVe s., dans la chapelle nord ;  quatre statues, peintes et dorées, des évangélistes, XVIIe s., dans les niches du chœur.

La Sauvegarde de l’Art français a accordé 27 441 € en 2001 pour la restauration de la couverture et des façades de l’église.

 P. D-N.

 

Bibliographie :

L. Lacrocq, « Excursion de la Société : Gouzon, … », Mémoires de la Société des sciences naturelles et archéologiques de la Creuse, t. XXI, 1919-1921, p. 323-325.

L. Lacrocq, Les églises de France. Creuse, Paris, 1934, p. 76-77.

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