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Le village de Grez-Neuville réunit les deux bourgs de Grez et de Neuville. Neuville est implanté sur la rive droite de la Mayenne à égale distance entre Angers et Segré, et son existence est attestée dès 837. On sait qu’à la fin du XIe s. l’église appartenait au seigneur de Neuville et sa construction semble remonter à la première moitié de ce siècle.

Les Ligueurs ravagent les lieux, puis les soldats de César de Vendôme pillent la paroisse à partir de septembre 1615. L’église se trouve dans un tel état de dégradation à la fin du siècle que l’architecte Chantepie d’Angers (1614-1688) commence une restauration vers 1679. Cette date figure sur le cintre de l’une des fenêtres de la nef. À l’extrême fin du XVIIe s., Vincent Constable, curé de 1688 à sa mort en 1705, finance une réfection d’ensemble et l’enrichissement du décor par la construction de trois autels surmontés de retables ; l’évêque d’Angers, Mgr Lepelletier, consacre l’édifice le 2 novembre 1704. Un rapport daté du 4 juillet 1842 signale le très mauvais état dans lequel se trouve la couverture. Des travaux interviennent alors à partir de 1843. En 1844, le portail principal est repercé. Entre 1850 et 1863, l’intérieur est redécoré et Célestin Port signale dans son Dictionnaire, une église « récemment restaurée ».

L’église de Grez-Neuville, placée sous le vocable de saint Martin de Vertou, est orientée du  nord-ouest au sud-est. L’édifice construit en moellons enduits, couvert en ardoise, comprend une nef unique rectangulaire de cinq travées. La nef ouvre sur un chœur semi-circulaire, légèrement désaxé par rapport à la nef. Les murs gouttereaux de la nef et la façade sont scandés de contreforts à glacis. Accolée au mur gauche de la nef, se situe la sacristie de plan carré, constituée de deux salles et aménagée dans l’ancienne chapelle Sainte-Catherine. À l’opposé est adossée la tour de clocher carrée, épaulée de contreforts. L’accès à l’église s’effectue par une petite porte latérale percée dans le mur de droite, et flanquée de deux contreforts. L’accès principal, daté de1844, se substitue probablement à un portail roman. Le petit appareil irrégulier des murs ainsi que les petites baies obturées, telle celle de la façade, militent en faveur d’une construction de l’église dans la première moitié du XIe siècle. Au XVe s., de nouvelles baies sont percées au sud-ouest, une nouvelle charpente à entraits et poinçons apparents et une voûte de bois lambrissée sont mises en place sur les murs romans. Cette charpente à chevrons formant ferme repose sur une sablière moulurée. La nef bénéficie d’un décor peint polychrome très homogène, datant du milieu du XIXe s. avec un faux-appareil. Elle s’achève par une cinquième travée qui correspond à une travée d’avant-chœur, aux murs plus épais, provoquant un sensible rétrécissement de l’espace. Cette travée d’avant-chœur ouvre sur l’abside semi-circulaire par un arc triomphal en arc brisé reposant sur deux colonnes adossées. Celles-ci supportent un chapiteau orné de feuilles d’eau. Côté nef, en avant de l’arc triomphal, dans les angles, deux colonnes semblables laissent penser à un projet primitif de voûtement en pierre de la travée d’avant-chœur. L’abside possède une voûte de pierre sur croisée d’ogives dite Plantagenêt, avec deux ogives profilées d’un tore, voûtement qui date probablement de la fin du XIIe siècle. L’arc triomphal et la voûte sur croisée d’ogives de l’abside sont contrebutés par deux contreforts. L’abside prend jour par deux grandes baies latérales en plein cintre repercées certainement pour éclairer le grand retable. L’absence de continuité entre les murs de l’abside et le voûtement, laisse supposer une abside contemporaine de la nef couverte plus tard d’une voûte d’ogives angevine. Le riche décor peint au XIXe s. de la voûte, représente le Christ bénissant dans une mandorle entouré des symboles des Évangélistes sur le voûtain d’axe et toute une polychromie soulignant le voûtement. À l’extérieur, la toiture du choeur marque un décrochement par rapport à celle de la nef. Elle appartient certainement à la campagne de restauration de l’édifice dans le dernier tiers du XVIIe siècle. À cette époque la tour de clocher est dotée d’un beffroi en charpente surmonté d’une flèche octogonale d’ardoise.

À l’extrême fin du XVIIe s., l’église bénéficie d’un spectaculaire enrichissement avec la construction des autels à retable réalisée entre 1696 et 1704. En 1696, le curé Vincent Constable passe marché avec Jouin, maçon d’Angers pour la construction des deux autels latéraux disposés dans les angles de la nef contre l’arc triomphal. À partir de 1697, Jean Simon, sculpteur angevin, exécute le grand retable du maître-autel à la structure fortement architecturée et sur un plan semi-circulaire. Un ordre corinthien de six colonnes de marbre rose et noir, délimite trois travées. La travée axiale possède un bas-relief représentant la Nativité, surmonté d’un fronton associé à une couronne en baldaquin retenue par des angelots. Les ailes latérales concaves accueillent dans des niches à gauche une statue de saint Louis du XIXe s. et à droite celle de saint Martin de Vertou du XVIIIe siècle. De la nef, la disposition en oblique des deux autels latéraux introduisant au chœur et la monumentalité du retable du maître-autel réalisent un effet de perspective de grande qualité.

Les travaux pour lesquels la Sauvegarde de l’Art français a octroyé une subvention de 15 245 €, versée en 2001, ont porté sur la restauration d’ensemble de l’architecture du chœur ; mise en place d’un chaînage périphérique en béton armé au couronnement des murs ; réfection complète des maçonneries extérieures, de la charpente et de la couverture en ardoise.

P.-X. H.

 

Bibliographie :

Arch. Sauvegarde de l’Art français : Fr. Jeanneau, « Étude préalable à la restauration extérieure de l’édifice ».

Ministère de la Culture : dossier de protection Monument historique.

C. Port, Dictionnaire historique, géographique et biographique de Maine-et-Loire, t. III, Angers, 1878, p. 6-7.

P. Cochard, Les beaux villages de France. Grez-Neuville : son histoire, son patrimoine, Grez-Neuville, 1992, p. 17-18.

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