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L’église Saint-Martin est l’un des rares témoignages de l’architecture romane dans le Pas-de-Calais. En 1097, Gérard, évêque de Thérouanne, accorde la collation de la cure à la puissante abbaye bénédictine de Saint-Bertin, à Saint-Omer, déjà possessionnée en ce lieu. Les parties les plus anciennes de l’église sont légèrement postérieures à cette date ; les spécialistes les font remonter à la première moitié du XIIe siècle. Un nouveau chœur et un transept de style flamboyant sont bâtis à la fin du XVe s. ou au début du siècle suivant, si l’on se réfère aux graffitis lisibles sur les murs extérieurs. L’édifice pâtit des guerres du XVIe siècle : vers 1568, une lettre du bailli Louchart au seigneur d’Heuchin, Charles de Lespinoy, signale que « toute l’église a estée bruslée  et destruite ». Le 19 janvier 1605, au terme d’un long procès, le Conseil provincial d’Artois condamne l’abbaye à financer la reconstruction du chœur et du transept qui menacent ruine. Les voûtes du bras nord du transept et du chœur portent respectivement les dates de 1630 et de 1681. Des travaux importants effectués vers 1765-1770 modifient l’aspect de la nef : les bas-côtés sont reconstruits sur quatre travées seulement, les deux premières  travées sont séparées de la nef par un mur et leurs grandes arcades sont murées ; une couverture unique couvre désormais les trois vaisseaux. Les quatre dernières travées de la nef sont définitivement dénaturées par un habillage réalisé à partir de de 1868.

L’édifice, relativement imposant, est en croix latine. La nef est suivie d’un transept saillant et d’un chœur plus élevé, constitué de deux travées droites et d’un chevet à trois pans. Dans l’angle formé par le chœur et le bras nord du transept s’élève une tourelle d’escalier dont les parties supérieures ont été arasées à hauteur de la toiture. La façade principale et les deux premières travées de la nef, transformées en porche, témoignent des dispositions originelles. L’élévation est à deux niveaux, comprenant des grandes arcades et des fenêtres hautes ébrasées, séparés par un bandeau. Les travées sont délimitées par des colonnes engagées et jumelées qui s’élèvent sur toute la hauteur et supportent les sablières du plafond lambrissé. Ces colonnes se retrouvent à l’extérieur où elles jouent le rôle de raidisseur. Les arcs brisés des grandes arcades retombent sur des piles fasciculées, ce qui est un type de support peu répandu dans la région. La façade occidentale est percée au rez-de-chaussée d’un portail à ébrasement à ressauts ; les voussures s’appuient sur des colonnettes autrefois baguées. Le tympan est un ajout du XIXe siècle. L’étage est percé de trois baies en plein cintre, dont deux aveugles,  séparées par des colonnettes jumelées sous une corniche à laquelle on vient de restituer des modillons. Le pignon refait au XVIIe s. a peut-être succédé à un mur-clocher. Le transept et le chœur, éclairés généreusement par de grandes baies, sont voûtés d’ogives. Celles du croisillon nord sont particulièrement remarquables : le dessin des nervures associe un motif en étoile et une croix grecque centrale ; quatre bas-reliefs représentant l’Agneau crucifère et des armoiries bûchées ornent les voûtains. Dans le chœur, les dais qui abritent les statues reçoivent les ogives, faisant ainsi office de consoles. Le mobilier, vendu à la Révolution, a été presque intégralement renouvelé au XIXe siècle. Seuls subsistent le maître-autel et des fonts baptismaux du XVIIe s. qui sont décorés curieusement d’un décor archaïque de bâtons rompus.

En 2003, la Sauvegarde de l’Art français a accordé 7 500 € pour la restauration de la façade occidentale.

P. W.

Le projet en images