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Bien qu’elle ait subi d’importantes modifications au XIXe s. (réfection de maçonneries, percement ou agrandissement de baies encadrées de briques), l’église Notre-Dame d’Isdes conserve, pour l’essentiel, ses dispositions primitives. Son plan, d’une grande simplicité – nef unique rectangulaire, chœur carré et abside semi-circulaire – trahit ses origines romanes (première moitié du XIIe siècle ?). Son portail occidental à double rouleau et archivolte à dents de loup (restituée), de même que ses baies en plein cintre, modifiées au XIXe s. pour la plupart, mais conservées dans leur état originel sur le chevet, confirment cette ancienneté.

Comme dans d’autres exemples de la Sologne, l’église possède un « caquetoire », galerie en charpente formant porche, ici adossée non pas à la façade principale, mais au mur gouttereau sud de la nef. Cette adjonction ne remonte vraisemblablement pas au-delà du XIXe s., mais a succédé à un aménagement semblable nettement plus ancien et moins volumineux, comme le prouve une rangée de corbeaux demeurés en place. Se retrouve également dans plusieurs églises rurales solognotes le type de la sacristie en partie à pans de bois à remplissage de briques qui la jouxte à l’est, probablement bâtie à la même époque. Le clocher en charpente (XVIe siècle ?) a, lui aussi, été greffé sur la nef bien après son achèvement ; les six poteaux du tabouret qui le supportent étaient ornés de blasons en relief à la naissance des aisseliers, portant sans doute les armoiries du ou des commanditaires.

Bien que l’ensemble des murs de l’édifice soit épaulé par des contreforts, l’intérieur, intégralement plafonné, semble n’avoir jamais été couvert de voûtes, pour autant que l’on puisse en juger. La restauration du tabouret du clocher a occasionné la mise au jour d’intéressants vestiges d’enduits peints médiévaux. On peut observer, côté nord, entre autres, un motif de faux appareil ocre rouge, le cadre d’une scène figurée entourée de fleurs au pochoir, ainsi qu’une belle croix de consécration. Ces éléments s’intègrent de manière heureuse au reste du décor, que renforce l’important mobilier, en partie protégé au titre des Monuments historiques. De plus, diverses époques sont représentées jusqu’au XXe s., avec une constante qualité. Les bancs et les lustres du XIXe s., toujours en place, contribuent à l’harmonie qui se dégage de l’ensemble.

Le chœur s’orne d’un retable du XVIIe s. à l’ordonnancement classique avec, au centre, une toile peinte de belle qualité ayant pour sujet l’Institution du Rosaire ; datant peut-être du XVIe s., une statue en bois polychromé de saint Marc occupe l’une des niches latérales. Un bénitier en pierre, ancré dans le mur à proximité de l’entrée latérale, porte la date de 1694. Le surmonte aujourd’hui un remarquable Christ en croix en bois polychromé, au visage apaisé, attribuable au XVIe siècle.

Illustrant le thème de la Vierge, les vitraux, en dalles de verre taillées et béton armé, ont été réalisés vers 1963 dans les anciens ateliers des pères bénédictins de Saint-Benoît-sur-Loire, sous la direction du peintre-verrier orléanais Louis-René Petit. Une autre touche de modernité est apportée par un groupe sculpté en terre cuite émaillée figurant l’Assomption. Cette œuvre, exécutée en 1975 par l’artiste orléanaise Jeanne Champillou (1897-1978), occupait autrefois la baie haute de la façade occidentale ; elle est, depuis peu, installée au-dessus de l’entrée de la sacristie.

La Sauvegarde de l’Art français a alloué à la commune une aide de 6 000 € en 2011 pour la restauration des maçonneries.

 

Gilles Blieck

 

Photographies

  1. Plan (Cl. Ferrari, arch.)
  2. Vue sud-ouest
  3. Vue nord-est
  4. Flanc sud, « caquetoire »
  5. Tabouret du clocher, face sud
  6. Vue intérieure vers le choeur
  7. Christ en croix
  8. L’Assomption par J. Champillou

 

Le projet en images