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Eglise de l’Assomption de la Vierge. Le village de Javernant est situé sur les contreforts du pays d’Othe, le long de la voie romaine de Troyes à Auxerre. Il semble devoir son nom à la forêt de Drosilon ou de Javernant donnée en 877 à l’abbaye Saint-Pierre et Saint-Frobert par Charles le Chauve. En 1747, l’église est érigée en paroisse curiale dépendant du diocèse de Troyes ; auparavant, elle était simple succursale de Saint-Jean de Bonneval. L’église actuelle a été élevée à la fin du  XVe  s.  et dans les premières années du XVIème s. sur les restes d’un édifice antérieur, comme semble le prouver l’existence d’une pierre tumulaire du XVe s. encastrée dans le mur sud de l’abside. Cet élément, qui a conservé des traces de polychromie, recouvrait le corps de Jacques Le Pitancier, tabellion et notaire apostolique, mort en 1412. Il représente une figure d’homme vêtu d’une robe se tenant sous un dais; une épitaphe en vers court autour du personnage.

L’édifice se compose d’une nef unique de trois travées, d’un transept saillant et d’un chœur à chevet polygonal, plan représentatif des églises édifiées dans l’Aube à la Renaissance. Nef, transept et chevet sont épaulés par de gros contreforts. Une tourelle d’escalier située contre la première travée nord permet d’accéder à la charpente. A l’origine, la croisée du transept était surmontée d’un clocher couronné d’une flèche. Ce qu’il en restait après l’effondrement de la flèche a été supprimé en 1960.

Le portail ouest flamboyant à double baie est surmonté d’une archivolte en anse de panier ornée de choux frisés qui retombe sur des piédroits prismatiques. Il est délimité par deux pinacles hauts et minces ornés de niches dans lesquelles se font pendant, d’une part sainte Catherine et sainte Barbe, et d’autre part Adam et Eve. Le tympan nu a peut-être remplacé une verrière, élément fréquent à cet emplacement dans les églises de la région et que l’on rencontre entre autres à Balignicourt, Huître ou Voue. Le trumeau est formé d’un haut socle orné de feuill ages et d’une niche renfermant la statue d’un Christ aux liens abritée sous un dais flamboyant qui empiète sur le tympan aux moulures courbes. La richesse du décor de cet te partie de l’édifice contraste avec la simplicité de l’architecture. L’ensemble de l’édifice est couvert de voûtes d’ogives sur travées barlongues. Les moulures des ogives de la nef et du transept retombent par pénétration sur des colonnes engagées dont les hauts socles sont à pans coupés et les bases à grosses moulures arrondies. Les voûtes du chœur sont supportées par des culs-de-lampe, dispositif assez rare dans cette région où la sculpture est le plus souvent absente dans les églises du XVIème siècle. Les deux premières travées de la nef sont éclairées par des fenêtres en plein cintre de la fin du XVe   s., certaines refaites sans doute au xXVIIème s., dont les deux lancettes sont surmontées d’un simple oculus. La fenêtre de la  troisième  travée du côté  nord,  beaucoup plus  large, a conservé son remplage flamboyant d’origine. On retrouve le même type de grandes baies flamboyantes dans le transept et le chœur, mais la fenêtre du transept nord a perdu l’ensemble de son réseau de pierre.

L’église renferme plusieurs objets d’art classés en 1984, un maître­autel en bois peint et doré du XVIIème s., une statue de saint Vorle en bois peint de la fin du XVIème s.  et  une statue de saint  Vincent  en pierre  peinte de la même époque. Des éléments de vitrerie ancienne, classés Monuments historiques en 1913, ont été remontés dans les baies de l’abside : Genèse, réalisée sans doute sur le modèle de la Madeleine de Troyes,  Arbre  de Jessé, exécuté d’après des cartons utilisés à l’église  de  Noës-près-Troyes, vie du Christ et de la Vierge, une vie de saint Jean-Baptiste proche des vitraux des églises de Ceffonds et d’Ormes. Les restes conservés dans les fenêtres de la nef et du transept sont plus lacunaires.

L’édifice, construit en pierre  tendre sur un  terrain  en pente et un sol de  limon  crayeux peu   stable,   présentait  d’importants   désordres. La Sauvegarde de l’Art Français a accordé, en 1997, une aide de 22 000 F à la commune pour réaliser des travaux sur les fondations des contreforts, le drainage de l’édifice et la restauration des maçonneries.

 J. M.

 

Le projet en images