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Église Saint-Julien. Monument d’aspect déconcertant, composé d’une nef moderne et banale de trois travées néo-romanes qui paraît s’enfoncer dans un haut mur de moellons perpendiculaire débordant au nord et au midi, auquel se rattache à l’est une vaste construction pratiquement aveugle à cinq pans. Seule cette partie orientale, comprenant un transept avec deux croisillons et le chœur terminé par trois pans coupés, est ancienne. L’ensemble est coiffé d’une vaste toiture pentagonale. Un petit clocher-arcade moderne a été élevé à l’aplomb de la croisée du transept.

À l’intérieur, après la nef sans intérêt, un large arc plein cintre donne accès à un transept qui relève d’une architecture naïve mais pleine de charme. L’arc doubleau surbaissé séparant la croisée du bras sud a ses arêtes abattues décorées de fleurettes en relief. L’arc symétrique au nord est sans décor. Les clés portent : dans le bras sud, des initiales gothiques dans un cercle ; à la croisée, un écu mi-parti portant à dextre un lion dressé passant et à senestre trois barres obliques ; enfin, dans le bras nord, un tortil encadrant les trois barres obliques qui portent de petites bombes ou des cœurs enflammés. Les culots qui reçoivent les retombées des ogives sont nus. Les croisillons sensiblement carrés, voûtés d’ogives, sont séparés de la croisée par des arcs placés très en dessous du niveau des voûtes, le tout datant du début du XVIe siècle. À l’est de chaque bras ouvre une absidiole romane semi-circulaire, et à l’est de la croisée un long chœur rectangulaire, également roman. Entre la structure romane et l’enveloppe extérieure beaucoup plus tardive sont ménagés, au sud de l’abside, deux espaces dont l’un sert de sacristie.

La partie la plus intéressante est le sanctuaire roman. Il peut remonter à la fin du XIe s.,  non sans de nombreuses réminiscences carolingiennes, comme son mur oriental plat, percé assez haut d’une fenêtre unique en plein cintre à deux ressauts faiblement ébrasés que cantonnent deux colonnettes. Au-dessus apparaissent à droite et à gauche deux petits oculi sous une longue voûte en berceau plein cintre qui couvre l’ensemble du chœur. Soutenant ce berceau de chaque côté, une colonnade à trois arcs se déploie sur quatre hautes colonnes isolées dont la structure n’est pas fréquente dans l’art roman : de longs tambours en délit sont rattachés à la paroi par une courte assise supérieure engagée sous un chapiteau cubique à décor sculpté ; une deuxième assise également courte est engagée au milieu de la colonne ainsi qu’une courte assise inférieure qui correspond aux bases en bobine. Les arcs plein cintre étroits et sans archivolte que soutiennent les colonnes portent une corniche dont le chanfrein continu est gravé d’un décor de palmettes d’aspect très préroman. Les chapiteaux cubiques à décor floral sec et bien détaché sont de la même veine que ceux qu’on trouve dans plusieurs églises du Quercy, du Rouergue ou de la Gascogne tels Nant, Duravel ou Peyrusse-Grande, entre autres. Leurs tailloirs en biseau sont ornés de frettes du côté nord, et de l’autre de tableaux rectangulaires incisés comme sur certains chapiteaux carolingiens. Cet ensemble est revêtu d’un décor peint d’époque gothique encore peu dégagé, vraisemblablement du XIVe siècle. Sa structure a pu inspirer des édifices moins monumentaux mais charmants comme l’arcature intérieure du prieuré de Merlande. À l’entrée, deux ressauts correspondant à la hauteur totale du chœur sont limités en haut par une assise horizontale carrée sous laquelle on lit, du côté nord, une étoile à six pétales inscrite dans un hexagone, et au midi une fleur radiante dont les rayons sont légèrement infléchis, donnant l’impression d’un mouvement tournant. Les deux chapiteaux sur colonnes qui encadrent le ressaut donnant entrée à l’absidiole sud sont anciens et de même facture que ceux du chœur. Leurs tailloirs en biseau portent des palmettes. Les chapiteaux de l’absidiole nord sont modernes.

Dans l’abside est conservé un tabernacle à trois pans avec quatre figures d’angles, en bois naturel, du XVIIe s., sommé d’un Saint-Esprit. Un siège de célébrant, qui a été restauré, date de la même période. À l’entrée du croisillon nord est placée une grande Pietà du XViie s. en pierre, quelque peu mutilée.

L’état du chœur de l’église nécessitant des travaux urgents (couverture, charpente, maçonnerie), la Sauvegarde de l’Art français a accordé à la commune une aide de 22 867 € en 2001.

P. D-N.

Le projet en images