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Le petit village de Jouancy, au sommet d’une colline du Tonnerrois, est dominé par son château Renaissance. Citée en 1157 (Jovenciacum), la terre est en co-seigneurie du XIIIe au XVe s., relevant du bourg voisin de Noyers-sur-Serein. Elle devient seigneurie unique au profit des Damas, puis des Hedouard dont un membre – probablement Nicolas d’Hedouard – entreprit la reconstruction de l’actuel château dans la seconde moitié du XVIe siècle.

L’église, sous le vocable de La Nativité-de-Notre-Dame, fait face au château, à l’extrémité d’une grande place. Elle est composée d’une nef basse, d’un chœur plus élevé complété par une chapelle au nord, enfin d’un clocher accolé au côté sud.

On accède à l’ouest par un portail en plein cintre dont le tympan, fait d’une seule pierre, porte une simple croix en relief. Les piédroits sont couronnés par des impostes sculptées de motifs floraux (rosaces, palmettes …). Tous ces éléments semblent indiquer une date assez ancienne, de la fin du XIe s., ou d’un XIIe s. archaïque. Sept marches permettent de descendre dans la nef, vaisseau unique, aveugle – sauf une fenêtre percée tardivement au sud – et couverte d’une lourde voûte en arc brisé, faite comme dans d’autres églises icaunaises (Chassignelles, Sarry, Censy…) de lauzes posées en tas de charge.

Le chœur est une reconstruction de la deuxième moitié du XVe siècle. Ses deux travées, terminées par un chevet plat, sont couvertes de voûtes d’ogives à liernes, dont certaines en bois sont tombées, et dont les nervures prismatiques pénètrent directement dans les supports engagés. Le chœur est largement éclairé par des fenêtres à lancettes et remplages de la même époque. Au nord, s’ouvre une chapelle seigneuriale, d’une construction analogue, voûtée d’ogives à liernes qui retombent sur des consoles sculptées d’écus aujourd’hui lisses. Dans le mur nord, une belle porte à linteau droit et entablement décoré de losanges, bien caractéristique de la première Renaissance, permettait au seigneur d’accéder directement à cet espace réservé.

Du côté sud, une arcade, semble-t-il postérieure, donne accès à la base du clocher mitoyen, tour carrée voûtée d’ogives (fin XVe-XVIe s.) au rez-de-chaussée, percée de baies en arc surbaissé à l’étage et couverte d’un toit d’ardoises à quatre pentes.

Dans la partie orientale, des sondages récents laissent apercevoir sous des enduits postérieurs de nombreuses traces de peintures murales des XVIe et XVIIe s. (médaillon avec apôtre, grands arbres décoratifs, pots à feu…), évoquant bien la richesse colorée de ces édifices ruraux à l’architecture souvent modeste.

Les travaux ont permis des reprises à la charpente et à la couverture, la restauration du clocher ainsi que la pose d’un paratonnerre. La Sauvegarde de l’Art français y a participé en versant en 2005 la somme de 3 000 €.

Lydwine Saulnier-Pernuit

Bibliographie :

  1. Quantin, Répertoire archéologique du département de l’Yonne, Paris, 1868, col. 262.
  2. Pignard-Péguet, Histoire de l’Yonne, Paris, 1913, p. 907-908 (réimpr. : Histoire des communes de l’Yonne, 01960, Péronnas, 1998).

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