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La Vierge au Rosaire, aussi nommée Donation du Rosaire avec l’empereur Maximilien, est une huile sur toile d’auteur inconnu datant du XVIIème siècle. Classée au titre des Monuments historiques en 1979, ce tableau de taille imposante se trouve actuellement dans une des chapelles de l’église Saint-François au Havre. Une histoire pleine de mystères

L’église Saint-François, généralement datée de 1551 bien qu’achevée au XVIIème siècle, fut aménagée par le florentin Jérôme Bellarmato sur ordre du roi François Ier, peu de temps après la construction même de la ville du Havre en 1516. Malmenée par la Révolution française, l’église fut par la suite lourdement bombardée durant la Deuxième Guerre mondiale.

Mais dans cette histoire mouvementée, où se trouvait l’œuvre ? On n’en sait peu sur le parcours du tableau jusqu’au XIXème siècle. Sa présence dans l’église n’est en effet attestée qu’en 1851. De quelle façon l’œuvre est-elle alors parvenue dans l’église Saint-François, et quand ?

Le sujet du tableau pourrait apporter quelques réponses. Dédiée à Notre-Dame-de-la-Victoire, dite du rosaire, l’œuvre représente en effet la Vierge et l’Enfant, tendant chacun un rosaire vers saint Dominique et l’Empereur Maximilien Ier d’Allemagne, un souverain un temps fiancé à Anne de Bretagne. S’agirait-il alors d’une donation de la communauté bretonne, présente au Havre dans le quartier Saint-François, aussi dit « Quartier breton », depuis l’origine de la ville ? Le mystère reste entier.

Rivalité entre pouvoirs spirituels et temporels : le thème de cette remise du rosaire

Le tableau évoque donc la scène du rosaire, exercice de piété catholique dédié à la Vierge, qui consiste à réciter quatre chapelets d’oraisons. Bien que ce thème soit courant dans l’iconographie religieuse, la présence d’un souverain au pied de la Vierge est beaucoup plus rare. De fait, c’est le plus souvent sainte Catherine qui accompagne saint Dominique dans cette représentation.

Avec cette œuvre, nous assistons au contraire à une confrontation des pouvoirs spirituels et temporels, accentuée par la composition triangulaire du tableau. Dans la partie inférieure de la toile, la Terre des Hommes, les représentants de l’Eglise sont séparés des représentants de la société laïque et politique par la Vierge et l’Enfant, tous deux placés au centre des attentions, et du tableau.

À gauche, saint Dominique est reconnaissable aux attributs qu’on lui prête généralement, c’est à dire, le livre, la croix, le globe terrestre et bien sûr le chien tenant une torche enflammée. C’est le visage calme et souriant qu’il reçoit un chapelet des mains de la Vierge. À sa droite, l’empereur Maximilien Ier d’Allemagne semble lui réclamer anxieusement ce don : les deux mains tendues vers l’Enfant Jésus et le corps entièrement de profil. C’est donc une sorte de duel arbitré par le royaume céleste qui se dessine dans ce tableau.

Bien que l’on ne connaisse pas son auteur, cette œuvre démontre en tout cas une grande maîtrise artistique et technique. En effet, de savants jeux de lumière permettent de mettre en valeur les personnages secondaires de la toile. On remarque aussi les couleurs riches et profondes qui ont été utilisées, pour certaines restées vives malgré les altérations du temps. Enfin, les détails délicats, comme le geste gracieux de la Vierge ou encore les fleurs tenues doucement par l’Enfant, témoignent d’une grande finesse d’exécution.

Aujourd’hui, un tableau ayant grand besoin de restauration

En raison de sa localisation dans un édifice en proie aux problèmes d’humidité, les besoins de restauration du tableau sont importants. La toile, déformée et rongée par endroits, présente une perte de matière picturale liée aux conditions de conservation, mais également à l’intervention humaine. En effet, les armoiries de l’empereur Maximilien Ier, et en particulier les deux couronnes rappelant son statut, ont été volontairement effacées, peut-être lors de la Révolution française de 1789. Plus récemment, des travaux de restauration entrepris sur la maçonnerie de l’église ont également endommagées l’œuvre dont la partie supérieure est désormais couverte de coulures de chaux blanches.

Restauré, ce tableau pourrait non seulement retrouver son éclat d’origine mais également encourager une dynamique positive de restauration et d’engagement local dont l’ensemble des œuvres de l’église Saint-François, dont un Saint Thomas de Wachsmut, pourrait bénéficier.  Il s’agit d’un véritable enjeu pour le patrimoine havrais, en grande partie détruit par les bombardements de la Seconde Guerre mondiale.

 

Bibliographie

  • Auber, Lise. « Le Havre (canton I): Église Saint-François. » Juin 2009.
  • Froeschlé-Chopard, Marie-Hélène. « Le Rosaire: parole et image », Annales de Bretagne et des pays de l’Ouest, t. 98, n° 2, 147-160.
  • Lecomte, Jean-Baptiste. Messire de Clieu, les églises et le clergé de la ville du Havre-de-Grâce. Le Havre, 1851.

Projet mené par Anne-Laure Paquot, Alungoo Battogtokh, Maude Carton, Eve Devillers, Nicolas Juif,  étudiants à Sciences Po

Le projet en images

Peintre inconnu L’Apparition de la Vierge du Rosaire à saint Dominique et à l’empereur Maximilien Huile sur toile, XVIIème siècle Le Havre (Seine-Maritime)

Détail de l’oeuvre: Saint-Dominique