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Non loin de Cordes, Labarthe-Bleys (réunion de deux anciennes communautés) relève du diocèse d’Albi. Possession non de l’archevêque mais du chapitre, la cure de Bleys, avec son annexe de Marnaves, était jusqu’à la Révolution unie à la fonction de sous-chantre et ce dignitaire devait, pour que le service divin soit assuré, nommer et rémunérer un vicaire qui résidait sur place. Le village avait un seigneur laïque (la famille de Rabastens au XVIIe siècle). Bleys n’est aujourd’hui qu’un hameau de la commune, mais le cimetière qui entoure l’église est toujours utilisé (intéressantes sépultures du XIXe siècle). L’église est dédiée à saint Hilaire, père de l’église de Poitiers et son évêque au IVe s. qui s’est illustré dans la lutte contre l’arianisme : cette dédicace pourrait désigner une paroisse ancienne, fondée au haut Moyen Âge.

L’édifice qui est parvenu jusqu’à nous est assez modeste, mais représente un bon exemple d’édifice rural du Moyen Âge méridional, sans doute du XVe s., construit sans luxe mais avec soin. C’est une simple salle rectangulaire de 19 m sur 7,50 m, à chevet plat, divisée en trois travées carrées égales, voûtées sur croisées d’ogives. Deux chapelles latérales s’ouvrent symétriquement au nord et au sud de la travée médiane : plus basses que la nef et moins larges que la travée, elles forment une sorte de faux-transept et font partie, me semble-t-il, de la construction d’origine. À l’extérieur, l’édifice est rythmé par des contreforts au droit de chaque retombée d’ogives, perpendiculaires au mur en partie courante et obliques aux angles de la construction. Cette scansion du volume est aujourd’hui moins lisible, en raison de l’adjonction de la sacristie et d’un porche d’entrée au nord, d’un local annexe au sud, qui prolongent les volumes préexistants des chapelles. Le sanctuaire est éclairé par une petite rose ouverte dans le mur est, au remplage présentant un joli motif tournant composé de trois mouchettes. L’édifice d’origine, hormis les quelques adjonctions qui lui ont été faites, est cohérent et complet, et conservé dans son ensemble. Une toiture générale à deux versants, en tuiles rondes, le couvre, tandis qu’un clocher-mur, à trois arcades (2 et 1 ; il n’y a qu’une cloche de 1852), s’élève sur le mur ouest. Le porche est moderne, mais comporte un auvent porté par des piliers en bois, assujettis entre eux par des bois courbes dessinant des arcs, d’un effet pittoresque. La porte d’entrée de l’église s’ouvre sous un arc en anse de panier, au-dessus duquel, dans une petite niche (surmontée d’un blason bûché), on voit un crucifix en pierre, sans doute médiéval, mais très dégradé. À l’intérieur, on remarque que les arcs doubleaux, les ogives et les formerets retombent sur des piliers demi-cylindriques, dans lesquels ils pénétrent sans chapiteaux : détail qui pourrait le plus signer une construction du XVe siècle. Dans les chapelles et au fond de l’église, ces retombées se font sur des culots. L’intérieur de l’église présente une décoration peinte d’ensemble qui doit dater de la fin du XIXe s., médiévalisante : faux-appareil sur les murs, traitement coloré des nervures et des clés de voûte, fausses draperies dans la partie basse des murs du sanctuaire (correspondant peut-être à une campagne de travaux documentée de 1875). On remarque l’autel sud du XVIIIe s., le maître-autel et celui de la chapelle nord du XIXe (le maître-autel est néogothique en marbre gravé et doré, son tabernacle et son crucifix surmontés d’une flèche). La chaire paraît du XVIIIe s., tandis qu’un ensemble de statues « saint-sulpiciennes » (onze au total) donnent un charme suranné à l’ensemble.

Des travaux envisagés dès 2001 se proposent d’assainir l’église par un drainage périphérique, de reprendre les maçonneries des façades et du clocher, enfin d’effectuer des réparations à la charpente et à la couverture. Pour ce programme, la Sauvegarde de l’Art français a apporté 6000 €, versés en 2005.

 

Olivier Poisson

Le projet en images