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Église paroissiale Saint-Sulpice. Elle est située à une des sorties du village, non loin du château de la Dauge. Dédiée à saint Sulpice de Bourges, elle est signalée en 1212 comme prieuré-cure dépendant de l’abbaye de Déols. Au XIVe s. et aux suivants, le patronage appartenait à la prévôté d’Évaux, puis au chapitre de la Sainte-Chapelle de Riom à partir de 1731. Au XVIIIe s., la commanderie voisine des Chevaliers de Saint-Jean à Blaudeix participait à l’entretien de l’église. Au XIXe s., l’édifice a nécessité plusieurs réparations souvent pas très heureuses. Des peintures décoratives à l’intérieur et des vitraux ont été exécutés vers 1880.

L’église (longueur totale 24 m) comprend une nef unique de quatre travées, la dernière tenant lieu de chœur à chevet plat. Elles sont couvertes de voûtes d’ogives quadripartites. Les nervures sont profilées d’un tore bien dégagé par des cavets. Elles retombent sur des colonnettes simplement adossées au mur et coiffées de chapiteaux sculptés. Mais la première travée se distingue des suivantes par un traitement différent. Elle est séparée de la seconde par un solide doubleau plat de profil rectangulaire, tandis que les doubleaux des travées suivantes sont semblables aux branches des ogives. En outre, ce doubleau retombe sur des colonnes engagées dans un dosseret. Aucun archaïsme cependant dans cette composition : les colonnes sont amincies en amande, dans le même style que le reste de l’édifice. Il est évident qu’on a voulu assurer la stabilité de cette première travée surmontée, comme d’habitude, par le clocher. Modeste clocher en charpente, certes, mais soumis aux ébranlements du vent. Un trou de cloche est ménagé à l’intersection des ogives et un escalier est réservé, afin de desservir le clocher, dans un gros contrefort plaqué contre l’angle nord-ouest de la façade. D’étroites et longues fenêtres, largement ébrasées à l’intérieur, sont percées au sud dans la troisième et la quatrième travées, au nord dans la première et la quatrième. Une seule baie identique éclaire l’axe du chevet.

Les supports composés de la première travée vers l’est bénéficient de chapiteaux rectangulaires et de ressauts sculptés de feuillages et de masques. Les colonnettes engagées des autres travées se contentent de chapiteaux demi-octogonaux ornés de crochets ou de feuilles d’eau d’une belle facture. La clef de voûte de la seconde travée est décorée d’une torsade entourant un quintefeuille.

L’accès principal de l’église se fait, comme souvent, du côté sud, dans la deuxième travée. Une chapelle peu profonde, éclairée de deux baies et voûtée d’un court berceau, a été ouverte tardivement au nord dans la seconde travée ; elle est consacrée actuellement à la Vierge. De même une petite sacristie a été appliquée contre le chevet plat du côté nord.

À l’extérieur, la sobriété de l’édifice ne laisse guère deviner l’élégance de sa structure intérieure. La façade est sévère. C’est un simple mur monté en moyen appareil régulier. Il offre à la base une petite porte en cintre brisé dont les piédroits rectangulaires sont munis de courts chapiteaux-frises  à feuillages schématiques. Au-dessus du cordon qui couronne le premier niveau, le pignon porte la trace de réfections maladroites et montre une petite fenêtre rectangulaire tardive. Le clocher coiffe la première travée : il est carré, en charpente, surmonté d’une flèche prismatique à base octogonale. Il était couvert, jadis, de bardeaux de châtaignier. Les cloches portent les dates de 1864 et 1865. Sur le mur nord, on remarque une petite porte murée et un sarcophage de pierre réutilisé dans la maçonnerie. L’élévation sud est privilégiée grâce à son portail « limousin » en cintre fortement brisé, sans tympan. Les ressauts de son archivolte à boudins retombent sur des colonnettes réunies par des chapiteaux-frises ornés de crochets, de feuilles d’eau, d’un masque et de trois petits personnages. Il était abrité autrefois par un auvent. Les longues baies au tracé aigu qui éclairent les travées, sauf sous le clocher, sont aussi caractéristiques de la région et de l’époque. Plusieurs contreforts plus puissants ont été substitués à la fin du Moyen Âge ou plus tardivement aux minces contreforts d’origine, en raison du déversement des murs gouttereaux qui ont provoqué à plusieurs reprises des fissures dans les voûtes (notamment en 1896). Cependant la corniche qui règne au sommet des murs gouttereaux est restée à peu près en place. Elle est supportée par des modillons sculptés d’animaux et de masques  hérités de la tradition romane.

L’église de Ladapeyre est un exemple typique, bien conservé, d’église rurale du Haut-Limousin et de la Marche ; on peut la rapprocher de celle de Pontarion. La qualité de ses divers éléments incite à la situer à l’extrême fin du XIIIe siècle. À signaler à l’intérieur : un retable en bois du XVIIe s. (cl. M.H.).

La Sauvegarde de l’Art français a dégagé en 2002 une subvention de 30 000 € pour diverses reprises des maçonneries extérieures, la couverture en bardeaux du clocher et celle de la nef en tuiles plates de pays, qui est établie sur un comble en charpente (refait en 1930) et qui est attestée dès le XVIIIe siècle.

J. Th.

 

Bibliographie :

M. Dayras, « Ladapeyre : l’église », Mémoires de la Société des sciences naturelles et archéologiques de la Creuse, t. 25, 1931, p. 87-90.

L. Lacrocq, Les églises de France. Creuse, Paris, 1934, p. 84-85.

Cl. Andrault-Schmitt, Limousin gothique, les édifices religieux, Paris, 1997 (Les monuments de la France gothique), p. 208-209.

 

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