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L’ÉGLISE SAINT-AIGNAN est située dans le village de Lagruère, non loin de la rive gauche de la Garonne, sur l’emplacement d’une vaste villa gallo-romaine. Il est fait mention de la paroisse entre 1247 et 1262 dans le recueil des bulles de restitutions de dîmes à l’évêque d’Agen (parrochia Sancti Anhiani de la Gruera), donc antérieurement à la création de la bastide par le roi d’Angleterre en 1289, d’où sa position quelque peu excentrée par rapport à la trame urbaine qui se développe à partir de la fin du XIIIe siècle. La paroisse, placée sous le patronage de saint Aignan (évêque d’Orléans au milieu du Ve s.), a été jusqu’à la Révolution une annexe de celle du Mas-d’Agenais. L’archiprêtre du Mas-d’Agenais, qui en était le curé, nommait pour Lagruère un vicaire chargé d’y assurer les célébrations et l’administration des sacrements.

L’édifice, long de 22 m, est construit sur un plan à nef unique, lambrissée, avec une abside axiale voûtée en cul-de-four, qui pourrait être contemporaine de la création de la bastide (1289) avec son arc triomphal ogival. En revanche, les chapiteaux qui l’entourent sont manifestement plus tardifs (fin du XVe ou XVIe s.), ce qui suggère une reconstruction du couvrement de l’abside à cette période.

La nef porte la trace de plusieurs strates de construction, les surélévations successives pouvant se lire sur le pignon ouest, avec changement de maçonnerie à 8 m de hauteur environ. Ce pignon est surmonté d’un clocher-mur triangulaire, où deux baies symétriques, sous la baie centrale actuelle, peuvent être interprétées comme d’anciennes baies campanaires.

Intérieurement, le lambris de couverture de la nef, les ouvertures et le dallage, qui ne sont pas mentionnés lors de la visite de l’édifice en 1690, pourraient dater du début du XVIIIe siècle. De cette époque pourrait également dater le ciel étoilé peint sur ce lambris.

Le creusement du canal latéral à la Garonne entre 1838 et 1856 a entraîné la création d’un talus à forte déclivité passant entre la Garonne et l’église, au voisinage immédiat de cette dernière. Depuis lors, ce talus ne cesse de s’éroder, fragilisant les fondations de l’édifice, les premières dégradations étant signalées dès 1873. Malgré les travaux de consolidation ponctuellement réalisés depuis la fin du XIXe s., l’ensemble se présentait dans un mauvais état général, avec de grandes fissures verticales sur les murs, une déformation du faîtage et l’apparition de gouttières à plusieurs endroits. Les travaux récemment réalisés ont permis de conforter le talus pour contrer durablement le glissement progressif du terrain vers le canal et de restaurer la couverture de la nef, ainsi que le réseau d’écoulement des eaux pluviales.

La Sauvegarde de l’Art français a accordé une aide de 5 000 € en 2013.

Stéphane Capot

 

Arch. dép. Lot-et-Garonne, G/C 1 : bulles de restitution des dîmes à l’évêque d’Agen Guillaume II, 1247-1262 ; 18 J 20, p. 83-89 : notice manuscrite du chanoine Durengues sur la paroisse de Lagruère.

J. Lépargneur, « L’église de Lagruère et le canal latéral », Revue de l’Agenais, t. 89, 1963, p. 357-358.

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