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La chapelle de Locmaria-er-Höet, à 2,5 km à l’est du bourg, a été inscrite sur l’Inventaire Supplémentaire des Monuments historiques dès 1925 ; elle n’a pas fini de livrer ses secrets, notamment grâce aux travaux réalisés, depuis 2008, sous la maîtrise d’œuvre de Léo Goas-Straaijer, architecte du Patrimoine, et la maîtrise d’ouvrage de la commune et de l’association de protection. Située sur le passage de nombreux pèlerinages, dont ceux de Sainte-Anne d’Auray, elle trouve sans doute son origine dans une fondation d’une famille proche des Dreux, ducs de Bretagne, ou dans celle d’une abbaye, non identifiée à ce jour.

Une nef du XIIe s., allongée ou remaniée en 1638, ainsi qu’un chevet agrandi, témoignent, avec la chapelle latérale, de phases de construction successives. Le transept et le chœur peuvent être datés des XIVe-XVIe siècles ; le chevet est éclairé d’une grande verrière rayonnante. La dernière phase de construction se situerait au XIXe siècle. Cependant  l’histoire de l’édifice reste mal connue. Son riche mobilier est composé de nombreuses statues et meubles qui témoignent d’aménagements successifs, dont un Christ du XVe s., retrouvé dans les combles de la charpente dans les années 1990. Ce crucifix provient sans doute d’un don effectué par une famille noble, dont les armes figuraient, aux côtés de celle des ducs, sur la partie sommitale du vitrail du chevet. Si certains historiens, au XIXes., ont considéré qu’il s’agissait là de l’époque de la construction de cette chapelle, la récente découverte d’un grand décor peint et une analyse rigoureuse de la charpente par Leo Goas-Straaijer permettent désormais une datation plus ancienne, en lien avec les chapiteaux de la croisée du transept.

Ainsi cette chapelle pourrait-elle trouver ses origines dans un premier édifice, dans la lignée des églises de Locmariaquer ou de Brech. Sans parler pour autant de « roman tardif breton », cette chapelle était dans sa phase première, un lieu de dévotion mariale, sans doute de dimensions plus modestes, succédant (mais c’est souvent le cas en Bretagne) à un édifice du haut Moyen Âge. Toutefois aucune analyse archéologique n’est venue confirmer cette hypothèse. Dans un second temps, le décor peint aurait été réalisé à la croisée du transept, sur chacun des arcs de voûte. Le Christ en Majesté peint sur le mur-pignon ouest de la croisée s’inscrit parfaitement dans la stylistique de la fin du XIIIe et du début du XIVe siècle. Il est, en l’état, l’un des plus anciens vestiges de décor peint en Bretagne, s’inspirant des courants artistiques de l’Europe médiévale auxquels les ducs d’origine capétienne avaient inséré leur territoire.

Au regard de l’étude menée par l’architecte, le chevet aurait été agrandi vers la fin du XVe s. et le début du XVIe, entraînant une reprise importante de la charpente, dont la polychromie a été aujourd’hui restituée.

Ainsi, ces travaux ont permis de remettre en lumière un important édifice qui témoigne de différentes modifications tout au long du Moyen âge. Si la restauration et le décryptage complet du décor peint restent à achever, il s’agit de la renaissance d’un édifice majeur du patrimoine morbihannais.

Pour la restauration de la couverture et de la charpente de la nef, la Sauvegarde de l’Art français a accordé un don de 5 000 € en 2010.

Diego Mens

 

Le projet en images