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Église Sainte-Béatrice (anciennement Saint-Pierre). Précédée d’une courte allée d’arbres, surmontée d’un clocher gracile, implanté au XIXe s. sur l’un des contreforts de son flanc nord, l’église de Landrais est un exemple de petite église rurale au plan très simple (nef unique et chevet plat), de dimensions modestes, qui a conservé ses bancs traditionnels et qui reflète néanmoins une histoire assez significative.

S’il est probable que la paroisse fut fondée au XIIe s., en concurrence peut-être avec une église Saint-Jean-du-Breuil, aujourd’hui disparue, les parties les plus anciennes de l’édifice actuel, c’est-à-dire le portail et l’essentiel des murs du chevet, ne sont pas antérieures à la fin du XIIIe s. voire même au début du siècle suivant. Le tracé de l’arc brisé du portail, à la modénature très simple, est à rapprocher de celui de la crédence, visible à la droite de l’autel.

Il est probable que l’église fut ruinée au cours des guerres religieuses du XVIe s. et laissée à l’état d’abandon durant une bonne partie du siècle suivant. La restauration du culte catholique dans toute la région, commencée après la prise de La Rochelle par les troupes royales en 1628, fut en fait très lente. Ce n’est qu’en 1685, après la Révocation de l’Édit de Nantes, que le marquis Jacques de Culant, seigneur de Landrais, abjura le protestantisme et fut par la suite enseveli dans l’église (toute trace de sa sépulture a malheureusement disparu sous le malencontreux sol de ciment mis en place il y a quelques décennies).

L’église avait probablement été déjà réparée : peut-être est-ce alors que l’on avait percé, dans la façade, de part et d’autre du portail, deux fenêtres ; une autre fenêtre vint, du côté sud, éclairer le chœur ; le mur nord de la nef avait été sommairement remonté, conservant la trace, dans sa partie la plus occidentale, d’un arc surbaissé qui pourrait correspondre à l’entrée d’une chapelle annexe disparue, plutôt qu’à une entrée secondaire. Du côté nord, on jugea nécessaire de doubler intérieurement le mur subsistant par un mur, de facture semble-t-il assez médiocre, et cette juxtaposition, en dépit de réparations en 1857, favorisa des désordres et des infiltrations mettant en péril le couvrement de la nef simplement charpentée.

Sous Louis XIV, le curé François de Nicolaï, qui disposait semble-t-il de moyens importants, construisit non seulement un presbytère et une sacristie, mais dota son église d’un magnifique retable en pierre qui entraîna l’occultation partielle de la fenêtre d’axe. Ce retable fut réalisé entre 1663 et 1686 et occupe pratiquement la totalité du mur oriental de l’église : au-dessus d’une niche centrale encadrée par quatre colonnes, dont celles du centre sont d’ordre « salomonique » (c’est-à-dire torses et couvertes de rinceaux), se développe un imposant entablement surmonté d’un fronton central. La colombe du Saint-Esprit y est figurée dans une couronne de feuillage ; des angelots et des vases de fleurs l’encadrent ; aux extrémités des rampants qui flanquent la partie centrale de ce retable, des socles portent les statues de saint Pierre et de saint Paul. Dans la niche centrale une statue de sainte Béatrice est venue remplacer au XIXe s. la statue d’origine, probablement celle de la Vierge. Il faut noter que dans les rinceaux qui ornent la colonne de droite, on peut voir un petit personnage en train de vendanger : plutôt qu’un « portrait » du curé donateur (le costume paraît celui d’un laïc), il faut sans doute y voir une allusion à l’activité viticole qui jusqu’à la fin du XIXs. constituait la principale activité de la paroisse.

Même si la polychromie de ce retable a été rénovée à une date assez récente, sa qualité, et sa rareté dans cette région de l’Aunis justifiaient que la Sauvegarde contribue à la restauration de la charpente et de la maçonnerie de l’église de Landrais pour une somme de 5 000 € en 2016.

Jean-René Gaborit

 

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